Mon engouement passager pour la bestiole s’interrompit l’automne venu. Il n’était pas question qu’elle s’installe pour l’hiver dans la maison. Portes et fenêtres furent closes aux premiers frimas.
Mon cœur endurci la voyait se balancer là-bas sur la fenêtre mais je restais impitoyable.
Et ce fut une très bonne chose. Si je ne lui avais pas imposé ces limites, tout en serait resté là.
Bientôt son comportement changeât. Fini la balancelle. Elle se lançât dans une activité incessante et fébrile de fabrication de toiles. D’araignée évidemment.
Au début, c’était des toiles très classiques, genre épeire diadème. Et puis au fil des jours, leur architecture se modifia : aux spirales se substituaient des lignes droites, verticales, obliques, horizontales. Je pensais à de nouvelles techniques de chasse. Après tout la toile pour l’araignée est un piège. Avec différentes sortes de fils : les-uns fins et très résistants, les autres collants pour retenir les proies. Mais ces toiles restaient vides de captures et notre animal les détruisait aussi vite qu’il les élaborait.
Et un matin, il y eut une toile à nulle autre pareille. La structure principale était constituée de quatre fils horizontaux. C’est tout. Je regardais ma partition et la portée musicale me sautât au visage : quatre lignes parallèles sur lesquelles se disait l’écriture des notes.
Qu’elle oscillât en rythme était une chose. Qu’elle reproduise dans ses toiles le support de l’écriture musicale en était une autre. J’en fus malade pendant trois jours. Je n’osais même plus m’aventurer dans la salle de musique. Je n’avais plus de doute : l’araignée au plafond, c’est sûr, était là.
L’ARAIGNEE QUI VOULAIT DEVENIR PIANISTE : chapitre 4
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Bonjour. Elle a oublié le 5è fil de la portée !! J’adore, ça donne envie de lire la suite.