Il était tôt ce matin-là quand je croisais une dame aux épaules voutées par le poids des années qui marchait lentement en tenant
par la main des sacs chargés de commissions.
Je ne l’avais jamais vu auparavant. Elle était élégante et ses cheveux argentés relevés en chignon dégageait un visage marqué par les rides du temps et de la vie qui passe. Elle paraissait vulnérable et si attendrissante que je décidais de lui parler.
– Veuillez m’excuser mais je pourrais vous aider si vous le voulez ?
Surprise, elle mit un temps d’arrêt avant de me répondre.
– Ah ! merci. J’habite cet immeuble tout en face.
– Moi, aussi.
– Je ne vous ai jamais vu avant
– C’est normal, je me suis installée ici, il y a quelques jours seulement.
Arrivée à l’étage, elle me fit entrer dans son deux pièces, très coquet, où elle était arrivée quelques mois auparavant.
L’appartement, très bien entretenu, était marqué par l’histoire et des meubles d’un autre temps apportaient une âme de noblesse à la pièce.
Elle posa une bouteille de jus de fruit, tira une chaise et m’invita à m’asseoir. Elle
s’asseya face à moi et sans me connaître donna libre cours à son état d’âme.
Elle exorcisa sa souffrance marquée par une solitude extrême qui la rongeait.
Je comprenais que la vie ne l’avait pas épargnée mais malgré tout, le souvenir de son passé lui redonna la force de sourire.
Elle m’avoua qu’elle sortait très peu car elle subissait souvent les préjugés des jeunes du quartier en raison de sa façon d’être et de son âge ce qui lui apportait de l’angoisse dès qu’elle quittait son appartement.
Puis, elle se confia au sujet d’un homme qu’elle devait épouser et de qui elle avait repoussé les avances pour pouvoir s’occuper de ses parents.
Elle rajouta avec amertume :
– Je ne sais pas pourquoi je vous dis tout ça et puis ça remonte à si longtemps. Je me demande souvent ce qu’il est devenu. Enfin, c’est comme ça, c’est le destin, tant pis ….