Chapitre 6
Elle ; De la Considération.
Je cours. Je cours à en entre essoufflée. Je cours à en perdre la vue. Je n’ai jamais eu aussi chaud et froid de ma vie.
Dans ma tête, les images se défilent à une vitesse incroyable. D’abord, mon cours de dance qui se passe plutôt bien malgré leurs présences.
– « FAITES ATTENTION NON D’UNE PIPE J’AI FAILLI VOUS RENVERSSER C’EST PAS VRAI !! »
J’entends un homme râler. Je n’ai pas le temps de me retourner. Je veux y aller le plus vite possible, pour leurs échapper.
Pendant le cours, elles n’arrêtaient pas de se comporter étrangement, mais j’ai choisi de faire l’abstraction de tout ceci. De temps a autres, j’avais l’impression qu’elles me fixaient. J’aurais dû m’en douter. Vu les personnages qu’elles représentent.
Je tourne vers la gauche pour avoir accès a l’impasse du Chemin Posan, et la pluie me bat le visage. Il pleut des trompes. Et leurs visages me reviennent encore comme un flash.
– « Mlle Jones, pourrions-nous avoir une petite discussion ? ».
Je me rappelle avoir vérifié la sortie de ma salle. Nous sommes que tous les 3. Anola, Jazz et moi.
– « Ecoute, je ne vais pas passer par quatre chemins avec toi, nous t’avons reconnu. Tu étais dans notre université »
Me dit Jazz en me dévisageant.
– « Ouais, surenchérit Anola. On t’as aussi vu un peu partout avec nous, quand Neila organisait ces soirées. Au début j’ai cru que j’abusais un peu trop sur l’alcool, mais maintenant j’en suis sûr. Je me trompe ? »
Je n’ai pas le temps de répliquer, car quand je veux ouvrir ma bouche, Jazz s’approche de moi.
– « Ferme là. Tu n’as rien à dire. Tu sais que si Neila l’apprend, tu peux être traduite en justice ? d’ailleurs cette idiote n’est pas au courant. »
– « Elle n’a pas le temps, toute son attention s’appelle Ray ! » Lui dit Anola.
C’est comme si j’existais plus pendant un moment.
– « Ne parle pas de mon Ray de la sorte… Oh mon Ray… Mon seul et unique Ray… Rien qu’à sa vue, je bouillonne d’envie et de désir, je pourrais le chevaucher toute la nuit… Hummmm… ». Elle se pince les lèvres. Comme pour se retenir d’un éventuel orgasme. Je la regarde décontenancer. Elle ne se cache même plus ?
– « Tu dois en savoir quelque chose non, Mlle La prof de dance ? Oh allez ne fait pas l’innocente, tu dois vraiment l’apprécier cette Neila. Rassure-toi, cela ne nous intéresse pas, aussi étrange que ne sois ta pseudo relation avec Neila, ça te regarde chérie. »
– « CLAIREMENT !!! » Stipule Anola.
Je suis sûr de ne pas attirer l’attention sur le bout de cette impasse, alors je remarque un banc, et je décide de m’assoir, et, sans le contrôler, les larmes me coulent sur mes joues, des larmes salées, amers, pleines d’agressivités. Je n’en reviens toujours pas de leurs demandes.
– « Ecoute attentivement, je ne me répèterais pas. Quand nous sommes sorties dehors le jour de l’enterrement de jeunes filles, si tu veux avoir la vérité, nous avons fait exprès de parler de la sorte pour voir ta réaction, pour savoir si c’était vraiment TOI, Tricha, et on a eu la réponse, vu la tête que tu fessais avant de rentrer dans le restaurant. »
– « Je t’avais dit que le plan marcherait ! Lui dit Anola. Et de là nous avons décidé de faire des recherches sur toi, et on a su que tu tenais un cours de danse, donc on a décidé de venir vérifié par nous même ! »
– « Et nous avons un marché a te proposé. Je veux que tu réussisses à attirer Ray chez toi. Couche avec lui. Au préalable, nous serons déjà dans ton appartement, à filmer la scène. Débrouille-toi de l’avoir dans ton lit ou dans une position gênante pour que je l’envoie à ta stupide Copine. Comme sa Ray dans mes filets, et toi fait ce que tu veux d’elle sa m’es égale. Si tu ne le fais pas, j’irais porter plainte contre toi pour harcèlement auprès de la police, je te laisse y réfléchir »
– « Jazz tu n’oublies pas une chose ? Nous avons une petite somme conséquente à te donner si tu acceptes notre marché. J’étais toi j’accepterais Tricha. »
Il ne m’en fallait pas plus pour fuir. Je les ai entendues rouspéter derrière mon dos.
« Espèces de folle !!! » ou encore « elle est vraiment bizarre cette fille. »
Comment peuvent-elles me demander une chose pareille ? En une soirée elles ont réussi à me mettre plus bas que terre.
Je baisse la tête et je vois ma carte d’identité sur le sol.
« Mlle Sarah Tricha Jones, née le 29 Juillet 1992, A Caille sur Mer, Taille 1. 66 »
Je suis plus à terre que cette carte. Est-ce dont ma vie ? Tricha, 29 ans, prof de dance, écrivaine pour le journal « les lecteurs », coincée, recroquevillée sur cette impasse sombre, menacée par des femmes sans état d’Ames ?
Je refuse. Je refuse d’être un pion dans cette histoire. Je refuse d’être celle a qui on dicte les ordres. J’en ai souffert toute ma vie. Apres la mort de ma mere, d’une longue maladie, lorsque j’avais 10 ans, ma vie n’as plus été « normale ».
J’étais la fille sans mere. On m’avait volontairement retiré un vêtement, sans que je n’aie à le faire moi-même. Partout où je me déplaçais, des yeux étaient ridé sur moi, ou du moins me semblait ‘il, du haut de mes 10 ans. J’en voulais à la terre entière. Mais la terre elle, continuait de tourner, le monde ne s’était pas arrêté. Toutes les fois ou je regardais les familles, me donnais envie de vomir. Pour les fêtes des mères, pour ne pas que je « souffre trop », mon père avait décidé que je ne parte en classe. J’ai bien été évidement entourée, et même trop par moment, je m’en rappelle que dans les fêtes de noëls, ou de paques et autres, parmi mes cousines, j’étais la plus chouchouter, on devinait mes sentiments avant même que je les formule, et me dictait ce que je devais faire, ou comment je devais être, en particulier mon père, les sœurs de ma mère. Les autres membres de ma famille étaient plutôt retranchés dans leurs coins et nous laissaient « vivres » soi-disant le plus tranquillement possible.
– « Ou que tu sois Tricha, n’oublie pas de dire merci, et d’accepter ce qu’on te donne, et souris ! m’a dit l’une de mes tantes. Et aussi, lorsque la maitresse te demande si tu vas bien, tu lui réponds que oui, on s’occupe bien de toi. »
Un vrai pantin. Puis, 3 ans plus tard, il y’a eu l’arrivée de ma belle mere. Celle-là est venue ouvrir une plaie qui existait déjà. Au début, elle arrivait à me comprendre. Elle comprenait mon refus de l’accepter, mes conduites à risques comme mes fugues quand j’étais adolescente, elle s’est montrée pleines de douceur a mon égard. Et a un moment donné, elle a commencé à être agacée. Et c’était la fin de ce chapitre. Je savais qu’elle finirait par stopper son attitude. Je me soupçonne de l’avoir fait craquer volontairement pour voir combien de temps elle pouvait tenir. J’ai eu ma réponse. Inutile d’expliquer que nos rapports n’ont pas été cordiales après cela. Elle voulait que j’obéisse à ces règles, je devais faire le ménage, je devais l’aider dans la cuisine, je devais l’aider à faire les courses, et quand je me rebellais, ça ne lui convenait pas.
– « Tu dois écouter les adultes, car pour l’instant tu restes mineur, et vue que je suis avec ton père maintenant, nous avons ta responsabilité, et c’est comme ça. »
Mon père en avait marre de nous voir dans un certain état de tension, quand il rentrait de son travail. Alors pour me divertir, j’ai adhéré à un club de salsa un peu au hasard sur internet, je m’y suis rendue sur place, et j’ai été tellement passionnée, que j’ai finis par surpasser les talents de mon professeur de salsa.
La rencontre que j’ai eu avec la salsa finalement, est une rencontre d’espoir, de désir, de séduction, c’est comme un plaisir charnel à partager a deux, c’est des corps et des cœurs qui s’entrechoquent, qui poussent leurs limites, qui s’aiment et se détestent sur le même instant. Je peux aisément dire que cela m’a sauvée.
Quand il a eu l’opportunité de continuer ailleurs, c’est à moi qu’il a confié son club, et j’ai continuée d’enseigner. Très vite, j’ai pu déménager, avoir une habitation a moi seule, être autonome a été une liberté. Je l’ai annoncée à mon père, qui n’étais pas que ravis, il allait pouvoir souffler véritablement.
Alors je refuse, que l’on me dicte une nouvelle fois ce que je dois faire comme une vulgaire personne insignifiante. Oui cette époque est révolue. Je vais contourner et retourner leurs propres pièges contre elles-mêmes, et je sais que j’y arriverais. Je souris dans le noir de l’obscurité, et je me remercie intérieurement.
En attendant, je ne veux pas me détourner de mon plan principal. Il faut que je réussisse à atteindre une de ces soirées. Je n’ai pas encore choisi laquelle, mais je préfère me fier à mon instinct. Quand cela sera le moment, je le saurais. Mr Blay Simmons est dans la liste de Mrs Kins. Il n’arrêtera pas de faire ces éloges sur son site tant qu’il ne l’a pas près de lui. Je suppose qu’Elle sera là-bas…
Et je compte le voir de mes propres yeux…
Je sors mon téléphone pour vérifier les informations sur le site de Mrs Kins en personne, pour voir les éventuels changements de sa part. Il y en a aucunes. En zoomant de plus près, je vois la photo de ce Blay Simons… Il est beau. Il faut le reconnaitre