Dans un paisible village niché au pied des montagnes, réside un artefact énigmatique transmis scrupuleusement de génération en génération : le Masque du Diable, ainsi nommé en raison de son aspect sinistre. Sa propriétaire actuelle, une vieille dame au regard empreint de sagesse, le tient en héritage de sa mère, qui elle-même le reçut de sa mère, et ainsi de suite, remontant jusqu’à des temps immémoriaux.
Les aïeux de la vieille dame l’avaient continuellement mise en garde, évoquant la sombre potentialité du masque qui, une fois arboré, permettait au diable lui-même de se matérialiser à travers celui qui osait le porter. Ainsi, avec une prudence méticuleuse, ils avaient toujours pris soin de le reléguer au fond d’un coffre, un sanctuaire secret, où nul intrus ne pourrait déceler l’objet maudit. Les générations successives s’étaient imposé cette règle immuable, empreinte du respect mêlé à la terreur que suscitait la réputation du Masque du Diable. Chaque gardien, porteur involontaire de cette héritage sinistre, se voyait investi d’une mission : préserver la barrière fragile qui séparait le monde des hommes de celui des ténèbres.
Ce jour-là, tous les habitants s’affairaient aux préparatifs d’une grande fête costumée qui avait lieu au centre du village. La vieille dame, profondément investie dans la communauté, s’y était rendue pendant quelques heures afin d’apporter son aide aux concitoyens pour garantir la réussite de l’événement. Persuadée que ces festivités plairaient à son petit-fils Sebastian, venu lui rendre visite pour l’occasion, elle mettait tout en œuvre pour créer une ambiance joyeuse et mémorable.
L’air était empreint d’une atmosphère festive, résonnant de rires, de préparatifs et d’anticipation. Les ruelles du village étaient parées de décorations colorées, tandis que les habitants revêtaient des costumes extravagants, chacun rivalisant de créativité pour éblouir le regard des convives.
La vieille dame, au cœur de l’effervescence, s’activait avec enthousiasme, contribuant à l’installation des décors et à la mise en place des différentes attractions prévues. Elle imaginait déjà les yeux de Sebastian s’illuminer de surprise et de bonheur face à cette célébration exceptionnelle.
À mesure que le soleil déclinait à l’horizon, les premières lueurs des lanternes colorées éclairèrent le village. La place centrale se transforma en un lieu féerique où la magie de la fête prenait vie. Les rires résonnaient, les musiques enivrantes invitaient à la danse, et l’excitation montait parmi les habitants qui attendaient avec impatience le début des festivités.
La vieille dame, satisfaite du résultat, se hâta de rejoindre son petit-fils, impatiente de partager avec lui cette nuit de célébration et de partage au cœur du village qui, pour un instant, semblait suspendu dans une bulle enchantée.
Pendant l’absence de sa grand-mère dans l’après-midi, Sébastien ne put s’empêcher de s’aventurer à fouiner un peu dans la maison. C’est ainsi qu’il se retrouva au grenier, attiré par la poussière des souvenirs enfouis. Il ouvrit un coffre délaissé depuis longtemps, et parmi les objets oubliés, il découvrit un masque plutôt effrayant, soigneusement enveloppé dans un tissu jauni par le temps.
L’intrigue et l’excitation le poussèrent à considérer ce masque comme une trouvaille unique, parfait pour la fête du village qui battait son plein en contrebas. Sébastien, sans aucune prudence, décida de l’essayer, imaginant déjà les réactions ébahies et amusées de ses compagnons de fête.
Le masque, une fois ajusté sur son visage, semblait prendre vie, exhalant une énergie mystérieuse qui captiva Sébastien. Loin de percevoir les ondes maléfiques qui accompagnaient cet objet, il se laissa emporter par l’excitation du moment.
Plein d’assurance et de curiosité, Sébastien descendit du grenier, le masque du Diable maintenant sur son visage.
Ainsi affublé et sans attendre une force obscure le poussa à sortir rapidement de la maison pour se rendre à la fête.
Pendant la fête, Sebastian remarqua que les autres invités semblaient éviter son regard. Quand il essaya d’enlever son masque, il découvrit qu’il était collé à sa peau. Paniqué, il tenta de s’échapper de la fête, mais le masque semblait le guider, l’entraînant plus profondément dans les bois sombres qui entouraient le village.
À mesure qu’il avançait, Sebastian commença à entendre des voix murmurer dans l’obscurité. Les arbres semblaient se tordre et se transformer en des formes étranges et menaçantes. Il sentit des mains invisibles le saisir, le traînant plus loin dans les ténèbres.
Finalement, il arriva dans une clairière éclairée par la lueur de la lune. Au centre de la clairière se trouvait un autel ancien, couvert de symboles mystérieux. Alors que Sebastian était poussé vers l’autel par une force invisible, le masque du Diable commença à fusionner avec sa peau, devenant une partie de son visage.
Sebastian devint alors le gardien de l’autel, condamné à protéger le masque du Diable pour l’éternité. Les villageois racontaient que parfois, lors des nuits de pleine lune, on pouvait apercevoir l’ombre de Sebastian, portant le masque du Diable, errant dans les bois. Certains disaient même qu’il était devenu le serviteur du Diable lui-même, hantant les âmes perdues qui osaient s’aventurer trop près de l’autel maudit.
Les générations passèrent, mais l’histoire de Sebastian demeura une légende dans le village. Les villageois évitaient le bois la nuit, redoutant la rencontre avec le gardien maudit. Le Masque du Diable, désormais fusionné avec Sebastian, demeurait une énigme intemporelle, rappelant que certaines curiosités peuvent entraîner des destinées éternelles.