Les Dames de la Forêt (Prologue)

2 mins

Prologue.

L’obscurité qui pénétrait la forêt la rendait si angoissante que la belle avait hâte de quitter le tunnel de verdure. Elle n’ignorait pas que la clarté lunaire animerait bientôt le corps des êtres de la nuit. Elle les devinait sournoisement tapis dans le sous-bois. Ce n’est que lorsque l’image d’un espace sans ride lui fut apparue qu’elle se sentit enfin rassérénée. C’était un lac au calme étrange, plus sombre et sournois qu’une entité vivante ! Elle le savait pourtant placide et protecteur d’un lieu invisible à d’autres qu’elle, un lieu d’antinomie qui la conduisait à revenir obstinément.

Hélas ma Dame ! ce lac, vers lequel vous allez, est d’autant plus mythique, qu’il ne se révèle qu’à de rares moments où votre imagination fébrile, se décuple par l’éclat diffus de la lumière solaire que vous renvoie la lune. Et même, si cette fois encore, l’étrange barcasse au ventre plat est venue seule, agissant comme le ferait une avenante caravelle sans capitaine, sans mats ni voilure, glissant délicatement tel un cygne qui aurait été posé là, timide et majestueux sur l’eau noire, par un elfe malicieux, mais n’allant cependant vers vous, que pour s’arrêter juste à vos pieds… Vous craignez pourtant ma jolie d’embarquer pour l’autre bord du miroir liquéfié. Votre cœur bat comme tambourinaire horloger, pauvre proie de chair palpitante. Pauvre chose. Certes vitale. Mais offerte. Comme posée, dans le creux de la main d’un destin chagrin qui la broie à dessein.

Il vous semble que la traversière enchantée vous invite à monter à son bord. Alors, enfin, voici que vous en convenez. Vous-vous êtes décidée et c’est alors qu’à peine vous êtes-vous installée sur la banquette de bois capitonné de cuir rouge, que l’eau noire, étrangement conciliante, accepte de mouvoir doucement l’esquif et sa passagère… lors vous voici même étonnée d’atteindre déjà la rive opposée !

Sitôt accostée, vous avez emprunté le court sentier desservant le petit embarcadère. Et c’est ainsi qu’à présent vous vous dirigez vers la lumière… marchant doucement jusqu’au pied d’un large escalier donnant accès à une grande bâtisse.

Dans ce décorum, tout là-haut s’aperçoit une porte gigantesque.

Allez ma Dame ! vous êtes superbe de courage ! oubliez les froissements inquiétants ! oubliez ces petits êtres invisibles qui vous épient gentiment, comme autant le feraient quelques farfadets certes chahuteurs. Dites-vous de ces feintes qu’elles sont le fruit fortuit de quelques feuilles défuntes, tombant naturellement des arbres, jusqu’à atteindre les fourrés pour y dormir à jamais… Et puis vous ne sauriez maintenant reculer. Alors, montez donc à présent cet escalier bancal. Faites cela avant que tout ne s’arrête de cet équilibre bienveillant ! Quand bien il vous semblerait devenir pire : même si le silence se fait entendre, ce pourrait bien être par complicité. Un peu comme si le temps lui-même serait soudain suspendu… sinon que troublé par le rythme ascendant de votre cœur pétri d’angoisse.

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2 Commentaires
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LR Emie
5 années il y a

j’ai rien compris il y a trop de mots savant 🙂

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