CHAPITRE 10
Bob a connu des jours meilleurs. Débraillé, il ne lui reste plus que la moitié de sa veste déchirée sur son dos. Les battements de son cœur sont à deux doigts d’y faire exploser le crâne. Le dossier inconfortable de la chaise accentue la douleur qui traverse son dos jusqu’à sa poitrine. Aspirer de l’air n’a jamais été aussi désagréable. Menotté à une table, elle même fixé dans le sol en béton, l’empêche de passer ses mains sur ses brûlures autour de son cou. La salle d’interrogatoire dans laquelle il est enfermé lui font resurgir de nombreux souvenirs, donc ceux de l’époque où il faisait encore partie des forces de l’ordre. D’ailleurs, il aimait beaucoup cet exercice. Les interrogatoires. Mais aujourd’hui, il se retrouve de l’autre de côté des barreaux et attend patiemment l’inéluctable. Il observe le miroir sans tain opaque, en se demandant à quel officier il sera confronté. La lourde porte métallique se met à grincé. Apparaît alors dans la pièce au mur blanc taché de crasse, Fabrice, un policier, a la coupe de cheveux style Clark Kent.
Bob aurait aimé tomber sur n’importe qui. Sauf lui.
-Teh, il ne manquait plus que toi. T’as sucé quelle bite pour monter les échelons comme ça ?
Sans répondre, l’homme brun à la barbe parfaitement taillé prend place en face de Bob, un sourire en coin des plus énervant. Le privé enchaîne.
– T’aurait pas une cigarette ?
-Non. Pas pour un fils de pute comme toi. Déclare Fabrice d’un ton suffisant.
A l’intérieur de lui même, le policier jubile. Il attendait cette confrontation depuis tant d’années.
-Je vois que t’as reconversion se passe parfaitement bien. Rajoute t’il.
-Et toi ? Toujours frustré de ne pas pouvoir te taper mon ex-femme ? Renchéris Bob, paré pour cette joute verbale.
-Qu’est ce que tu peux en savoir si je me la tape ou pas ? Comme tu dis ces ton ex.
-Je pourrais avoir un café avec un cachet. J’ai une de ses migraines.
-Je vois que tu as toujours le même toupet. Suspecté de meurtre et là seule chose que tu as à demander, c’est un café et un cacheton ?
-Moi, suspect ?! C’est moi la victime dans cette histoire !
Fabrice monte le ton.
-Et la femme ensanglantée dans ton lit , ce n’est pas une victime ?!
-Je ne dis pas le contraire. Je dis juste que je suis victime d’un coup monté pour étouffer une affaire beaucoup plus grave… Mais avant que tu le comprennes…
-Alors comment tu m’expliques que la première chose que tu es faites lorsque les autorités sont arrivées, c’est de cacher le corps de cette pauvre dame ?!
-J’en sais rien, putain ! On est jamais vraiment prêt à se réveiller à côté d’un cadavre ! Au lieu de m’accuser, dis moi qui est le gus qui vous a rencardé. C’est sur lui qu’il faut enquêter !
Fabrice se lève de sa chaise.
-Tu crois que c’est un minable comme toi qui va m’apprendre le métier ? Est-ce que je dois te rappeler que tu n’est plus policier mais un guignol qui se la joue détective ?! Tu es plus le Duc que Sherlock Holmes. A ta place je me ferais tout petit et je fermerais ma gueule. Tu t’es foutu dans de sales draps. Je me suis occupé personnellement que toute les preuves soit contre toi. T’es foutu mon p’tit Bob.
-Qu’est ce que tu as fait ?! Panique Bob submergé par la paranoïa.
Fabrice se rend compte d’en avoir trop dit. Il se lève de sa chaise et enfile des gants coquées.
-Je rêve de ce moment depuis tant d’années !
Son regard devient des plus sinistre. Mais Bob est sauvé par le gong. La porte métallique s’ouvre de nouveau. Une policière à la longue chevelure blonde fait son apparition.
-Arrête toi Fabrice. On doit le relâcher.
-Quoi ?! Hurle t’il.
La pression sanguine de Bob diminue. Il souffle de soulagement. La blonde au trait fin, retire les menottes qui attaché Bob à la table.
-On va le mettre sous surveillance mais il est libre.
-C’est n’importe quoi Julie, le cadavre était chez lui ! S’énerve Fabrice. Je sais qu’il a marquait ta vie mais ce n’est pas pour ça que tu dois être conciliant avec cet assassin.
-On connaît tous Bob ici. Il n’est pas parfait, mais personne le croit capable d’une telle atrocité. On pense à un coup monté.
Fabrice confronte Bob, tête à tête.
-Tu as de la chance que ton ange gardien soit là. Mais crois moi on se retrouvera.
– Pas pour aujourd’hui en tout cas, sourit Bob avec ironie.
Julie escorte son ex-mari à l’extérieur sous les yeux du policier véreux qui à bout de nerf, ne peut s’empêcher de renverser la chaise d’un coup de talon.