RENCONTRE IMPROBABLE
Il était encore tôt ce matin-là, lorsque je me décidais à ouvrir
les volets de la chambre.
Le nez collé à la fenêtre, je me mis alors à observer les ruelles
de cette ville au réveil si hétéroclites et remplies d’incohérence
qui pouvaient en un clin d’œil passer de l’ombre si obscure à la
couleur vive de la lumière du temps.
Le jour se levait à peine et déjà des voix fusaient des terrasses
de café environnantes qui se remplissaient peu à peu.
Au-dessus des toitures, une valse de mouettes tournoyaient
en faisant un bruit épouvantable.
Je décidais de sortir pour aller m’installer à la terrasse du café du port.
Contrairement aux autres jours, le bar n’était pas très animé.
Seule une dame entourée d’une petite marmaille d’enfants, était
assise à une table près du comptoir.
Son fort accent m’interpella.
Je ne sais pour qu’elle raison, je me mis à la détailler.
Malgré son jeune âge, elle portait une tenue sobre qui ne la mettait pas en valeur. Sa belle chevelure claire qui était montée en chignon faisait
ressortir son teint lumineux et des traits d’une insolente sensualité
qui renvoyaient une force de séduction dont elle ne devait certainement
pas être consciente.
C’était évident, son apparence ne trompait pas, elle venait d’un autre horizon.
Elle avait dû fuir son pays, et être arrachée à ses racines pour aller tisser une nouvelle vie ailleurs, loin des siens pour s’affranchir de l’ochlocrathie de son pays.
– Se sont vos enfants ? lui dis-je
Elle me regarda avec étonnement et un frêle sourire inonda son visage. Puis, elle acquiesça de la tête.
Je comprenais parfaitement son comportement. Cette femme avait dû être
élevée avec le culte du silence et gardait pudiquement une réserve en vivant
dans une permanente discrétion.
– Ils sont bien élevés !
– Merci me dit elle.
Je les regardais. Ils paraissaient heureux. Ils n’avaient rien perdu de leur langue maternelle et malgré leur jeunesse, ils devaient connaître tous les syncrétismes qui faisaient partie intégrante de leur philosophie.
Je ne sais pourquoi mais tout à coup, je me retrouvais démunie devant ces êtres que je n’aurais jamais pensés rencontré si le destin n’en avait pas décidé ainsi.
Une famille qui du jour au lendemain avait dû tout abandonner pour pouvoir vivre en paix.
– Vous vivez où ? Lui demandais-je
– Dans un foyer mais il n’y a pas de cuisine.
De sa voix douce, elle ajouta :
– Bientôt, on va avoir un logement.
Elle parlait et la souffrance était là, transcrite comme une évidence sur son beau visage marqué par la lassitude et la fatigue
Sous ses yeux tristes et si fragiles soulignés au simple crayon noir, sur ses lèvres gercées qui avaient dues souvent tremblées de peur et de colère, sur son corps rendu impuissant par les menaces, j’apprendrais plus tard qu’elle avait réussi à trouver l’apaisement et la force de pouvoir refaire surface grâce à ses enfants.
Coincée entre deux mondes et deux cultures, elle conservait son dialecte pour qu’il reste toujours vivant. C’était sa résolution et une évidence, ne jamais renoncer.
Au fil du temps, cette femme courage devint mon amie.
C’est en pensant à elle que je me souvins de ce que Einstein disait :
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font du mal mais par ceux qui le regardent sans rien faire ».
Superbe !
@Curly Mc Hado Merci, je suis très touchée
Cool. Vous avez prévu une suite ? Bien à vous .
@Bam Bam Oui 🙂 vous la trouverez sur mon profil. Merci!
Ah ok , j’avais pas regardé ( oups ) je vais lire cela.merci à vous.
merci pour ce joli moment. ^^
@Nocta Lis Merci à vous 🙂
@Bam Bam je publierais la suite prochainement. Encore merci
Bravo @Liza,
Le Pen est ajouté au concours !
@contact Merci
La citation finale est une de mes préférées.
Bien écrit, de beaux passages, mais tu gagnerais à améliorer la présentation, surtout au niveau des passages à la ligne qui se font au mauvais endroit.
Il y a un "se sont" à transformer en "ce sont" et d’autres broutilles.