Kohl
Tout en regardant mes anciens livres démoniaques, je repensais, à l’époque, où les démons revenaient avec un sorcier magnifiquement étranglé… Un pur plaisir.
Mais ça c’était une époque révolue.
Je savais aujourd’hui que beaucoup de démons me craignaient de moins en moins, depuis mon bannissement, même si j’étais le plus Ancien de tous les démons.
Mais je faisais toujours ma loi, bien sûr. Tout être banni, humains, elfes, fées subissaient ma colère et ma rage. Seuls les trolls étaient à mon service. Pourquoi les trolls ? Car c’était des êtres vils, méchants et sans cœur.
Leur seul avantage… C’était de les relâcher quelques minutes dans une petite cour et pour une évasion impossible, un sort avait été mis en place. Ils m’appartenaient pour l’éternité.
Depuis que j’avais appris que, les sorciers qui m’avaient banni, étaient morts et qu’ils avaient un descendant, j’avais décidé de vivre dans le monde humain, pour le retrouver et le détruire. Je m’étais donc installé dans une grande villa, en Angleterre, que seuls les êtres démoniaques connaissaient et qu’ils étaient autorisés à y rentrer.
Alors que je regardais un énième livre, je fus coupé par le bruit d’une voiture qui se stoppait devant mes portes. Tout en me dirigeant vers la fenêtre, je remarquais Tara qui donnait un signal à un troll qui ouvrit l’une des portes arrière pour y sortir quelqu’un. Peut-être que ces démons n’étaient pas aussi incompétents finalement.
Une silhouette aux cheveux bruns emprisonnée dans le filet magique destiné aux sorciers, il avait des ailes aux dimensions énormes qui naviguaient au sol.
– Quel dommage d’abîmer de telles merveilles, pensais-je.
Au moment où l’envie me prenait d’aller voir notre nouvel invité, Tara entrait dans mon bureau sombre et me regardait attentivement, tout en s’approchant de moi :
– Assieds-toi, dis-je froidement.
Elle avait l’air épuisée, sa posture était légèrement incurvée et sa tête était baissée. Pourtant, elle avait l’air satisfaite. Je me laissai tomber élégamment sur le siège sombre et levai un sourcil.
– As-tu le sorcier ? Voulais-je savoir, même si je connaissais déjà la réponse.
Tara hochait la tête. Satisfait, je penchais la mienne et me permettais un petit sourire qui disparaissait aussitôt :
– Combien en a-t-il blessé ? Ne me mens pas, je veux entendre la vérité.
Mon homologue fronçait les sourcils brièvement, puis répondait honnêtement :
– Nous sommes tous très épuisés, Maître. Il est plus fort que prévu, mais finalement nous l’avons battu.
Je hochais la tête sans rien dire. Je savais qu’il ne s’était pas laissé aussi facilement attraper, il était très puissant.
– Exceptionnellement, je vais fermer les yeux, mais si tu estimes à nouveau un adversaire, je serais dans l’obligation de te punir ! Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? Demandai-je froidement.
Tara acquiesçait, je voyais dans son regard qu’elle était soulagée. Pendant un moment, j’avais réfléchi à quel point, ce serait amusant de la punir avant de rejeter cette pensée.
Elle avait réussi finalement.
– Et pour la maison ?
– Nous avons essayé, mais le sorcier a lancé un sort de protection trop fort, impossible pour nous d’y rentrer.
Je regardais Tara avec les sourcils levés. Sous mon regard perçant, elle devenait plus petite, ce qui m’amusait un peu. Elle était facilement intimidée comme la plupart des êtres. J’étais curieux de voir comment le sorcier réagirait envers moi.
– Mais je vais y remédier, je vous le promets.
– Je l’espère pour toi, car je serais moins clément qu’aujourd’hui. Et où as-tu mis le sorcier ?
– Dans une de vos chambres.
– Très bien, allons-y. J’ai très envie de le voir.
Après avoir monté les escaliers et traverser un long couloir, je remarquais un démon devant la porte du sorcier, il s’inclinait devant moi puis s’éloignait, je déverrouillais la porte et y rentrais.
Un néon, suspendu au plafond, projetait lentement une lumière et la chambre mesurait environ dix mètres sur dix, il y avait une table sur un mur et le sorcier était étendu sur un matelas à même le sol.
Des chaînes de fer travaillées avec magie l’enchaînèrent. Après quelques secondes de silence, il ouvrit doucement les yeux… La lumière le gênait.
Et là, d’un coup, au moment qu’il tournait sa tête en ma direction, j’avais senti sa peur et la seule chose, qui sortait de sa bouche, me faisait légèrement sourire :
– L’Ancien.
Il m’avait reconnu.