Balançant doucement ses pieds nus. Les orteils pâles dans le vide se découpent et le dessous paraît alors flou. Comme si on avait mis sur du verre une goutte d’eau et qu’on tentait de voir le monde au travers. Le vent joue avec les boucles aux ombres claires tantôt les faisant danser, caressant les joues, tantôt les fouettant. Le soupir de la bise vesprée se ballade mollement dans le ciel noir de l’été. Sur ses joues, lesquelles éclosent de rouge fleurs, trônant fièrement, s’ouvre alors une bouche aux lèvres qui murmurent. On n’entend aucunes paroles, elles ont été remplacées par une buée qui s’envole et disparaît. Entre ses volutes blanches on peut apercevoir deux perles où se reflète la lumière du soir, elles sont couronnées par deux hauts sourcils broussailleux et protégées par des cils qui s’éparpillent en pétales que perd une rose.
Que regardent donc ces pierres froides?
Les lèvres finissent la chanson et se tordent en un sourire orgueilleux. Les pâles orteils se tordent et on voit le dessous, il semble moins flou. La brise légère se transforme en bourrasque et les cheveux en flamme, se hissant au sommet du crâne, forme une corne qui rendrait jalouse les esprits malins. Le sol brille, un joyau ou chaque voiture ressemble à un insecte, les lumières rouge et jaunes rient, se comparant, s’ornant de quelques bruits. L’enfant tend ses mains, voulant les saisir comme les jouets qu’on lui a trop pris. Un rire pourpre dévore ses pommettes hautes et le givre engloutit son cri silencieux. Ses bras s’étendent et ses doigts attrapent les nuages qui l’enlacent; il vole. Mais le ciel n’a pas daigné lui offrir des ailes pour fuir, il ne lui en donnera pas pour vivre. Les milliers de soleils au sol s’alarment en un hurlement muet, espérant prévenir les hommes, mais on leur a retiré leurs auréoles et le désespoir ne les touchent plus, les seules larmes qui peuvent les atteindre sont les flaques dans lesquelles ils marchent.
quel joli drame.
L’oiseau aux mains explose d’une vengeance qu’il impose, il tombe, offre à tous le regard de sa tombe. Mais avant, il se retourne, il préfère la toile sombre de la nuit au reflet mécanique de la ville. Ses cheveux embrassent le corps, l’enferment dans une cage où le rire s’endort. la lumière si artificielle des lampadaires, de la cité grise, a volé l’halo de douceur que chantait les astres, ils mènent l’enfant au désastre. Les rayons qui guidaient ses pas, se sont fait avaler par une ombre blanche, qui rampe. Mais la lune, de sa rondeur enfantine, décroît en un croissant, qui jusqu’à son dernier souffle, sourira de toutes ses dents.