De ce jour, elle devint plus familière. De plus en plus souvent elle se juchait sur mon épaule droite et regardait les partitions de ses huit yeux brillants. Elle me piqua une seule fois et ce fut très douloureux. Je venais de mémoriser un morceau et fermait la partition. Elle s’agitât un moment sur mon épaule. Je crus qu’elle voulait descendre. Puis elle plantât ses deux chélicères à la base de mon cou, tout près de ma carotide droite. Je crus mourir, je survécus.
Désormais, je gardais les partitions ouvertes et j’exigeais qu’avant de grimper sur mon épaule elle vida ses glandes à venin en plantant ses chélicères dans une pomme. Ce qui eut des conséquences néfastes par la suite. Mais on ne peut pas tout prévoir.
Quoi qu’il en soit, jamais elle ne me mordit à nouveau mais je gardais à la base de mon coup les marques de sa morsure.
Et puis j’eus une période de grande fatigue. Peut-être les effets secondaires de son venin. Et je me mis aux boissons énergisantes. Et un jour sans y penser, j’en versais quelques gouttes dans la coupelle de Manini. A ma grande surprise, elle se précipitât et en moins de deux la coupelle était vide. Cela devint un rituel. Tous les jours, plusieurs fois par jour, elle avait droit à sa gorgée. Au début rien ne changeât. Et puis au bout de quelques semaines, je constatais que je supportais de plus en plus mal sa présence sur mon épaule. Vous savez, c’est comme avec les enfants, on ne les voit pas grandir. Mais là, c’était indéniable, elle prenait du poids. Une balance fit son apparition dans la salle de musique. Au début, un pèse lettre, vous pensez, une araignée. Deux ans plus tard, c’était un pèse personne : Manini dépassait les 20 kilos et avait atteint la taille d’un gros chien.
L’ARAIGNEE QUI VOULAIT DEVENIR PIANISTE – chapitre 7
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J’adore cette histoire 🙂
Merci. Encore 21 chapitres!