Le deuil (5)
La maison était vide. Le temps s’était comme arrêté. L’air était devenu glaçant. Monique ne supportait plus cette atmosphère. C’était devenu pour elle intenable. Malheureusement, elle n’avait pas d’autre choix que de rester ici. Elle avait fermé à clé la chambre de sa fille afin de ne pas être tentée d’y aller. Elle savait que si elle y entrait, elle s’effondrerait. Autant éviter de se faire plus de mal encore. Elle n’avait rien touché depuis le décès et elle voulait que tout reste tel quel. Pendant plusieurs jours, le couple ne se nourrissait plus, si bien que certains aliments commençaient déjà à pourrir dans le frigidaire. Ils ne sortaient plus et refusaient de voir du monde. Ils avaient d’ailleurs reçu plusieurs coups de fil de la part du bureau de police mais ils n’avaient pas répondu. Qu’ils sont énervants à tout le temps appeler! Ne voyaient-ils pas qu’ils étaient en plein deuil et qu’ils avaient juste besoin et envie d’être seuls? Ce n’était pas compliqué pourtant ! Mais ils savaient au fond d’eux que c’était important et qu’il fallait résoudre cette affaire coûte que coûte. Il était hors de question de laisser le meurtrier de leur fille courir bien tranquillement en pleine nature ! Après une semaine de deuil éprouvant, Lucien se décida enfin à appeler le bureau de police. Le commandant Givard répondit à son appel et fut ravi d’entendre la voix d’un des parents de la jeune Amélie. Il ne demanda pas d’explication, ni de raison pour avoir mis autant de temps à le contacter, car il savait parfaitement ce que représentait le deuil. En effet, il l’avait déjà vécu il y a sept ans, lorsque sa fille avait traversé la route sans regarder et qu’une voiture l’avait fauchée par mégarde. Les mots sont difficiles et Givard le savait très bien. Il arriva à discuter avec Lucien et à le convaincre qu’il était une personne de confiance, qu’il pouvait résoudre cette affaire et les aider à faire leur deuil. Le père n’avait pas vraiment foi en la police. Un bon nombre d’affaires macabres étaient restées non élucidées et c’était scandaleux. Que faisait la police ? Étaient-ils des bons à rien? Malgré sa méfiance, il écouta avec attention Givard et consentit à répondre à ses questions. Il n’avait malheureusement pas grand chose de nouveau sur les raisons de la mort mais une piste éventuelle pourrait peut-être l’aider à avancer.