Ombres nocturnes – Seconde partie

2 mins

Il vit d’abord des yeux perçants, presque brillants, d’un noir profond. Il n’y avait pas une seule touche de blanc, juste un noir abyssal qui semblait sonder son âme. Ces yeux étaient semblables à un gouffre vers les profondeurs de l’Esprit et de la Mort. La peau pâle de son visage se dévoila ensuite. Le teint albâtre faisait ressortir ces yeux obscurs, qui le fixaient intensément. Peut-être trop pour que sa nature humaine ne puisse le supporter et réagir. De fines lignes noires, véritables tatouages mouvants, semblaient couler de ses yeux, dessinant de douces arabesques qui coulaient sur ses pommettes, soulignant ses yeux en amandes. Au fur et à mesure que les ombres se déliaient, il voyait de nouvelles somptuosités s’offrir à ses yeux. D’abord, un nez fin et droit, puis des lèvres charnues, étirées en une légère moue amusée, d’un rouge vermeil comme le sang qui se glaçait dans ses veines de mortel. De longs cheveux de jais encadraient ce tableau éthéré, presque irréel. Il avait raison, la Mort n’était pas un cadavre caché dans les replis d’un manteau d’obscurité. Elle était une femme magnifique qui éveillait en lui le désir. La stupeur lui fit lâcher le rebord de la fenêtre, et il tomba au sol avec un bruit sourd qui sembla résonner tant le silence de la nuit était profond. Il n’était pas capable d’un de sortir un son alors qu’il la voyait s’approcher de lui d’un pas félin, la dévoilant en entier. Elle n’était pas grande, mais la longue robe noire qu’elle portait, toute de voile translucide, la rendait divine. Des jambes fines se dévoilaient à chaque pas, transparaissant à travers les fentes du voilages, contrastant par leur blancheur sur cette toile de nuit. La femme laissa glisser sa longue capeline de feutre, se révélant dans toute sa splendeur. Elle était l’apogée de la beauté, la plus désirable des femmes. Elle était divine. Pas d’autres mots ne lui venait à l’esprit alors qu’il la contemplait s’avancer vers lui. Encore au sol, il leva la tête, la regardant. Elle lui tendait la main, à lui, pauvre mortel. Il était pétrifié. Son âme voulait saisir cette main, son corps voulait effleurer cette peau l’espace d’un heureux instant, mais il hésitait. Allait-il mourir ? Il tremblait. Il voulait la rejoindre. Il pouvait la rejoindre. C’était son destin. Ils l’avaient dit, c’est pour ça qu’il était exclu, qu’il était détesté. Son destin était teinté de mort. D’un geste frêle, empli d’espoir et de crainte, il posa sa main dans la sienne. Ils l’avaient dit, c’est pour ça qu’il était exclu, qu’il était détesté. Il pouvait sentir la douceur de sa peau.

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