XVIII – PROVIDENCE (18)

3 mins

SOMMAIRE :

PROLOGUE ( SVP pas encore)

I– CHARITÉ FUNÈBRE

II– LA MORT RÔDE TOUJOURS

III– SUSPECTIONS COLLECTIVES

IV– JUGEMENT PARTIAL

V– OSTRACISME

VI– LA SÉPULTURE DE PIFANDA

VII– LE POINT DE NON-RETOUR

VIII– LE COURROUX DE BABAGNACK

IX– L’IMPRÉCATION

X– LE FAMLA

XI– CONJURATION MALÉFIQUE

XII– LE COMPTE À REBOURS

XIII– RÉVÉLATION INOPPORTUNE

XIV – DIABOLIQUES !

XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES

XVI – SÉPARATION ÉTERNELLE

XVII – L’ÉVEIL DE LA DESTINÉE


XVIII – PROVIDENCE

                   Sans avoir le temps de protester, Melal se réveilla, secouée par une force invisible. Une voix résonnait dans sa tête : 

 ” Reprend vite tes esprits et lève-toi ”

Promenant lentement ses yeux autour d’elle, Melal reconnut sans effort cette grotte, où elle avait depuis trouvé refuge. Le toit était comparable à des morceaux de cristal incrustés par ci et par là comme une galerie de glace, avec des croix dorées qui scintillaient comme le ciel étoilé d’une belle nuit.

– Tiens, mais c’est curieux. J’aurais juré n’avoir rien vu la veille… Mais oui, il faisait si sombre.

Elle continuait d’admirer cette vision qui semblait flotter au-dessus d’elle. Quand soudain, tout disparut et l’obscurité refit place dans l’excavation. La fillette de onze ans se mit à pleurer.

– J’en ai assez ! Je voudrais rentrer dans ce doux rêve et ne plus revenir.

Puis elle implora sa mère.

– Mère, ayez pitié de moi. Si je retourne au village, je me ferai tuer.

Elle était perplexe, ne sachant que faire. De plus, elle était si lasse de réfléchir, tellement fatiguée et affamée qu’elle se rendormit. Heureuse fut-elle, lorsqu’elle la revit encore, toujours  assise à l’extérieur de la case, comme si elle avait attendu qu’elle revienne. Mais cette fois-ci, Dadama était furieuse. 

” Que t’ai-je dit Melal ? Pourquoi refuses-tu de m’écouter ? Lève-toi et rentre au village. Arrête de flemmarder ”

Piquée d’une vive douleur, elle se réveilla brusquement, et vit un gros moustique gris sur son bras droit. Elle secoua son membre pour le chasser. Reprenant peu à peu ses esprits, elle quitta enfin la caverne pour faire demi-tour. Cette petite marchait comme un zombie pendant des heures, livide, haletante, titubante avant de tomber au sol comme un couperet . Mais avant de perdre connaissance, Melal eut le temps de voir au loin, un groupe d’hommes qui avançait vite vers elle.

À son réveil, elle était étendue sur les décombres de son ancienne maison. À l’écart, les villageois ravis, attroupés autour d’elle. Certaines femmes poussèrent des gémissements de soulagements lorsque la fifille ouvrit les yeux, tandis que pour la plupart, les regards n’exprimaient que de l’aberration et de la cruauté. Elle, par contre, les dévisageait avec bonté et amour jusqu’à ce que le chef Yingui apparut avec ses notables. 

– Tu pensais vraiment que tu pouvais nous échapper, sale sorcière ! Lui crie le cinquième.

– Vos malédictions s’arrêtent ici et aujourd’hui même. Profère le premier, pendant qu’une silhouette semblait vouloir passer devant lui.

Sur ce, le deuxième jeta une tige de bois enflammé près d’elle et un grand feu jaillit. Effrayée, Melal eut le réflexe de fuir, mais cela n’était pas possible. Elle avait été solidement attachée, puis maintenue contre une masse de pierres dures, liée à son tour contre de gros morceaux d’arbre qui lui couvraient le corps, excepté sa tête. Une exhalaison d’alcool et d’huile se dégageait. Bientôt, le bûcher devint si puissant, qu’il obligea tout le monde à reculer. La pauvre criait de douleur malgré le peu de force qui lui restait. Avec quelle frénésie, elle s’agitait pour se libérer pendant que tous riaient aux éclats, même les enfants. Étouffée par la fumée, la fille de babagnack finit par sombrer dans l’inconscience. Elle savait qu’elle était en train de mourir.

Durant quelques secondes, elle revit toutes les belles années, qu’elle vécut dans son cocon familial et les grands moments de sa vie. Elle se sentit flotter dans les airs, légère comme une plume, enveloppée d’une douce clarté blanchâtre. Elle baissa les yeux pour voir ce qui se passait en dessous. Elle ne vit que des nuages blancs, mousseux et cotonneux. Libre, apaisée et  méritoire étaient ses sensations. Des larmes de joie coulèrent sur son visage serein. Planant ainsi, jusqu’à ce qu’au loin, elle aperçut sa demeure. Elle décida de s’y rendre, pour les revoir, peut-être une dernière fois.

Elle atterrit par terre devant le vestibule principal et ouvrit la porte. Dadama était assise, toute seule et la dévisageait froidement. 

– Mère, tu m’as dit de revenir au village. Alors, regarde ce qu’ils m’ont fait. Je suis fatiguée de souffrir. Je n’en peux plus. Je veux rester ici avec vous pour toujours.

” Melal ma fille, ne perd jamais espoir et n’abandonne pas notre combat. S’il te plait, garde la foi. Tu dois réparer les erreurs de ton père. N’aie pas peur, je veillerai toujours sur toi. ”

Melal s’éveilla, prisonnière de flammes ardentes.

À SUIVRE…

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