SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I – CHARITÉ FUNÈBRE
II – LA MORT RÔDE TOUJOURS
III – SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV – JUGEMENT PARTIAL
V – OSTRACISME
VI – LA SÉPULTURE DE PIFANDA
VII – LE POINT DE NON-RETOUR
VIII – LE COURROUX DE BABAGNACK
IX – L’IMPRÉCATION
X – LE FAMLA
XI – CONJURATION MALÉFIQUE
XII – LE COMPTE À REBOURS
XIII – RÉVÉLATION INOPPORTUNE
XIV – DIABOLIQUES !
XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES
” Babagnack le sorcier gît par terre
Consumé par les flammes de l’enfer.
Des jurons, ne pouvait-il que dire
Du village de Ndiki-Nen et pour finir
Le brave Yingui s’en alla sans le maudire
Ô Ciel, notre avenir ne pourra pas ternir. ”
Cette turlurette fut simultanément psalmodiée à l’occasion en chœur par tous les villageois. Mais une seule personne ne vocalisait pas : Tamack. Il se mit en retrait et s’assit derrière le grand manguier, son dos face au tronc et pleura recroquevillé le front posé sur les genoux. Le quatuor de nobilité alla le retrouver.
– Tamack, es-tu en train de pleurer ? Demande le premier.
– Pas du tout honorable, dit-il empressement en se levant.
– Reste assis, fils valable de Ndiki-Nen. Continue son interlocuteur.
– Honorable, c’est à cause de la fumée. Je vous le jure.
– N’aie pas peur Tamack, nous t’accordons une aveugle confiance.
Puis il lui tapota l’épaule gauche et avança suivi par ses collègues, avant de s’arrêter :
– Sois dit en passant, as-tu aperçu l’ombre des filles dans cette maudite fournaise ?
– Non ! Honorable, mais je pense fortement qu’elles sont mortes dans l’incendie…
– OU QUE CE MALADE A PU LES AIDER À S’ÉCHAPPER ! IMBÉCILE ! Gronde le cinquième.
– Tu étais censé veiller à ce que personne ne survit Bélître ! Critique le deuxième.
Sans se faire prier, le cinquième se dépêcha de retrouver la bande de citadins qui était toujours là à regarder la dépouille de Babagnack se consumer.
– COMMUNIQUE ! À tous les hommes ici présents, et même ceux restés chez eux, demain dès la première minute à l’aube, partez à la recherche des sorcières Amita et Melal. Si vous revenez ici sans leurs têtes, changez de village.
Les filles de Babagnack continuèrent d’avancer plus profondément dans les bois. Mais de temps en temps, elles se retournaient pour voir si leur père accourrait derrière au loin. Que ne fut leur accablement lorsqu’elles se rendirent compte qu’il n’en était rien.
– Serrons le cœur, ma sœur Melal. Nous devons continuer à courir. Courir et seulement, courir jusqu’à ce que nous ne sentons plus nos jambes et nos pieds.
Elles fendaient l’air à en perdre l’haleine comme si le diable était à leur trousse. Elles firent cela pendant des heures sans quiétude et relâche.
– Ne nous arrêtons guère, ma petite-sœur, continuons de nous hâter de courir. Père connaît très bien la forêt. Il nous retrouvera. Courage ! Allez !
Bientôt, le ciel s’éclaircissait de plus en plus. Il fallait vite trouver un endroit où se cacher, mais ne pas aussi perdre de vue leur père qui allait les rejoindre. Elles choisirent d’escalader un végétal fort feuillu, tellement haut perché qu’elles pouvaient distinguer au loin une ombre malgré l’obscurité. Mais rien ! Toujours rien ! Juste le paysage sauvage de la végétation dense. Fatiguées, elles décidèrent de se coucher tant bien que mal sur les branches épaisses en évitant de se retrouver au sol.
Le matin, lorsque Amita réveilla Melal, celle-ci voulut partir à la recherche de leur père. Mais sa grande-sœur l’en dissuada :
– Melal nous devons écouter et obéir à Père. Il a promis qu’il nous retrouvera et il tiendra parole.
– Non ! grande-sœur, je suis convaincue que le pire lui est arrivé
.
– Ne dis plus ça ! Melal, tu m’entends ? N’y penses même plus !
– Que devons-nous faire alors, ma sœur ?
– Nous devons juste rester là et l’attendre.
Plusieurs jours passèrent, durant lesquelles elles ne se nourrissaient que d’insectes, de plantes et de fruits.
Elles finirent par se résigner à la mort de leur papa bien-aimé, car ce dernier pour rien au monde ne les aurait laissé complètement perdu toutes seules dans la forêt sans faire signe de vie. Alors Amita convainquit sa cadette de quitter pour de bons cette place. Il n’y avait plus d’espoir pour elles. Comprenant cela, elles se mirent à pleurer de chaudes larmes enlacées l’une contre l’autre.
Après avoir repris courage, elles s’enfoncèrent encore plus profondément, désorientées, tristes, désespérées jusqu’à ce qu’elles arrivèrent devant un vieux pont très délabré qui tanguait et menaçait de se rompre à n’importe quel moment, même peut-être par la force du vent. Melal prit peur à l’idée de le traverser.
– Amita es-tu sure que nous n’avons vraiment pas d’autres choix ? Nous pouvons toujours retourner à Ndiki-Nen. Père est surement en prison et il nous attend.
– Melal, allons y ! C’est trop risqué de rentrer au village. C’est la seule route qui s’offre à nous. Ô Ciel! je ne sais même pas. Où sommes-nous ? Où allons-nous ?
Amita avait finalement eu la présence d’esprit que si elles repartaient au bourg, on les supprimerait sans ménagement. Elle la rassura que tout allait bien se passer, qu’elle devait être très courageuse. Puis elle encouragea sa cadette à passer la première parce qu’elle était moins lourde. Melal opposa résistante, quand soudain elle vit derrière sa sœur un groupe d’hommes armés qui marchaient vers leur direction. Elle lui fit signe discrètement, sans faire de bruit.
Amita alla se cacher derrière un buisson et ordonna à sa sœur de traverser sur-le-champ.
À SUIVRE…
C’est de plus en plus intense cette histoire !