Avant, je m’appelais Pesnel.
C’était pas totalement de l’invention non, un patronyme de tradition normande en somme, ça ne s’invente pas…
Puis, il y eu remise en question. Alors que j’exhibais à la manière d’un pornographe amateur mes sottises littéraires aux deux, trois fous daignant encore vouloir m’approcher de près et ce malgré mes indispositions à être un homme acceptable en société plus de deux semaines, l’un d’eux me fit une réflexion non-dépourvue de justesse :
“Pesnel, tu vas pas aller loin avec ce nom là, ça ressemble à PNL, je dis ça pour ton bien mec, t’as écouté un peu ce qu’ils font ? Franchement on aime, on aime pas, y’a une ambiance, c’est aérien, c’est des personnages complexes”
J’avais écouté sous la torture, pas longtemps, j’avais donc changé de nom.
Etant attaché aux valeurs judéos-chrétiennes et à ma normandie natale, j’avais décidé avec fierté de me pencher sur d’autres patronymes de mon cru se chantant volontiers aux oreilles les plus réfractaires. Wikipédia fut une fois encore, mon complice le plus efficace, en deux minutes j’avais un prototype d’auteur normand en la personne de Paulin Gérault.
Paulin Gérault, est né confiné, seul, ce samedi 2 mai 2020, pèse à peu près 65 kilos tout sec, pour 1m77. Il est orphelin, c’est évident, il a choisi d’affronter le monde seul, sans l’aide de deux boulets subalternes censés l’aider à se préparer à un avenir morose avec l’aide d’un système scolaire tout aussi inefficace. Paulin Gérault parle à la troisième personne, comme Alain Delon, comme Jules César et d’autres arrogants de provinces, il se construira seul avec ses vices, ses démons et une majestueuse paire de couilles.
Aujourd’hui, je suis Gérault.