Il est des âmes dont les profondeurs abyssales dissimulent tant d’horreur que le quidam du commun, s’il n’en avait qu’un aperçu ne serait-ce que superficiel, tendrait vers l’aliénation la plus complète si jamais il pouvait y survivre. Ors parfois la mort serait préférable pour ledit quidam, à sa survie.
Si vous commencez à lire ces lignes, assurez-vous de votre état mental, il doit être solide est souple à la fois pour assimiler l’étendue des possibilités surréalistes que pourrait engendrer les révélations que vous y trouverez.
Je suis Etienne Ploumelec professeur à l’université de Saint-Malo, spécialisé dans les sciences occultes. Je puis attester que je suis sain de corps et d’esprit. Vous pourrez trouver de nombreuses références sur mon compte à l’université et vous pourrez constater que mes allégations sont toujours étayées par la plus méticuleuse documentation qui soit.
J’ai si longtemps hésité à écrire ce qui va suivre. Mes mains tremblent encore depuis soutes ces années du témoignage que je voudrais transmettre à la postérité, mais qui hélas ne s’appuie sur aucune preuve concrète. Aussi vous faudra-t-il vous contenter de ma parole.
31 octobre 1904
Je me trouvais à l’époque sur la côte armoricaine, logeant à Saint-Malo et me rendais chez mon oncle Jean à Paimpol pour des affaires familiales, une bête affaire d’héritage que mon père souhaitait voir réglée au plus vite. J’avais choisi la route longeant la côte, pour profiter de la vue vivifiante de l’océan infini, je faisais avancer ma monture au petit trot. Le jour précédent j’avais dormi et m’étais restauré dans une auberge à Ergui et je pensais pouvoir être ce soir hébergé dans un hôtel grand luxe, à Saint-Brieuc dont on m’avait dit le plus grand bien.
Le matin, le chemin ne fut pas mauvais, et je me restaurais sur le chemin de quelques vivres achetés à l’auberge la veille au soir, que le tenancier m’avait remis le lendemain matin pour mon départ. Je pris mon repas en regardant l’atlantique, dont l’étendue sans fin, la mer se joignant au ciel en une communion impie, me faisant songer à l’horreur indicible ancrée dans les forces de la nature.
Dans l’après-midi un crachin épais commença à tomber, le vent à se lever et le brouillard à monter. Rapidement je ne vis plus qu’à quelques dizaines de mètres devant moi. La pluie et le vent battaient mon visage et ralentissaient ma monture. Les éléments déchaînés s’étaient alliés contre moi pour me châtier. Le soir allait tomber et je n’avais nulle part où aller.
Je finis par repérer un chemin tournant sur la gauche et montant de manière escarpée. Poussé par la curiosité, peut-être guidé par un charme maléfique, j’entamai l’ascension. Et commençai à me réjouir lorsque j’aperçus devant moi à une distance indéfinissable en raison du brouillard, une lueur blafarde dont j’aurais dû me méfier en raison de ses reflets verdâtres. Mais au contraire mon cœur se réjouit.
Au fur et à mesure de mon avancement laborieux l’ombre d’une bâtisse se dessinait petit à petit autour de la lumière. Massive et dont la date de construction devait remonter à plusieurs siècles, elle était là, droite, un carré sombre encadré de deux larges tours. La lueur venait des fenêtres du premier étage. Sa façade était ravinée par les infâmes ramifications innombrables d’un lierre sans âge. La végétation luxuriante qui s’étendait dans le parc qui l’entourait suggérait un abandon de longue date.
Je poussai la grille en fer forgé qui grinça de tout ses gonds. Distinguant les écuries devant le manoir, j’y amenai mon cheval. J’y trouvai une lanterne dans laquelle il restait un fond d’huile et je l’allumai tant bien que mal à l’aide de quelques allumettes que j’avais en poche. Je décidai de faire le tour de l’endroit avant d’entrer, et tombai sur la crypte. Une curiosité morbide me poussa à y entrer. Ce que j’y vis était effrayant ! Mon poil se hérissa sur ma peau quand je vis que toutes les sépultures avaient été ouvertes, je poussai tout de même en avant pour les découvrir toutes vides. J’en ressortis promptement pris de terreur et courrai me réfugier à l’abri du manoir.
J’allais pousser la porte, mais celle-ci s’ouvrit toute seule, mue par je ne sais quelle force obscure. J’entrai dans la demeure et la porte claqua derrière moi, impossible à ouvrir. J’étais pris au piège. La lumière venait de la salle qui était immédiatement devant moi. Probablement une salle de réception. Je pouvais désormais entendre une musique de piano glisser sous la porte massive à deux battants.
J’avançai et par la même magie que précédemment, les deux vantaux s’ouvrirent me laissant sans voix : une bande de joyeux squelettes étaient en train de boire et de faire la fête. Un squelette en tenue de garçon de salle m’apporta un verre de champagne.
— Entrez messire, et venez vous amuser avec nous.
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J’en profite pour faire une petite pub à mon début de roman
Je pense que ceux qui connaissent n’auront pas de mal à deviner de qui je me suis inspiré pour le type de récit…
Moi je n’ai pas la référence mais j’aime beaucoup l’ambiance de ton récit !
Je le dirai plus tard, si personne ne le mentionne avant, mais je peux donner un indice, il fait partie de la liste de mes auteurs préférés (liste dans ma description de profil) ce n’est pas un auteur classique ni du site. Donc c’est dans la première partie. Je précise que je n’ai copié que le style… sauf pour la fin. Et de manière certainement bien imparfaite.
Bon ben voilà. ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe parce qu’il n’y a pas eu tellement d’engouement, mais j’avais voulu me la jouer un peu Lovecraft. En beaucoup moins bon évidemment et avec une fin rigolote.
Pour ceux qui veulent savoir je n’avais aucune inspiration fantastique qui soit un peu originale. Et comme je ne trouvais pas j’ai fini avec une pirouette.
Félicitations pour ta seconde place. Ton texte a été partagé sur la page Facebook de wikipen.
Merci Gaëlle ou Tsuko comme tu préfères.