Ayant repéré un mâle de ma salle de sport, je me suis approchée et ai engagé la conversation. On s’était déjà croisés, je ne débarquais pas non plus de nulle part.
En plein milieu de la discussion, je glisse ni vu ni connu, du moins c’est l’illusion que j’en avais, un regard furtif vers mon pied en attelle et dis :
Je me suis cassé le pied en courant.
Ah ouais ?! La vache. Comment tu t’es fait ça, exactement ?
Pour une fois, j’ai réfléchi deux secondes avant de l’ouvrir et j’ai estimé plus sage de lui épargner les détails de la visite aux urgences dont les commentaires les plus marquants du médecin furent : « Vous avez une fracture de fatigue. » et « C’est bizarre, on ne voit ça que chez les personnes âgées, d’habitude. »
Niveau street cred, on repassera.
À la place, dans mon délire de Xena la guerrière, je lui sors toute fière :
« Ouais, j’ai couru vraiment beaucoup et il s’est cassé il y a deux semaines, lors d’une compétition. J’ai dû finir avec le pied cassé.
J’ai couru genre vraiment, VRAIMENT beaucoup. »
Parce qu’en plus d’être un modèle d’humilité, je suis pas mal subtile comme gonzesse.
Intrigué, mon interlocuteur commença à me regarder d’une façon sportivement lubrique qui n’était pas déplaisante.
T’as fait quoi ? Un marathon ?!
…
Euh… Nan… un 10 km.
Ah.
En voyant la désillusion dans ses yeux, j’ai compris qu’il ne pourrait jamais apprécier mes exploits à leur juste valeur et j’ai préféré en rester là.
Enfin. Je suis restée là et lui est parti s’entraîner un peu plus loin.
On va dire que c’est kif-kif.
D’ailleurs, est-ce que vous saviez que le mot « kif » est issu de l’arabe qui veut dire « comme » ? L’expression fut ramenée en France par les soldats qui avaient été envoyés en Afrique du Nord. Pour d’autres, ça fait aussi référence au shit. C’est selon préférence.
Voilà, voilà.
Je pense que je vais m’arrêter d’écrire maintenant. Ça devient gênant.