ROUTE 101 – Chapitre 1

5 mins

Résumé :

A l’approche de la rentrée dans son nouveau lycée, Matthew observa de loin un enterrement.
Jamais il n’aurait imaginé qu’il devrait remplacer la personne dans ce cercueil en bois noir et aussi rapidement.

Sera-t-il à la hauteur de son prédécesseur ? Et quel est le mystère qui entoure la Route 101 ?



   On est le 6 juin. C’est ce soir que je revois mon ami d’enfance Alan. Ça fait trois ans qu’on ne sait pas vu, j’ai tellement hâte. Et puis, j’ai récemment eu mon permis, je peux aller où je veux, donc j’ai décidé d’aller lui faire une surprise dans sa ville. Mais je n’aime pas cette route. Être un garçon ne fait pas de moi quelqu’un dénué de peurs. Je déteste le noir. Encore plus si je me retrouve dans une forêt lugubre, tard, la nuit, avec aucunes habitations aux alentours.
   Et une ombre me suit depuis cinq minutes environ, j’ai l’impression d’être observé par des monstres abominables qui peuplent la forêt et ne se réveillent que la nuit tombée pour dévorer les jeunes imbéciles qui conduisent de nuit.
   – Reprends-toi Matt, tu n’es plus un gosse de huit ans, me fis-je violence.

   De l’autre côté du pare-brise, des feuillages bougent avec le vent, certains arbres sont dégarnis de leurs feuilles vertes, plantés dans le sol tels des mains de titans prêts à agripper tout ce qui passe à proximité. À l’horizon, une sphère argentée surplombe l’immensité de la voûte céleste, un frisson de déjà vue qui me parcourt l’échine s’empare alors de mon esprit.
   Une silhouette impressionnante et effrayante apparaît comme un fantôme en travers de la route. Je roule dangereusement en direction de l’animal, les fars me montrent un loup énorme, au pelage noir, une paire d’yeux rouge sang me soutient le regard avec un air menaçant. Je dois m’arrêter… Il faut que je freine !
 
   Mais c’est trop tard. J’ai percuté un arbre en essayant d’éviter le canidé.
   Les phares encore allumés provenant de la carcasse en métal me montrent en détail la situation macabre dans laquelle je suis… Actuellement, je gis sur le sol mouillé. J’ai traversé le pare-brise. Mon corps se vide de son sang.
   Un fluide écarlate se mélange à la boue. Des morceaux de verres trouent mon bras gauche, d’autres sont plantés dans mon visage faisant perler ce liquide visqueux le long de mes joues, que je sens se refroidir. Un frisson glacial fait pâlir mon corps, couplé d’un violent mal de crâne. Je me tord le cou vers la route, le loup n’est plus là.

   Dans ma nuque, un souffle chaud me renifle. Il est derrière moi. Je sens une chaleur répugnante en mon flanc droit, il se penche au dessus de mes jambes. L’animal ouvre sa gueule, deux grandes rangées de dents pointue, jaunes et rouges, sont logées dans des gencives ensanglantées.
   Je ne peux pas bouger, alors je ferme les yeux attendant que mon sort m’emporte. Sans m’en rendre compte, des larmes chaudes réchauffant mon âme ont coulées jusque dans mon cou. Je ne peux plus bouger, ou je n’ose pas.
   Un grognement me fait sursauter, les canines acérées du monstre se plantent dans ma chair, déchirant les muscles. Un hurlement de douleur m’écorche la gorge. L’abominable bête resserre son étreinte sur mon mollet pour emporter un morceau de viande.
   Dans un élan d’adrénaline, je réussi à dégager ma jambe du peu de force qu’il me reste.

   Une voiture s’approche, quelqu’un descend, sort un objet lumineux. Le monstre s’enfuit. Je me sens finalement fatigué et partir.
   Des lumières bleues et rouge dansent au dessus de moi, je ne sens plus mon corps. Des voix me parviennent de loin, il me semble. Je suis maintenant apaisé, ne ressentant plus aucunes douleurs. J’entre dans un profond sommeil.

Gzzzt !

Un choc électrique. Je retrouve mes esprits, mais je me sens épuisé.

Gzzzt !

Un deuxième choc électrique me donne le courage d’ouvrir les yeux, mais je les referme immédiatement.

Gzzzt !

Le troisième choc est le bon. Mes yeux sont maintenant ouverts, je perçois difficilement des visages qui m’observent, je crois.

   – Jeune homme ? Comment tu t’appelles ?
   Je sais que cette question est importante, pourtant je bafouille un mot.
   – Matt ? On vous emmène à l’hôpital le plus proche. Tenez bon !
   Je hoche faiblement la tête en signe d’approbation. Ils me mettent un masque à oxygène, je sens une bouffée d’air frais remplir mes poumons. Je me laisse entre les mains de ces personnes compétentes et me fait attirer dans les bras de Morphée.

   À mon réveil, je me retrouve allongé dans une chambre illuminée par un faible néon mural. Je peux voir que je suis allongé dans un lit simple à une place recouvert de draps blancs, dans une salle blanche, à côté d’une fenêtre au bordures blanches, avec des vêtements blancs. Beurk ! Trop de blancs. Je me relève si vite, qu’un violent mal de crâne me percute de plein fouet. Je repose ma tête sur l’oreiller douillet.

   En essayant de remettre les idées en place une image de loup noir me surprend puis une vision de l’accident, de mes blessures, du passant sur la route, des ambulanciers et de ma jambe gauche. La morsure qui à emporté un bout de viande ! Je jure qu’après ça je serais végétarien !
   J’enlève d’un coup sec la couverture qui me recouvrait jusqu’en bas du menton auparavant. Une bande « blanche » enroule mon mollet laissant apercevoir une fleure écarlate. Je retire vivement se bandage et découvre…

   Rien. Juste une petite cicatrice, qui ferait deviner à une blessure d’un match de football qui c’était passé lorsque j’étais enfant. Or, je n’aime pas le football et je n’y ai donc jamais joué. Ça m’inquiète. Pourtant je ne l’ai pas imaginé, si ?
   Je regarde l’horloge accroché sur le mur en face de moi, le seul objet qui décore cet endroit froid. 23h46. Ça fait peut-être près de 24 heures que je dors, ou plutôt, que je suis à l’hôpital.

   Une douleur effroyable me vient de cette étrange contusion. Un liquide noir et collant déborde de la cicatrice en l’ouvrant. Mon sang bouillonne. Je brûle de l’intérieur. Je crache un cri strident, inhumain. Je sens que mes yeux changent, les couleurs se dissipent sous mon regard.
   Ma gorge me pique, elle est sèche. Le bout de mes phalanges s’allongent en griffes. Je sent comme une fourrure qui recouvre le bords de ma mâchoire. Des canines pointues remplacent mes dents blanches. Des craquements d’os résonnent dans ma poitrine. Je me sens envahir d’une force prodigieuse, d’une rage de tout détruire, de tuer. Je change.

   Je me retrouve sur cette route, j’ai fuit de l’hôpital. Enfin la chose en moi l’a fait. Je n’ai plus le contrôle de mon corps depuis un bon moment. Ce diable me pilote jusqu’à un groupe de campeurs dans la forêt. Je me retrouve sans le vouloir prêt à les attaquer.
   NON ! je ne veux pas faire ça ! Je ne veux pas devenir un monstre. J’essaye de reprendre le contrôle de mon corps.
   En vain, il a réussi à me rendre spectateur de « nos » actes. Avant qu’il ne se précipite sur sa victime potentielle, je disparais. Mon esprit disparaît. Le noir total. Je ne veux pas être témoin de ce massacre.

   Je me réveil une nouvelle fois, dans ce même lit blanc, dans cette même salle blanche, à côté de cette même fenêtre au bordures blanches, avec ces mêmes vêtements blancs. Cette fois un journal est posé sur le tablette qui se trouve à droite du lit.
   J’attrape d’un geste vif ce quotidien, un titre à attiré mon attention ; « Meurtre sanguinaire sur la route D16 lors de la nuit du 7 au 8 juin 2016 ». Un épouvantable souvenir voile mon regard. Cette pensée me paralyse d’effroi.
   – Ce n’est pas possible. Ça ne peut pas être moi, essayais-je ardemment de me persuader.
   Le simple fait de penser que je puisse faire une telle chose m’horripile au plus haut point. Je me rappelle de la cicatrice, cette marque. Je refais une deuxième fois le geste de retirer la couverture, blanche, et m’aperçoit qu’il n’y a absolument rien. Je ne comprends plus rien. Qu’ai-je fais cette nuit ?

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2 Commentaires
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John Lucas
3 années il y a

ça démarre fort dis donc !

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