CHAPITRE 14
Nathalie indique à Bob, l’adresse de Jérémy Campion, le pochtron de l’autre soir. Malgré qu’au premier abord, il semble difficile à tordre, cet homme sera une source d’informations non négligeable pour continuer l’enquête. Un long sommeil ne serait pas négligeable pour Bob, mais il n’a pas l’intention de perdre plus de temps. Quelques kilomètres après être passé devant un campement de gens du voyage, situé dans le bois de Vincennes, Bob se gare sur un large terrain vague ensablée. Le vent violent crée des tourbillons de poussières. De ses yeux plissés, il aperçoit au loin, une caravane jaunit par le temps. Devant l’entrée, une pergola en bois a été construite à la main. La structure est bancale. Endormi, Jérémy chemise Hawaïenne ouverte, se laisse bercé par sa chaise rustique à bascule, protégé du vent et de la luminosité du soleil par un chapeau de Cow-Boy et par le toit en feuille de bambou. A ses pieds une bouteille de whisky vide roule sur le sol. A proximité, de jeunes gitans planqués derrière la carcasse d’une Renault calcinée, se marre grassement en jetant des cailloux en sa direction. Après une multitude de mauvais lancé, l’un surgit de nulle part et finit sa course en plein sur le chapeau de Jérémy. Réveillé en sursaut, il chute de sa chaise.
-Dans ta gueule mes morts ! Braillent t’ils en se tapant dans les mains avec complicité.
Le visage de Jérémy rougit de colère. Il agrippe sa bouteille d’alcool et leur balance dessus.
-Bande de petits cons ! Vous allez arrêtez de mes casser les couilles !
Les petits gitans hilares continuent de l’insulter avec leurs vocabulaires si distinctif. Les jets de cailloux s’intensifient, obligeant l’ancien journaliste à se réfugier dans sa caravane. Quelques secondes plus tard, il se représente sur la pergola, armé de son fusil de chasse. Il tire dans les airs causant un énorme trou dans les feuilles de bambou. Le coup de feu surprend Bob, tout comme les gosses, qui se sauvent à toutes vitesses vers leur campement.
-Et que je vous y prenne plus bande de petit salop ! Brame Campion, en brandissant sa carabine.
Ce n’est sûrement pas le moment idéal mais Bob décide tout de même d’aller à son encontre.
-Ca va aller ? Lui demande le détective.
-Que me veut tu toi aussi?! Se met à hurler le vieux poivrot en pointant son arme entre les deux yeux du détective.
-Je viens en ami ! Glapit Bob en se mettant en boule comme s’il ça pouvait le protéger de la cartouche de 32.
-Je voulais vous parler de François Picot ! Bégaie t’il en espérant que cette justification sera valable aux yeux du journaleux.
Instantanément, Jérémy s’adoucit.
– Je te reconnais. T’étais au “Connolly’s” l’autre fois.
-C’est bien ça.
Jérémy lui tourne le dos et rentre dans sa caravane. Bob prend ça comme une invitation. L’ermite se met sur la pointe des pieds pour atteindre sur le haut de son étagère une bouteille de Whisky bon marché à moitié pleine. Il sort du buffet deux verres qui ont pris la poussière. Habituellement, il boit au goulot.
-Vivement que tout ces morpions débarrassent le plancher. Je supporte plus ces thermites qui se croient partout chez eux.. Rumine t’il en désignant l’extérieur par la fenêtre en plastoc.
-C’est un terrain privé ici ?
-Non. Il rempli le contenu des verres sans y ajouter de glaçons et le fait glisser sur la table jusqu’à Bob.
Le détective nettoie les contours avec sa manche avant d’y poser ses lèvres. Jérémy vit seul. Pas besoin d’être détective pour le savoir. Personne d’un minimum sain d’esprit pourrait vivre ici. Et puis surtout il n’y a qu’une place dans la couchette. C’est un personnage excentrique. Il fait de grand geste avec ses bras et bois beaucoup trop vite. Aussi vite qu’il débite ses paroles. Enfin il ne parle pas. Il crie. C’est prouvé, la solitude n’est pas bon pour le cerveau. Pour être honnête Bob n’a pas tout suivit de leur discussion. Après avoir écouté une furtive histoire de carrière de boxeur débuté lors d’un séjour en Afrique orientale.. Bob se concentra sur l’essentiel : Le différent entre Lui et Picot. Ce qu’il en ressort principalement, est une longue carrière de journaliste respectée avant que tout s’écroule. Il a exercé le métier dans de nombreux pays. Comme au Canada, où il collabora avec des confères pour révéler au grand jour « le scandale des commandite ». Une affaire de détournement de fond organisé par des politiques. Puis son mariage avec son ex-femme changea le déroulé de sa vie. Il aménagea à Paris dans un appartement chic situé dans le 16ième arrondissement et dénicha un sacré poste dans le célèbre journal du “Parigot”. Il se vanta d’avoir un gros caractère, de la prestance et que tout homme de pouvoir malhonnête le craignait. Rien ne pouvait l’arrêter pour dévoiler la vérité. Il avait la réputation d’être incorruptible. Il n’avait jamais dissimuler la moindre affaire. Personne n’avait encore réussit à le soudoyer. Il n’avait jamais accepté le moindre pot de vain. Il était impossible de lui graisser la patte. Il était un idéaliste. Un des derniers dans le métier. Il l’était encore lorsque il s’attaqua au dossier Picot, dont plusieurs de ses collègues l’avaient prévenu que ceci détruirait sa carrière. Mais il n’en faisait qu’à sa tête. Il se voyait surpuissant. Mais cette fois-ci, il s’était attaqué à un trop gros poisson. Alors qu’il était au sommet dans sa profession et dans sa vie personnelle, la chute fut des plus violentes. Tout ça à cause de « cet enculé de Picot » pour reprendre ses termes. Jérémy avait découvert des preuves sur des agissements troubles de l’homme d’affaire. Il semblait avoir des contacts avec des hommes de l’est et d’Afrique trempés dans des magouilles mafieuses. Mais ce n’était pas tout. D’après des sources, il possédait plusieurs compte en Suisse, et dans des pays d’Amérique du sud. Sa richesse était des plus mirobolante. Malgré qu’il aurait pu être averti du danger par le fait que ses sources disparaissaient les une après les autres de la surface du globe, il continua à travailler sans relâche avec l’ambition d’être propulser dans les livres d’histoire du Journalisme. Il n’avait jamais prêté attention aux avertissements de ses proches, aux menaces du Journal, il était seul dans sa bulle, obnubilé par son objectif et par son destin qui était jusqu’alors tout tracé mais qui allait sombrer dans les plus tragique. Sa dévotion sur cette affaire était si forte, qu’il délaissa sa femme, qui tomba dans une grande dépression. Pendant qu’elle subissait une fausse couche, lui était à son bureau, farfouillant le moindre détails dans ses dossiers. Malgré les avertissements incessants, “Le Parigot” le mit à la porte pour soit disant faute professionnel. Il porta plainte pour nettoyer son nom et cette injustice. Mais rien à faire. La justice n’existait plus dans ce pays. Il perdit toute ses vivres pour rien. Absolument rien. Cette spirale infernale n’était pas sur le point de se terminer. Peu de temps après sa femme le quitta. Elle ne s’était jamais remis du peu de soutien que lui avait porté son mari. Son rêve de devenir mère s’était évaporer tout autant que l’amour qu’elle portait pour cet homme dont la seule présence n’était plus qu’une ombre.
Maintenant, Jérémy avait une obsession frénétique pour François Picot qu’il rêvait de voir enterré six pieds sous terre. Cet homme était le responsable de toutes ses galères. De touts ses malheurs. Plus il en parlait, et plus les veines sur son visage se gonflées de sang. Lorsque Bob put enfin prendre la parole et causer de ce qu’il avait vu dans l’entrepôt et dans l’appartement de Madame Adamsky, la tronche bourru de Jérémy pris une tout autre couleur. Une émotion étrange se dessinait sur sa face imbibée d’’alcool. Une goutte de larme coula sur sa joue ridée. Il se mis à rire nerveusement avant d’exploser son exaltation sur son mobilier et dans les tympans de Bob. Il semblait de nouveau revigoré.