Il se prénomme Guy, il a la quarantaine passée, il est mince, de grande taille, et porte bien sur lui. Vêtu d’un costard cravate, il a tout l’air d’un “col blanc”, il est cadre supérieur dans une grosse société de courtage.
Ce matin là, rendu sur son lieu de travail, il apprend au cours de son briefing quotidien qu’il doit participer à un séminaire afin de parfaire ses méthodes de management. Il est contrarié par cette nouvelle, il n’en voit pas l’utilité, son équipe marche très bien. Puis un sourire se dessine sur son visage, ses yeux pétillent et ses pupilles se dilatent. La formation se fait sur Montpellier exactement à la même période ou sa fille Julie doit s’y rendre avec une amie. Pourquoi ne pas y aller ensembles ? Il pourrait peut-être même passer une ou deux soirées avec elles, ça serait sympa !
Quinze jours plus tard ils se rendent sur Montpellier à l’hôtel “Le Fantastique”. A l’accueil le réceptionniste au moment de lui donner le pass de sa chambre, un peu gêné, lui annonce: “Je suis désolé la réservation a été faite pour vous tardivement et pour les trois nuits à passer chez nous vous aurez trois chambres différentes. Il n’y a pas lieu de vous inquiétez elles présentent toutes le même confort. Aujourd’hui vous avez de la chance c’est la n° 7, celle des “dimensions”. C’est la première fois que Guy voit un tel nom attribué à une chambre.
Il prend le pass, se dirige vers l’ascenseur et rentre à l’intérieur. Effet d’optique ? Il a l’impression que celui-ci se rétrécit sur le haut et s’élargit vers le bas . Les parois verticales deviennent convexes puis subitement concaves. Il a la sensation d’étouffer et d’être aplati comme une limande, il s’allonge parterre, il a peur et il transpire. L’ascenseur stoppe net et il en sort couvert de sueur. Ah ! mais le couloir aussi c’est pareil, il bouge !! là ni une ni deux, il n’hésite pas, bon sprinteur il se rue jusqu’au n°7. La porte de la chambre ouverte, le même phénomène se réitère. Il sait maintenant qu’il faut attendre le moment propice d’un espace assez large pour atteindre le lit, il y arrive au bout de plusieurs essais et s’endort épuisé.
Le lendemain matin il se réveille la tête dans le coaltar. Il a mal dormi cette nuit et puis c’est bizarre Julie et sa copine devaient venir le récupérer hier à 20h pour un bon petit resto et elles ne sont pas venues, elles ont dû oublier.
La journée se termine, une fois sa valise récupérée, Guy se présente à la réception pour prendre un nouveau pass. Cette fois-ci c’est la n° 13 celle des “superstitions”. Il se dit : “Tiens c’est surprenant , c’est vraiment une bizarrerie de nommer ainsi une pièce à coucher, ça me rappelle quelque chose mais je ne sais pas quoi “. Une fois entré dans celle-ci et tout en rangeant ses affaires son oreille droite se met à siffler. Il trouve cela déplaisant et repense en même temps à sa prise de bec avec le type de la formation “quel con, quel fanfaron !! et en plus ce soir il doit faire un débriefing auprès de mes boss !! ça tombe mal !”. Le rangement fini, il s’approche du miroir pour se peigner et malencontreusement il butte contre la chaise et le fait tomber. Celui -ci a volé en éclat, il s’est brisé au sol et l’espace d’un instant Guy voit une forme ressemblant à un démon sorti de sa captivité. Une montée d’adrénaline parcourt son corps, il croit vivre un cauchemar puis plus rien …
Au lever du jour il se lève du pied gauche et se sent de mauvaise humeur. Le stage se poursuit et se termine tant bien que mal, son boss l’a contacté et lui a reproché d’avoir eut la veille un comportement condamnable auprès de son instructeur.
Le soir l’employé de l’hôtel lui remet la clé de la chambre n° 9 c’est celle du “temps”, d’un air contrit il lui spécifie tout bas : ” j’espère qu’aujourd’hui vous êtes en forme car le temps est de neuf secondes, chaque acte de la vie quotidienne doit se réaliser dans ce laps de temps.” Guy se demande ce qu’il se passe.Il a cru bien entendre ? Il devient fou ? Ces questions lui martèlent le crâne, c’est la réalité ou non ? Non ce n’est pas possible et puis toutes ces choses récemment arrivées ça ne peut pas être réel. Il est désemparé, il hésite à prendre son baluchon et à partir mais il y a Julie il décide de rester. Rendu au n° 9, il se reprend à huit fois pour prendre sa douche, les repères pris dans la salle de bain en chronométrant chaque geste il y parvient. Il renonce à se raser et pour s’habiller il décide de limiter sa tenue vestimentaire au strict minimum; là il est content il ne lui a fallu que cinq tentatives. Il part ensuite rejoindre Julie et sa copine au restaurant .Elles ne s’y trouvent pas, il patiente deux bonnes heures, elles ne viendront pas elles sont bloquées dans un embouteillage il décide alors de manger sans elles. Le repas fini il retourne à sa chambre et s’endort tout habillé ( il ne veut plus entendre parler de secondes…).
Enfin, c’est vendredi le jour du départ, ses affaires sont prêtes et il se rend dans le hall d’accueil pour attendre Julie. Il s’assied dans un fauteuil confortable et observe les gens, ça l’amuse cet univers cosmopolite. Un personnage obséquieux s’approche de lui et lui murmure à l’oreille : ” Monsieur, veuillez pardonner ma présence mais une question me tarabuste, seriez-vous le Horla ? “. Surpris Guy répond : ” Quoi ? Qu’est ce ? le Horla ? ” -” Oui vous savez… Maupassant ….. ” et l’homme s’en va.
A ce moment là Julie apparaît, aperçoit son père et s’exclame : “Grand père je suis là !! Nous t’avons attendu hier pour le dîner pourquoi tu n’es pas venu ? “. Pour Guy c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! il n’est pas grand père à ce qu’il sache et le resto il y était !! Il ravale sa salive et détourne la conversation. Il a cette sensation de perdre pied, de ne plus rien comprendre, d’être dans une quatrième dimension, son esprit vacille ?
De retour chez lui Guy se repose, il peut souffler maintenant…quel séjour ! Il n’est pas près de retourner à cet hôtel, d’ailleurs il va de ce pas regarder dans le dico ce que signifie le Horla ..
L’idée de ce pen m’est venu un matin, en me réveillant j’avais encore en mémoire le rêve sur l’ascenseur et le reste c’est fait comme ça..Mon moment de délire !!
Super idée que ce séjour étrange, jolie la référence à Maupassant. Le rythme est bon mais cela pêche au niveau de la syntaxe, c’est dommage.