A notre retour, la tempête s’était calmée.
S’ensuivit une crise existentielle longue et douloureuse. Manini voulait-elle être reconnue ou voulait-elle être entendue ? Comme tout un chacun, elle oscillait entre ces deux besoins contradictoires. L’un relevait de l’ego, l’autre de l’être. Le plus superficiel des deux l’avait emporté dans un premier temps. Elle qui était comme une parabole velue tournée vers le ciel pour écouter le chant des étoiles, elle s’était tourné vers des hommes qui ne l’avaient pas entendu et le chant des étoiles en elle s’était tu. Elle avait attrapé une maladie redoutable chez les artistes, le désir irrépressible d’être reconnu : la recognite.
Il lui fallut tout reprendre à zéro. La crise était nécessaire. Elle descendit peu à peu vers ce vide indispensable et régénérateur. Cela prit plusieurs mois et puis un jour le silence se fit en elle. Et dans cette transcendance, le feu de sa souffrance et de sa colère s’éteignit et de ce feu éteint rejaillit, tout petit d’abord, un nouveau brasier mais d’une nature différente. Celui de l’enthousiasme et de la joie : pour la renaissance de cette musique intérieure qui la traversait.
L’ARAIGNEE QUI VOULAIT DEVENIR PIANISTE – chapitre 15
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