Après cette lecture, ne chercher en aucun cas de pratiquer l’exploration urbaine, qui est une activité dangereuse, interdite et a coûté la vie à plus d’une personne. Ne reproduis en aucun cas cela de ton côté si tu n’es pas prêt à en subir les conséquences, à la fois psychologiques et physiques.
*~*~*~*
– Mademoiselle ? Mademoiselle Anne, réveillez-vous ! Vous allez être en retard !
Une main me secoue l’épaule, et alors que je me réveille, ma domestique me ramène mon thé.
– Quel est mon programme pour aujourd’hui ? Et… Ai-je parlé pendant mon sommeil ? Balbutiai-je encore endormie
– Vous avez encore un rendez-vous avec monsieur Richard, suivi d’une visite chez les parents d’Alice. Ensuite vous serez libre jusqu’à ce soir. Et oui mademoiselle, vous avez encore parlé.
Cela m’arrive de plus en plus fréquemment, depuis la disparition d’Alice, ma plus chère amie. Une disparition, dont je suis la seule responsable…
Ma servante finit de m’habiller avec ma tenue de jour qui contenait un corset avec des manches courtes, une jupe et un chapeau, le tout bleu à rayure jaune. Mère entre dans ma chambre, elle veut savoir comment je vais. Elle se rappelle que c’est aujourd’hui, l’anniversaire du départ d’Alice. Nous sommes le 15 août 1921 et cela fait déjà un an qu’elle n’est plus à mes côtés.
Une fois le petit déjeuner englouti, je suis partie pour le commissariat, là où m’attend le commissaire Richard et l’officier Marchal, le duo inséparable de la ville. Comme à chaque fois, ils me posent des tonnes de questions auxquelles j’essaye tant bien que mal de répondre. «Quand est-ce que vous aviez vu Alice la dernière fois ?» Ou encore «Où est-ce que vous vous êtes rendue ensemble ?». C’est toujours long et ennuyeux… Je sais que je ne suis pas très utile à leurs yeux. Je ne suis qu’une jeune fille de 17 ans après tout.
Après deux bonnes heures d’entretien, ils me libèrent. Il est temps pour moi de passer voir Irène et Henry, les parents d’Alice. Ils ont toujours été gentils avec moi et ils me considèrent comme un membre à part entière de leur famille. Ils m’accueillent à bras ouverts, même s’il n’y a plus la même ambiance qu’avant dans cette maison.
Une fois le goûter fini, j’ai toute l’après-midi de libre, alors je décide de me promener au Touquet, sans but précis.
Je suis dans mes pensées, je ne peux réfléchir qu’aux évènements qui se sont déroulés il y a un an, jour pour jour…
*~*~*
C’était une matinée banale, j’étais partie pour aller au marché et acheter ce qu’il fallait pour mes futures robes et pour les cuisinières. Le soleil tapait dans le ciel, les jours étaient plus longs, la chaleur était omniprésente… C’était l’été ! Depuis toute petite, cette saison me fascinait, c’était mon moment préféré.
Ce jour-là, je devais rejoindre Alice car elle avait selon ses propos « quelque chose de très important à me dire ». C’était la plupart du temps sur des ragots ou sur des garçons, mais ça m’amusait de la voir autant s’investir dans ses activités.
Je marchais assez rapidement vers le marché, et en moins de cinq minutes, j’étais devant les étalages. J’avais fait le tour de la foire en quête de mon amie, mais je ne la voyais pas, alors j’étais partie m’acheter ce dont j’avais besoin. Je parlais avec le fromager, il était très gentil et amical ! Et, soudain, deux mains étaient venues se poser sur mes yeux !
– Qui est-ce ? M’avait demandé la voix qui venait de derrière
– Alice ! Ce n’est pas drôle ! Tu sais très bien que je n’aime pas quand tu fais ça ! Avais-je dit, tout en retirant ses mains.
– Ahah ! Ta réaction était si drôle! Tu aurais dû voir ta tête ! Avait-elle répliqué, en se tordant de rire
– Pff… Bon, que voulais-tu me dire ? Avais-je soupiré
– Viens !
Elle m’avait pris par le bras et m’avait emmené dans un endroit à l’abris des regards, dans des buissons.
– Ce matin, je suis allée me balader dans le centre-ville…et j’y ai vu un magnifique château. Je crois que c’est le château Daloz ! Il est immense et recouvert de lierre, de mousses et de moisissures. Je m’y suis approchée et j’ai vu qu’il était abandonné… Comme ce que disent les rumeurs !
– Et alors ? Avais-je demandé.
– Tu ne m’avais pas dit que tu rêvais de visiter un lieu abandonné un jour ? Avait demandé Alice, en arquant un sourcil.
– Tu…tu es sûr qu’il n’y a pas de risques ? Et as-tu au moins regardé si la propriété était privée ou appartenait à l’état ? Normalement, il y a un panneau devant pour le préciser. Avais-je dit en chuchotant
– Il n’y avait rien ! Donc logiquement, il n’y a aucun risque. Avait-elle dit pour me rassurer.
– D’accord… Vu que ce soir, c’est la nouvelle lune …pourquoi ne pas y aller ? L’ambiance y sera parfaite ! Lui ai-je répondu, mon petit sourire en coin.
– Oui ! On se rejoindra ici. Je me souviens avoir vu un livre sur les lieux abandonnés, qui se trouvait à la bibliothèque. Il mentionnait qu’il fallait un partenaire, des lampes de poche, des bonnes chaussures et une trousse de secours… Normalement, on a tout chez nous ! Avait-elle dit, toute émoustillée.
– D’accord ! On se retrouve à dix-neuf heures ici… Ça te va ?
– Oui et… Je ramènerais une petite surprise ! M’avait-elle dit en me faisant un clin d’œil.
On s’était fait la bise et puis nous étions reparties chacune de notre côté.
Vers dix-huit heures trente, j’avais demandé à Elizabeth, ma domestique de dire à père et mère que je rentrerais tard. Dans tous les cas c’était les vacances et je pouvais faire ce que je voulais, donc j’étais sûre de pouvoir y aller.
À dix-neuf heures moins dix, j’avais enfilé mes meilleures chaussures et j’avais pris tout le matériel que j’avais pu trouver chez moi. J’étais motivée et impatiente de découvrir un lieu certainement chargé d’Histoire. Quand je fus sortie, le vent chaud me fouetta le visage et je pu apercevoir quelques enfants qui sillonnaient encore les rues pour fêter l’été.
Quand la mairie était dans mon champs de vision, j’ai pu constater que la rue était déserte et toutes les boutiques étaient fermées. J’avais rejoint la cachette, où Alice m’attendait déjà, avec un des sacs de sa mère sur l’épaule droite et une boîte dans les mains.
– Alors ? Tu as tout, c’est bon ? me demandait-elle en chuchotant.
– Oui chef ! Avais-je répondu en posant ma main sur mon front, comme les militaires.
– Haha…très drôle… Regarde ce que j’ai pris ! Me dit-elle en me montrant le paquet avec marquer dessus « Planche Ouija – invoquez les esprits »
– Euh tu sais que je ne crois pas aux esprits ?
– Oh aller ! Juste pour rire ! Et puis je sais que ça ne marche pas, c’est vendu sur le marché légal. Bon, suis-moi !
Nous avions marché pendant quelques minutes, en passant devant plusieurs parcs, maisons et magasins. Quand nous étions arrivées, les alentours étaient déserts ; ni passants curieux, ni voitures en marche. Ça m’avait rassurée car, nous ne pouvions pas être dérangées mais… Si quelque chose de dangereux nous arrivait ? Alice se tourna vivement vers moi :
– Tu as peur ? Toi, la fille qui rigole devant des films d’horreur et qui adore les livres terrifiants ? Avait-elle dit, en levant un sourcil.
– N’importe quoi ! Je réfléchissais… C’est tout…
– Mouais… Trouillarde !
J’avais ignoré sa remarque et j’avais fait le tour de la bâtisse, pour trouver une entrée. Elle était comme elle me l’avait décrite. Tout était fermé et des planches de bois recouvraient les portes. Dans la cour arrière, un seul accès n’était pas barricadé. J’avais tourné la poignée et le passage s’était ouvert. Je trouvais ça bizarre qu’il n’en reste qu’un seul d’ouvert, mais c’était peut-être un oubli des anciens propriétaires.
J’étais retournée voir Alice et je lui avais montré la porte. Nous avions ensuite allumés nos lampes et nous étions rentrées dans le manoir. Tout était poussiéreux et des araignées avaient fait leurs toiles un peu partout.
– C’est magnifique ! Avais-je murmuré
– Euh… On n’a pas la même définition de ‘‘ magnifique’’… Avait-elle répondu, en affichant une tête dégoutée.
– Pff… Je trouve l’ambiance particulièrement pesante… J’adore ! Je suis dans mon élément. Lui avais-je dis, sur un ton moqueur.
Nous avions continué à explorer les salles pendant des heures. Les salles de bains, les chambres, les cuisines, les salons et pleins d’autres pièces magiques. Nous avions passés toutes les salles au peigne fin.
Vers vingt-trois heures, nous nous étions installées dans ce qui devait être avant une chambre de petite fille, avec les poupées en porcelaine qui nous fixaient de leurs regards vides, les berceaux remplis de poussière, les maisons de poupées et les décorations roses, qui s’étaient délavées avec le temps. Nous nous étions assises en tailleur au centre de la pièce, sur un vieux tapis puis nous avions sorti la planche avec ce qui devait être la « goutte » comme marquée sur la boîte. Nous lisions les instructions.
Règles à suivre :
1. Ne jamais jouer seul
2. Toujours porter un objet en argent sur vous
3. Toujours dire au revoir à l’esprit en fin de séance
4. Ne jamais croire totalement à ce que dit le plateau
5. Toujours respecter le ou les esprits qui communique(nt) avec vous
6. Ne jamais poser de question sur Dieu
7. Ne jamais demander quand quelqu’un va mourir
8. Ne jamais demander où se trouve un trésor caché
9. Et surtout vous dire que ce n’est peut-être qu’un jeu
Explication de certaines des règles :
2. L’argent est utilisé dans l’exorcisme pour enlever les esprits du corps d’une personne ou pour faire peur à l’esprit.
5. Il faut en effet les respecter car si ce sont de mauvais esprits ils peuvent vous faire du mal…même vous tuer !
7. Cela comporte un énorme risque, demander la date de la mort de quelqu’un ou de vous-même et peux la rapprocher, ou faire mourir un de vos proches
– Je porte une bague en argent ! dis-je d’un ton rassurant.
– Allez ! Commençons ! m’avait répondu Alice, dans un cri d’excitation
– Attends ! On doit se promettre de ne pas faire exprès de bouger la goutte, de ne pas manquer de respect et de ne pas demander la date de mort !
Après avoir promis mutuellement ces trois conditions, nous avions posé nos doigts sur la goutte et nous avions dit : ‘‘esprit qui hante cet endroit, est ce que tu nous entends ? Si la réponse est oui, manifeste ta présence et bouge l’oracle vers le « oui »’’. C’était une phrase typique des romans horrifiques que je lisais.
Au bout de quelques instants, qui parurent une éternité, la goutte avait avancé lentement mais sûrement vers le ‘‘oui ’’. J’avais regardé mon amie, qui me regardait, tout aussi choquée que moi.
– C’est…c’est toi qui l’a bougé ? Me demanda-t-elle
– N-Non ! Et j’imagine que ce n’est pas toi non plus ?! E-Esprit… Peux-tu nous dire ton nom s’il te plait ?
La goutte s’était remise à bouger mais… Elle ne faisait que d’aller sur le ‘‘M’’ et le ‘‘A’’
– Ton nom est-il…Mama ? Avais-je demandé, hésitante et paniquée.
De nouveau, la goutte s’était déplacée vers le ‘‘oui’’. Dans mes livres d’horreur préférés, ils était souvent mentionné le nom de Mama… Je craignais le pire car d’après mes lectures, c’était un démon ! Je m’étais tournée vers Alice, et elle commençait à rigoler. Avec son pire accent africain, elle commença à dire :
– Mama l’africaine ! Haha… Mamadou hahaha!
Je n’avais pas pu m’empêcher d’exploser de rire et je m’étais effondrée au sol, tellement son imitation était hilarante. Mais, quand je n’eus plus de souffle et que j’avais arrêté de rire, je m’étais rendue compte qu’Alice ne riait plus également… Je l’avais regardée et… Ce que j’avais vu m’avait choquée… Elle ne souriait plus ; sa bouche était grande ouverte et de la bave en sortait, ses yeux n’étaient plus ambrés mais blancs, des larmes de sang coulaient de ses yeux et elle convulsait.
À ce moment, j’étais complètement paniquée, je voulais courir pour ne plus voir cette horreur…mais j’étais paralysée ! Pendant que je réfléchissais à comment faire pour la ramener à elle, un son s’était élevé de son corps, une voix grave mais lointaine, terrifiante mais envoutante. Elle ne faisait que répéter : « Quod nomen mihi est?! … Quel est mon nom ?!… Quod nomen mihi est?! … ».
Avec une force monumentale, j’avais réussi à me lever et je m’étais précipitée vers ma camarade. Je l’avais secouée et petit à petit, elle revenait à elle !
– Quittons cette endroit maudit ! Avais-je crié
– Oui au plus vite ! Sanglotait Alice
Nous étions en train de sortir et les ténèbres nous rattrapaient. Nous avions essayé de courir le plus vite possible, mais quand nous étions arrivées à la fin des escaliers, Alice avait trébuché sur quelque chose et, en une fraction de seconde, elle avait été engloutie par Elle… Par Mama !
J’étais dans un profond dilemme : essayer de la sauver mais risquer de mourir ou me sauver et la sacrifier. J’avais choisi l’option qui m’était la plus favorable, car dans ce genre de situation, c’est chacun pour soi, que l’on soit amis ou ennemis. L’instinct de survie s’éveille.
Je courais sans me retourner, et j’entendais Alice me suppliant de revenir l’aider, de ne pas la laisser. Mais je ne pouvais pas ! Je ne voulais plus entendre ses cris, je m’étais alors bouchée les oreilles. Plus je courais, plus je pleurais à chaude larmes. Au bout de quelques minutes de course, je ne sentais plus cette aura menaçante sur moi. J’en avais conclus que ce démon m’avait laissé tranquille et avait eu ce qu’il voulait.
A chaque pas que je faisais, je m’en voulais de plus en plus. C’était de ma faute ! Comment avais-je pu ruiner la vie d’une personne… Que j’aimais ?
Aussitôt avais-je refermé la porte de ma maison que mes parents étaient venus dans l’entrée pour m’accueillir, ce qui était très rare. Souvent, ils étaient trop occupés. Dès qu’ils virent que j’étais en état de choc, ils me demandèrent ce qu’il s’était passé. Au début j’étais muette, puis je leurs avaient racontés. A la fin de mon récit, ils ne voulaient pas me croire. Mais quand le lendemain matin, le commissaire et l’officier, accompagné d’Irène et de Henry avaient sonné chez nous pour nous dire qu’Alice n’était pas rentrée, ils étaient obligés de me croire.
Puis une enquête avait été ouverte, mais tout le monde savait qu’on ne pourrait jamais la retrouver. Elle était certainement dans les Enfers et elle devait me maudire de ne pas l’avoir sauvé…
*~*~*
Dans ma balade, en ce jour de triste anniversaire, je ne vois pas que je suis devant le château où j’ai vu Alice pour la dernière fois. Je regarde l’immense édifice quand… J’aperçois une silhouette familière… En plissant les yeux, j’ai pu distinguer des cheveux blonds, une robe qui arrive à la fin des chevilles. Elle est d’un rouge profond et elle a un sac reconnaissable entre mille… C’est elle ! C’est Alice ! Elle me regarde depuis l’une des fenêtres du deuxième étage. Et… Elle a disparu !
Une voix s’est élevée de nulle part. Elle est grave et lointaine, terrifiante mais envoutante:
«Viens… Ton amie t’attend … »
Cette voix m’attire… Mais si j’y vais… Que va-il se passer ? Est-ce que je vais disparaître comme elle ? Comme Alice ? J’ai peur…
Trooooooop bien !!!!!! j’adore et c’est très effrayant c’est génial ! j’ai l’impression de vivre l’histoire à la place du personnage franchement j’adore ça fait des mois que je suis sur wikipen et jamais je n’avais lu une histoire d’horreur aussi excitante ! surtout la planche de Ouija ça ça m’a fait trop flipper j’espère qu’il y aura une suite et je te souhaite bon courage !