Elle était tout, tout pour lui, sa Mimi.
Et ils étaient bien contents, de se retrouver, en fin de journée, tous les deux à la maison.
Après le repas, ils sortaient et s’en allaient se promener, ensemble, le long du canal.
Ils tenaient bien la route, tous les deux, depuis toutes ces années.
Lui, tout a ses côtés, affairé, elle, toujours à sa gauche, mais vraiment gauche, tout le contraire de vive et agile.
Ils n’auraient loupé cette balade nocturne, pour rien au monde.
Et ils cheminaient ainsi, lentement, la nuit tombée, sous les arbres, les lampadaires éclairés et les étoiles.
Leurs sens aux aguets, ils humaient la verdure, en friche sur les abords du chenal. Selon les saisons, les premières graminées, l’herbe tendre, les iris sauvages, coloraient les berges du cours d’eau et parfumaient l’atmosphère.
Tandis qu’ils avançaient doucement, il lui murmurait de tendres paroles, lui chuchotait des mots doux.
Arrivés au pont suspendu, avant de faire demi-tour, il sortait les amandes de sa poche. Cela faisait partie de leur rituel, ils en raffolaient. Avides tous deux de vitamines, ils les dégustaient, l’un après l’autre. En les croquant à pleines dents. Il avait soin à chaque fois de lui laisser la dernière. Cela sonnait la fin de cérémonie.
Ils repartaient ensuite et terminaient leur parcours.
Au moment de rentrer, ils s’arrêtaient, à côté de l’arbre, au pied de la porte d’entrée.
Là, ils prenaient leur temps, lui, il empruntait son air grave et sérieux, et il ne la quittait pas une seconde des yeux.
Ils profitaient de ce bon moment présent, prenant leur temps posément
Et lorsque la fraîcheur tombait, soudainement, brusquement et inopinément, il jetait un coup d’oeil sur son smartphone. Aidé par les nouvelles technologies, il rompait tout à coup le charme, de ces moments de rêve, avec une volte-face brutale. Ce qui ajoutait un froid, à la chute des températures. Il se mettait alors à la toiser, glacé et à tirer sur la laisse par petits à-coups brefs et secs…
Et il lui ordonnait, avec un verdict sans appel : « Allez la Mimi… Un dernier petit pipi ».
Le toutou, bonne bête, s’exécutait, aussitôt, illico presto, tandis que lui pivotait afin de regarder au loin, vers d’autres horizons…
Et dans la foulée le chien-chien sautillait et jappait, tournoyait tout autour de son maître. Il lui faisait là une belle fête. L’homme lui répondait “Oui ma Mimi… Oui ma Mimi…”. Et de sa main droite il lui caressait le dessus du crâne. “Oui ma Mimi… Oui, ma Mimi…” et il y ajoutait la main gauche pour la câliner sous le museau. Et sur l’air de “Oui ma Mimi… Oui ma Mimi… ” le toutou de sa traîne lui battait un tempo du style plutôt prestissimo.
Puis son propriétaire lui ouvrait en grand la porte de la demeure. Un moment de bonheur.
Elle était tout, tout… Oui elle était tout, tout pour lui, sa Mimi
Marco O’Chapeau le 9 septembre 2022
C’est bien mignon Marco, ça me plaît bien. J’avais imaginé que l’utilisation de l’imparfait impliquait une fin tragique pour la pauvre Mimi. Mais non. Continues comme ça !
Très joli, très agréable à lire et la petite surprise finale de la chienne, alors que j’imaginais une femme. j’aime beaucoup. bravo !
Merci bien @Haldur d'Hystrial d’Hystrial.
On m’a déjà dit un peu ça pour l’imparfait. Je vais réfléchir si je le change…
Merci bcp @Flo Flo. ça fait bien plaisir.
très joli !
Merci beaucoup @Noelle Nolwen