Livre : Asservissement
Chapitre 1 : On va lui faire sa fête
Quand Dylane monta les escaliers, elle fut prise de frissons extatiques. Elle n’avait pas encore ouvert le mur que la musique langoureuse lui faisait déjà bouger les hanches. l’avait écouté et avait exécuté ses ordres à la lettre. La semaine sur la thématique de la séduction commençait tout juste et battait déjà de son plein. Les semaines thématiques avaient lieu une fois par mois et commençaient toujours le week-end pour finir le vendredi suivant. De quoi pimenter un peu les soirées et attirer des publics différents. Elle tourna le talisman gravé dans le mur et ce dernier devint lisse comme la surface d’un miroir mais ne reflétait que ce qu’il se passait de l’autre côté. Lorsque Dylane le traversa, elle se retrouva immédiatement derrière le bar sans que personne ne perçoive le petit tour de magie. La patronne du bar enroula ses longs cheveux noirs dans un chignon approximatif que la gent masculine rêvait de défaire. D’office elle aida sa serveuse, Kélia , en désengorgeant les commandes d’une table de dix personnes.
— Salut big boss, assena la sorcière.
— Salut la centenaire, répondit Dylane.
Kélia grommela quelques propos disgracieux à propos de l’état corporel d’une vieille femme et le compara à son corps dit « de rêve ». En effet, il n’y avait pas grand-chose en commun. La femme avait de courts cheveux blonds foncés, toujours impeccables et qui revenaient en pointe légère de chaque côté de son visage. Elle s’amusait à toujours porter une jupe en cuir moulante qui lui conférait cette aura de secrétaire sexy et implacable. En plus de lui donner un cul d’enfer. Dylane en était jalouse mais elle se rattrapait sur sa poitrine et ses longues jambes.
— Tu as bien dormis cette fois ? s’enquit Kélia.
Cela faisait un mois que Dylane ne dormait plus vraiment. Ses nuits étaient remplacées par des visions d’horreur, des visages de démons et un noir complet. Elle sourit pour donner le change et décida de passer à autre chose :
— Tu as besoin du soutien d’une serveuse pour le côté des Enchanteurs ? Je peux t’en libérer une.
— Si c’est pour me refiler Marion, ce n’est pas la peine.
Dylane fit la moue. Les relations entre ces deux meilleures amies n’étaient pas sans repos. Kélia justifiait cela par leurs mauvais caractères. La sorcière, forte de ces longues décennies d’expérience, refusait d’avance tout autre avis que le sien. Et la pseudo humaine qu’était Marion n’avait certainement pas sa langue dans sa poche. Tant qu’à Dylane, elle disait juste qu’il y avait une tension sexuelle entre les deux femmes trop forte et que cette fois, aucunes n’étaient capables de l’avouer. Pour une fois qu’elles pouvaient polémiquer sur un sujet dont elles étaient en accord…
— Cela ne vous ferait pas de mal. Si vous forcer à travailler ensemble afin de vous rapprocher pourrait, dans le futur, me faciliter la gestion de ce bar, je le ferais sans hésiter. Quoi ? Ne me regarde pas comme ça ! se moqua Dylane alors que Kélia la regardait fixement. Je ne suis pas la seule à dire que vous devez briser la glace une fois pour toute. Sinon tu peux aller directement de l’autre côté et la prendre avec toi, je gère ici.
— Mais…
— Tout de suite.
Dylane savait se faire obéir quand il le fallait, ce n’était pas pour rien que son entreprise était florissante. Mais elle était également amie avec ses employés. Aussi, elle ne s’en formalisa pas lorsque la blonde jeta son torchon au sol dans un geste de colère et s’en alla à l’autre bout du bar, là où la musique était plus lyrique, digne des meilleurs elfes chanteurs de tout le pays. Dans un vague soupir, Dylane le ramassa et le calla contre son épaule en lançant un clin d’oeil à un jeune homme qui attendait d’être servi. Sa combinaison noire et près du corps lui dessinait une silhouette toute en courbes. Mais ce qui était le plus distrayant étaient ces cuissardes aux talons de diamants. Si l’envie lui prenait, elle pouvait briser le sol en verre et plongerait tous les clients dans les eaux troubles que l’on distinguait parfois par un jeu de lumière. Et apercevoir des choses étranges s’y mouvoir. Son bar n’était pas pour les humains, du moins ceux ayant le sang entièrement humain. D’après les enchantements de Kélia, seuls les personnes ayant au moins quarante-cinq pourcent de gènes surnaturels pouvaient y entrer, tous ceux qui avaient au moins connaissance des surnats, pour les autres le bar sera soit fermé soit carrément inexistant. Au choix. Dans tous les cas, il y avait Orso pour veiller à ce que les entrées soient règlementées. Un jeune Grizzly solitaire tout en muscles et avec le don de métamorphose. Taillé comme un bucheron robuste, aussi grand que la porte d’entrée et des yeux bruns perçants. Il était d’une efficacité redoutable, non pas qu’il ait eu beaucoup à faire depuis qu’il travaillait au bar mais personne ne voulait voir un ours énorme en colère. Personne.
Quand elle se releva après avoir saisit une bouteille sous le plan de travail, elle fit face à une créature étrange. Elle était sûre que c’était un sang pur mais ne saurait pas dire à quelle espèce le mâle appartenait. En regardant autour d’elle, elle ne put que constater avec une légère grimace que l’aura du petit nouveau ne plaisait pas à plus d’un de ses clients. Alors que c’était toujours plein au début des thèmes, il semblait qu’il y ait encore assez de place parce qu’autour de l’étranger, il y avait un vide. En jetant un coup d’œil vers la sortie, elle put voir quelques espèces assez faibles niveau énergie mettre les voiles.
Orso regardait cette cohue d’un œil morne mais elle le savait en réalité très attentif.
Furieuse, Dylane siffla de colère et poignarda des yeux le coupable.
— Que veux-tu ?
— Un verre, ma jolie. Alcool fort de préférence.
Sa voix tentait de la charmer sans qu’elle ne s’en rende compte et il était doué. Malheureusement, Dylane était de ses créatures qui avaient inventé la séduction. Elle n’allait certainement pas tomber dans un piège aussi bas. En représailles, elle saisit une bouteille noire et du jus d’orange derrière elle et servit le verre à l’être en face d’elle. Il l’apporta à ses lèvres sans la quitter du regard. S’il était ce qu’elle pensait alors…
Le verre se brisa en mille morceaux au sol.
Le mâle se tenait la gorge alors qu’il suffoquait et semblait brûler de l’intérieur, des veines noires commençant à apparaître dans cette zone sous l’effet de l’eau bénite. Il ne prit alors plus la peine de se camoufler. Ses yeux rougeoyants lui renvoyaient toute sa fureur. Bon. Elle n’eut pas besoin de faire le moindre geste ou de dire quoi que ce soit que déjà, tous les clients étaient partis. Il ne restait plus que ses employés et elle-même. La menace d’un vampire était efficace dit donc. Sauf que c’était loin de l’impressionner. Elle montra les crocs en sifflant de façon agressive. Il était sur son territoire, il n’avait aucun droit. Surtout pas un vampire ! Cela faisait longtemps qu’elle s’était détachée de leur carcan. Elle ne leur devait rien et allait lui faire comprendre de toutes les manières nécessaires.
— Sortez d’ici immédiatement ! dit-elle en haussant la voix et en pointant du doigt la sortie.
Elle lui laissait une chance de partir indemne. Le mâle ricana avant de saisir un tabouret et de le balancer derrière Dylane. Enfin, elle se le serait mangé si elle ne s’était pas baissée. Orso ferma l’entrée et se transforma d’un bond. Il défendrait son amie coûte que coûte. Il mordit le bras du vampire alors que celui-ci allait sauter de l’autre côté du bar pour attraper Dylane.
— Non ! Orso, fais sortir tout le monde, je ne veux pas que les filles restent ici, déclara Dylane en sautant sur le vampire.
Elle ne se laissera pas faire.