Il ne faut jamais croire une toxicomane !

8 mins

Règle numéro un!!

Ne jamais faire confiance à un toxicomane…

Il faut faire attention aux mensonges, c’est un mécanisme qu’il faut prendre au sérieux, c’est pour moi le plus gros problème des personnes qui sont esclaves d’une molécule. Un accro ment pour différentes raisons. Pour ma part, c’est principalement pour qu’on ne me donne pas de leçon et ne pas inquiéter les personnes qui me demandent des nouvelles, même si je suis plutôt franc en général. J’ai assez dilué mon addiction pour ne plus avoir à en préserver les autres et ça fait longtemps que je ne triche plus pour sponsoriser mon bordel.

Bien, certes, j’ai eu maquillé la vérité pour financer mes besoins (soyons honnêtes), mais je n’ai jamais mis personne en difficulté ni ramené de problèmes chez moi ou mon entourage. Je n’ai jamais eu d’addiction trop chère ni de gros besoins en parallèle (j’ai de la chance, on ne me laissera pas crever de faim, c’est plutôt confortable). Quant à mon actuel poison quotidien, comme ils sont en fin de stock et que l’on n’en fabrique plus, le problème va se régler plus vite que n’a duré ma chasse aux chauves-bébés-pingouins.

Je me permets encore 3/4 jours par mois d’évasion et après, je dois supporter la modération vu que je reste chargé niveau médocs (je ne suis jamais vraiment sobre). Ce n’est pas si mal, je vais finir par m’y habituer, je me suis accoutumé à beaucoup moins agréable que ça. Désormais, je joue en ligue amateur en attendant gentiment que mon fardeau disparaisse des possibles et me renvoie en pré-retraite. Et, vu que je n’ai cotisé qu’avec l’alcool et le tabac, ma pension me sera versée en médocs et en verveine menthe.

Ne me restant que l’héroïne comme option concrète pour me soulager, je ne me sens plus si mal finalement et je préfère m’abstenir. J’en aurai peut-être besoin si je vais jusqu’à la maladie de fin de contrat. Quand vient le moment de demander grâce, la dernière dose de morphine, je veux qu’elle me soit efficace. Si j’arrive à 80 ans le problème sera différent, une varice, c’est facile à piquer.

Revenons-en au sujet, je me disperse pour changer. Le pire mensonge que peut faire un toxico, c’est celui qu’il se fait à lui. Il te raconte des trucs, que tu as l’impression d’être considéré comme un boulanger fasciste surexploité en mode binaire avoisinant le QI d’une moule dyslexique qui a choppé une méningite, et encore, je trouve cette comparaison insultante pour le mollusque. Il ne faut pas le prendre mal ce mensonge, tu peux le questionner, émettre des doutes, mais ne le prends pas pour toi, ce n’est pas à toi qu’il ment, car il croit en son mirage.

C’est ce que je connais de plus difficile dans l’addiction, arrêter de se mentir. Exemple :

— Je me dis que je vais y aller mollo alors que dans les faits, je ne contrôle rien du tout et je le sais, je prends quand même le risque, sur un malentendu, ça pourrait passer. — Je vais au bar pour boire un verre et rencontrer des gens. Je finis par picoler de trop. Du coup, je cherche des amuses-gueule exotiques. Alors, je rate le panneau stop qui aurait dû sonner et me prévenir. En effet, ce n’est jamais une bonne idée d’élaborer un plan quand tu es ravagé comme un Polonais en Bretagne un 29 février par pleine lune sous un parasol.

Je parle d’expérience, je n’écris ici que du vécu et du subi. J’ai marché 25 km pour retrouver mon hôtel avec ce genre de conneries une fois. J’étais parti marcher 5 min pour fumer au bord de la mer et ce fut l’aventure en mode perdu au milieu du désert sans eau ni cartes (je l’écrirai certainement celle-là, elle démontre à quel point on peut se pourrir la vie pour un désir aussi futile qu’une envie de fraise pour une femme enceinte au mois de janvier, c’est con un camé et c’est têtu quand lui vient l’inspiration, tu tapes sur la tête les pieds s’enfoncent). On dit qu’il ne faut jamais croire un toxico, moi, je dis qu’un toxico est en bonne voie quand il ne se croit plus, ou, du moins, qu’il se méfie. Voilà, c’est pour moi la règle numéro un. Ne pas se faire confiance.

Parce que la volonté, le soutien, ça se trouve, ce n’est pas le plus dur. Se méfier de soi, par contre, ce n’est pas enseigné à l’école. Dans notre société, on nous demande d’avoir confiance en nous, de ne pas être faibles, voire pire, avoir besoin d’aide, c’est considéré comme du manque d’esprit civique, être une victime est devenu une tare. Ben, ce n’est pas efficace quand tu combats le manque de te croire solide. Même si tu l’es, méfie-toi d’abord avant de tester tes capacités à surmonter la pénurie.
Peu de personnes comprennent que ça ne suffit pas, la volonté. Les personnes qui t’encouragent ont plus d’effet. Ensuite, il faut arrêter de se mentir, je dirais même que l’on peut mentir aux autres, ça peut rendre la vie plus simple. Certains mensonges ne sont pas graves, mais se mentir à soi, c’est dangereux. Une fois que tu ne te crois plus, que tu soupèses tes pensées avant de te jeter dans la gueule du loup. Il ne te manque plus qu’une chose dans ta tentative de décroche. J’ai remarqué ça dans tous mes combats contre les différentes addictions que j’ai effectués. Il y a un truc que j’appelle le déclic, je développe et je t’explique.
Je l’ai remarqué à chaque fois. Cannabis, cocaïne, alcool, speed, médicaments, amphétamines. À chaque fois, j’avais la volonté, du soutien, de quoi faire, jamais seul. De plus, je ne peux pas dire qu’on ne m’a pas tendu la main, j’en ai eu des solides et pertinentes. Je prenais aussi l’aide là où je la trouvais, quitte à négliger quelques libertés en allant me faire interner en clinique pour utiliser les outils médicaux. On a même failli m’y contraindre, mais j’ai échappé au circuit fermé par pure capacité à encaisser la douleur et grâce à la confiance de mon père. Je me réfugiais aux urgences quand le mal était trop tenace.
J’ai dû arrêter 15 fois au moins de fumer du shit avant de m’en défaire. 15 ans, ça m’a pris, je ne pouvais pas y être plus accroché. Pourtant, c’est arrivé, je me suis retrouvé quatre mois avec accès à tout, sauf à un pétard, après ça, fini, plus besoin, oublié.
L’alcool, j’ai dû faire 6 ou 7 sevrages. Le premier en impro totale, sans préparation, à la sauvage, j’avais plus d’argent, ce qui, ne vous faites pas d’illusion, n’est pas un problème. Quand on est soumis à une molécule, on trouve toujours un moyen. J’ai toujours réussi à boire ce qu’il me fallait, ce n’est pas vraiment beau, mais on y arrive.
Pour ce premier sevrage, j’ai décidé d’arrêter d’un coup. Je buvais une bouteille de whisky plus les apéros et accompagnements chaque jour. L’alcool est la seule addiction qui peut tuer si on l’arrête sans aide médicale. J’ai ainsi payé mes huit jours de délirium tremens à voir de la neige tomber dans mon appartement. Du coup j’avais l’impression d’être sous speed et LSD alors que je voulais dormir pour faire passer la pilule.
J’ai demandé de l’aide à mon père qui m’a envoyé ma grand-mère, médecin à la retraite, pour m’accompagner chez le Doc. Elle m’a bien expliqué que pour y arriver, c’est comme pour tout, il faut de la volonté. Depuis quatre jours, je vois des mouches, de la neige, j’entends des bruits improbables. Je tremble comme une feuille, pire qu’un Parkinson à qui on envoie des châtaignes de courant version gégène, et elle me parle de volonté. Pour info :() électrique manuelle dont l’utilisation première est d’alimenter les de campagne. Ce n’est donc pas prévu pour l’utilisation originale que nos parents partisans en ont faite. Alors, si j’ai bien tout compris, ils ont pris un outil qui alimente le matériel de communication à distance pour alimenter des communications plutôt secrètes. Elles sont forcément non vérifiables, parce que moi, on me torture, je parle, je fais que ça pour les calmer, mais comme je ne suis jamais au courant de rien rien je suis obligé d’inventer l’info et du coup tu plastiques un bus d’écoliers pensant éliminer du réfractaires, je finis cette parenthèse, mais la dispersion, c’est le problème principal des TDAH alors j’ai le droit.Si je n’en avais pas de cette foutue volonté dont on m’a souvent cru dépourvu, j’avais les clefs du voisin, mon grand-père qui avait une armoire remplie de tout ce dont je manquais à profusion et une cave à pinard au cas où j’estimerais ça insuffisant. Si ce n’est pas de la volonté, c’est de la bêtise au dernier stade, mon grand-père avait largement de quoi me fournir sans même s’en apercevoir ou du moins en faisant semblant de ne rien voir. En deux verres, j’arrête le manque et pas besoin de leçon. Le médecin m’a donné un peu de xanax, si j’avais su, j’aurais évité le docteur, mon grand-père en avait une collection.

La volonté, ça ne suffit pas. Elle n’avait qu’à arrêter son temesta et ses deux whiskys pour constater que ce n’est pas si simple de se libérer d’une habitude au long cours avec les drogues.
J’ai tenu un an, par la suite, j’ai fait un autre sevrage, mais médicalisé cette fois-ci. Rien à voir avec le premier, on souffre après l’arrêt et c’est la déprime, mais aucun manque physique et on ne risque pas sa vie, ce qui n’est pas négligeable.
Je fais rechute sur rechute, puis, à la 5ᵉ ou 6ᵉ fois, il y a environ six ans, je n’ai pas noté la date, vu que comme tout le monde, je n’y croyais plus. Un jour, j’ai bu deux bières, j’ai été malade comme si j’avais bu une bouteille de sky. Si c’est pour être souffrant et frustré, autant faire l’impasse, il y a d’autres moyens de se soulager les nerfs.
La coke, j’ai arrêté du premier coup comme le speed et sans réelle difficulté. J’ai eu ce fameux déclic qui est l’ingrédient magique qui transforme l’essai et donne leurs pleins pouvoirs à la volonté et aux différentes méthodes de soutien.
À chaque fois, une pincée de chance, des évènements favorables ou un bon timing, c’est une chose qu’on ne peut pas provoquer le déclic. On peut le favoriser, mais t’as toujours le risque d’une vague surprise qui tombe au mauvais moment et réduit tous le travaille au niveau du QI du boulanger cité plus haut (j’ai pris un boulanger parce que CRS ou légionnaire c’était trop facile, la seule raison qui fait que j’ai pris un boulanger c’est que le facho le plus con que j’ai vu l’est, mais je dis vive le pain).
Quand on ne se ment plus, qu’on a la volonté et les outils nécessaires, la concordance de facteurs favorables permet d’avoir le petit coup de chance qu’il ne faut pas rater et permet la décroche. Il faut être prêt quand vient le déclic et ne pas le laisser filer.
Bon ce n’est que mon expérience, mais je voulais la partager. Si ça faisait réflexionner ne serait-ce qu’un gen, même si c’est un CRS légionnaire qui fait du pain, j’ai gagné ma nuit et ma matinée, je m’étale.
Alors, certes, même sobre, on reste toxicomane à vie (je dis sobre et non pas abstinent parce qu’il y a une nuance, abstinent, c’est définitif, tandis que sobre, c’est un état dont on peut brièvement sortir et ça fait moins peur). pour mon cas, et je ne suis pas un exemple. Je peux reconsommer sans rechuter, du moins je le fais depuis 14 ans. J’estime que si on n’en sent pas le besoin et qu’on a la flemme de retourner en chercher, c’est qu’on n’a pas raccroché.
Je ne conseille à personne de faire comme moi, je peux fumer du cannabis, m’arrêter quand je sens les effets de l’alcool ou prendre des produits de façon épisodique (je ne peux pas prévenir l’avenir, tu me donneras les résultats quand j’aurai claqué). J’ai l’impression que quand je suis délivré d’un poison, je ne replonge plus, mais je ne peux le savoir qu’en prenant le risque, donc je recommence à avoir trop confiance en moi, je manque d’humilité. J’ai dit qu’il faut d’arrêter de se mentir.



Je pense qu’une autre chose est importante, si on ne se ment pas et qu’on ne culpabilise pas, on est moins sujet à la rechute.
En groupe de parole addiction, on m’a parlé d’un livre que je n’ai pas lu, mais dont le titre me parle. « Tomber 7 fois, se relever 8 ». Je trouve que ça explique bien la problématique même s’il y est question de dépression, la toxicomanie et la dépression sont souvent liées et se soignent avec les mêmes outils.
Sur ce bon courage, persévérez et ne laissez pas la culpabilité et le temps vous faire abandonner. Règle numéro un, soyez honnêtes avec vous-même et n’oubliez jamais que même si on peut divorcer d’un produit, on est à vie rattaché au plaisir qu’il nous a fourni avant de devenir un problème.
Règle numéro 2 : sois humble face au produit, il est toujours plus fort que toi, ne sois pas imprudent. Parole de sportif de haut niveau, des années en ligue 1, championnat du monde et J.O, j’ai un peu d’expérience. J’y ai perdu l’espoir de faire de vieux os, mais je remercie chaque jour de me réveiller.

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