Il est midi, c’est l’heure du repas. Ma sœur et moi sommes assis sagement à la table de la cuisine sur nos chaises trop basses. Nos têtes dépassent tout juste au-dessus de la toile cirée.
Les assiettes volent, papa est en colère.
Maman est debout, elle s’est réfugiée dans un coin de la pièce, elle pleure. Ma frangine semble tétanisée. J’observe mon père, fasciné. Je n’ai pas peur, comme si tout ça participait d’une scène de cinéma. Un scénario violant juste pour faire frissonner les enfants. Comme si tout ça n’existait pas, un rêve, un mauvais conte de fées.
J’ai aperçu des images de soucoupes volantes l’autre jour dans le magazine « Detective » que lisaient mes parents. J’ai demandé à maman. Elle m’a expliqué que c’était un phénomène étrange, que les scientifiques appelaient cela des O.V.N.I, qu’il était probable que ces engins proviennent de lointaines planètes habitées par des extra-terrestres, des petits hommes verts.
Les petits pois qui jonchent maintenant le parterre de la cuisine m’y font penser.
Au fond, je sais que papa nous aime, qu’il fait tout ce qu’il peut pour nous aimer. Il a fait la guerre d’Algérie, il en est revenu tout cabossé. Mais ça, je l’apprendrais bien plus tard de la bouche de ma grand-mère qui tentait alors de répondre à mes interrogations sur le passé.
Merci pour ce texte. On s’imagine bien la scène avec la précision des descriptions. "Il a fait la guerre d’Algérie, il en est revenu tout cabossé", est-ce vraiment une raison suffisante pour cette colère ?
Elle explique, elle permet de comprendre, elle n’excuse en aucun cas