Un âge marquant

2 mins

Ce soir, je viens de réaliser que, pour la première fois, je fêterai mon anniversaire sans mon grand-père. Depuis février, je me suis toujours arrangée pour éviter de penser à lui. Mais peut-être qu’il est désormais temps de faire face à sa mort. Oui, il est mort. 

Très bientôt, j’aurai 18 ans. Pour beaucoup, cela marque un tournant dans une vie. Un grand événement: ” on doit fêter ça!”. Pourtant, ce jour là sera un jour comme les autres pour la plupart des humains. Et un anniversaire comme les autres pour moi.Malgré tout, j’aurais aimé qu’il soit présent. 

C’est fou comme un petit coffre en bois peut raviver de souvenirs, à minuit. Pourtant, il ne contient que des papiers jaunis, des dessins affreux dont l’apparence est excusée par la maladresse enfantine, et des cartes postales représentant des paysages. C’est grâce à ce petit coffre que mon grand-père est réapparu dans ma tête. Ou à cause, je ne sais pas. 

Maintenant, il faut que je vous parle de lui. Je le surnomme Grand-*****. Grand par la taille, l’intellect et le cœur,mais surtout en tant que grand-père. C’était un être étrange: toujours les yeux dans le vide, en train de penser à quelque chose échappant au commun des mortels. On ne le comprenait pas. C’était un “ovni”, avec une culture hors du commun. Il jouait du violoncelle, ses longs doigts fins et maigres couraient sur le manche d’une manière élégante et brutale à la fois. Ma grand-mère s’est occupée toute sa vie de son bien être. Il oubliait tout. Les anniversaires, aller chercher ses enfants à l’école, faire l’administratif, ou même payer l’essence, tout ça lui échappait complètement. Je me suis souvent demandée si ma grand-mère, lassée de cet homme lunatique, n’avait pas prit un amant. c’était un homme bon, mais un mari peu attentionné, car il vivait dans un autre monde. Grand-*****, c’était aussi les grands chapeaux noirs, les longs manteaux en laine, les pulls épais et les impressionnants cols roulés . Mais son élégance venait du fait que sa femme choisissait ses habits. 

La dernière fois que je l’ai vu, c’était à l’hôpital. L’homme lunatique c’était alors transformé en homme oubli.Il ne m’a pas reconnue, m’a dit “Pourquoi tu souris ?” d’un air méfiant. Puis, il a ordonné à mon père de “foutre le camp”.

Je n’ai pas vu son corps, juste son cercueil. Une bizarre boite en bois. C’est là que j’ai décidé que je haïssais les enterrements et que je les trouvais absurde. Mais j’en parlerai plus tard, si j’en ai envie. Pour l’heure, je vais me coucher. 

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