Espoir dans le noir – 6 – mars 1813

2 mins

Lettre de Basile à Eugénie 29 mars 1815

Depuis mon dernier courrier, j’ai assisté à quelques scènes qui m’ont perturbé. Alors que des jeunes comme Gustave et moi-même sont heureux de s’engager aux côtés des troupes françaises d’autres refusent la conscription. Un très grand nombre ne se présente pas le jour de leur enrôlement, couverts par leurs parents qui les incitent à fuir dans les forêts ou les montagnes, les préfets ont dû prendre des mesures très sévères à l’encontre des parents, allant jusqu’à leur infliger de lourdes amendes. D’autres se sont eux-mêmes suppliciés en se rendant malade, parfois en se mutilant, se faisant arracher toutes leurs dents ou simulant quelques malformations. C’est ainsi que j’ai vu arriver l’autre jour, un jeune tout tordu, boîtant et bavant. Voici pourquoi j’ai été troublé. Ce pourrait-il que ces jeunes gens soient au courant de choses qui nous échappent et qui pourraient nous terrifier si nous étions au courant. Ton père devrait savoir ce genre de chose. Tu pourrais discrètement lui en parler. Je me fais sans doute des idées, ces jeunes sont peut-être tout simplement des lâches.

Ma douce ne t’inquiète pas, en ce qui me concerne, tout va bien. Nous avons enfin atteint notre casernement au nord de Paris. Jusqu’à présent nous n’avons jamais dormi dans un bâtiment aussi prestigieux.

Aujourd’hui je me sens vraiment soldat. Nous avons retrouvé des hommes de tous les coins de France. J’ai croisé de nombreux officiers qui pour certains ont déjà combattu aux côtés de notre chef suprême le grand Napoléon qui n’est d’ailleurs pas si grand que cela, voire même plutôt petit mais je ne l’ai vu que de loin…

C’est la première fois que je croise des hommes bien plus vieux que moi et que tous ceux qui viennent de s’enrôler. Certains racontent des tas d’histoires complètement incroyables parfois terrifiantes quelques fois amusantes. En fin de journée on nous a attribués tout ce qui nous manquait encore dans notre paquetage. Outre mon havresac que j’avais eu lors de mon enrôlement avec ma couverture, quelques chemises et chaussures de rechange, j’ai reçu une giberne, des cartouches et u fusil qui pèse si lourd que je me demande comment nous allons faire pour tout porter.

Demain sera notre premier jour de formation notamment au maniement des armes. Il semblerait que trop de jeunes engagés ont eu tant d’accidents que désormais nous avons tous obligation de suivre ces journées d’instruction.

J’ai appris que Napoléon avait dû adopter de nouvelles tactiques de combat tant les nouvelles recrues étaient inexpérimentées. Toutefois notre chef est si brillant qu’il a trouvé des moyens pour contourner la jeunesse et parfois l’incompétence des conscrits.

Un vieux soldat d’au moins soixante ans nous a raconté comment « Le petit caporal », c’est comme cela qu’il appelait Napoléon, a enfoncé le front ennemi en réunissant tous ses hommes pour faire corps et foncer tête baissée tels des béliers écrasant tout sur son passage. Cette histoire nous a beaucoup fait rire.

Je ne suis pas certain que l’art de la guerre se réduise à cela.

Tu es toujours dans mes pensées et me donne le courage d’avancer.

A l’avenir, le combat risque de me prendre tout mon temps. Ne t’inquiète pas si tu n’avais pas autant de nouvelles de moi.

Je ferai tout de même le maximum pour t’écrire au plus vite.

Ton Basile bien-aimé.

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