CHAOS³ CHAP. 23 : La chute de Paris – partie 2

3 mins

Les bombardement avaient cessé.

J’ouvris les yeux paniqué. Où étais-je ? Je ne voyais rien. Où ? Ah oui, dans le métro. Je m’étais assoupi. Assoupi ou évanoui ? J’avais réussi à perdre connaissance dans cet enfer. Je n’étais pas le seul, je sentais la tête de Marina posée sur mon épaule et son souffle chaud contre mon torse. Je grelottais, ma sueur s’était refroidie et collait mon teeshirt à ma peau frigorifiée. Plus un bruit de détonation. Seul les murmures fatigués et apeurés des êtres tout autour de nous s’abritant dans les ténèbres. Je consacrais encore quelques minutes à notre repos. Mais en fait ce n’était pas une volonté mais une nécessité. Mon corps ne répondait plus. Il était aussi dur qu’un pain de glace. La sensation sur mon épaule transpercée était indescriptible ; douleur et chaire morte. Le réveil de Marina me réactiva. Elle détacha sa tête de mon torse.

« Mic… Désolé, je n’en pouvais plus. Je me suis endormie sans m’en rendre compte.

    T’inquiète, j’ai fait de même. Je viens tout juste de reprendre mes esprits.

    Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On essaye de rejoindre tes amis et les militaires dans le 15ème ?

    Oui, c’est une bonne idée. Et après fuir le plus loin possible de cet endroit de malheur.

Y avait-il seulement un meilleur endroit ? Oui, le cocon réconfortant du club house où nous attendait le reste de mes amis. Encore quelques minutes de repos. Mon corps était lourd. Mes jambes allongées semblaient s’enfoncer dans le bitume. L’action de « se lever » ne circulait pas dans mes connexions cérébrales. Marina prit l’initiative et se dressa sur ses jambes en prenant appui sur la paroi carrelée dans son dos. Cela m’encouragea à faire de même. De dur comme la glace, je passais à l’état de guimauve. Les carreaux gelés du couloir du métro en guise de fil d’Ariane au bout de nos doigts nous guidèrent vers la sortie. La montée des quelques marches vers la lueur de l’extérieur fut encore une épreuve douloureuse. Nous contournâmes des personnes immobiles, prostrées, assises sur les marches, tels les corps pétrifiés des victimes de Pompéi. Dehors, l’air était lourd, quasiment irrespirable. Nous étions noyés dans un brouillard de poussière. Nous nous dirigeâmes de mémoire, en suivant la bordure de trottoir.

Je ne sais pas combien de temps nous errâmes ; des minutes, des heures ? Au fur et à mesure de notre chemin de croix, le nuage de poussière tomba. Nous pûmes nous guider plus précisément. Nous étions au croisement du boulevard Pasteur et de la rue de Sèvres. Marina perça le silence.

« Nous avons fait la moitié du chemin. Faut continuer sur le boulevard Garibaldi.

Je l’écoutai et pris cette direction machinalement comme un zombie. La comparaison était fort juste quand j’observais Marina. La poussière avait rendu son teint cireux, gris comme une peau de cadavre. Sa démarche mécanique, raide et saccadée ressemblait vraiment à une procession de zombies. Nous croisâmes d’autres morts-vivants, circulants sans réel objectif. Mes yeux étaient brouillés, irrités par la poussière et la cendre. Ma vision de l’horizon ondulait comme des vapeurs d’essence.

Un cri m’interpella.

« Micaëeeeeeeel ! »

A une vingtaine de mètres devant moi, trois silhouettes ondoyaient telles des mirages dans le désert. J’essayai de faire le point, d’améliorer la focale. Impossible, ce ne pouvait pas être… Vanessa ? Elle se précipitait vers moi, suivie de… Fred ? Mes amis. Ils m’avaient retrouvé. Il me semblait qu’ils étaient accompagnés par un militaire armé d’un fusil mitrailleur. Je n’en croyais pas mes yeux qui s’inondèrent de larmes de bonheur. Je ne voyais plus grand-chose. Il me semblait que Vanessa gesticulait balançant ses bras au-dessus de sa tête. Elle me criait quelque chose.

Soudain, une flamme glacée s’insinua dans mon dos, glissa profondément dans ma chair. Un objet effilé m’avait pénétré. Il ressortit.

« Tu pensais que tu allais t’en sortir comme si de rien n’était, p’tite merde ! »

    Iris ! putain mais qu’est ce qui ne va pas chez toi ? Hurla sa sœur.

    Deux secondes, je m’occupe de toi après sœurette.

La lame pénétra à nouveau mon dos quelques centimètres à côté. Un liquide chaud inonda mon dos puis mon pantalon comme si j’avais pissé dans mon froque. Puis ce fut la coupure d’électricité, je m’effondrai au sol, découvrant mon agresseuse. Une rafale de fusil cribla la jeune femme.

Le noir.

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