L’épaisse brume s’écrasant sur les routes de campagne, c’était cela ma plus grande peur.
Bien sur ce n’était que de la brume, mais elle m’effrayait.
Pour quelle raison un événement naturel aussi simple pouvait me faire si peur ?
N’était-ce pas dû à ce jour ?
Une fois, proche du soir, j’étais sur une de ces petites routes bordées de fossés sillonnant les verts champs. Je ne faisais que rentrer chez moi, chaque jour j’empruntais ce chemin où ne passais que très rarement des voitures. Mais, ce jour-ci n’était pas comme tous les autres. Il n’y ressemblait en rien. La brume était épaisse, un peu plus que la normale, le froid commençait à glacer ma chair, la nuit tombait rapidement, les rayons du soleil faiblissaient, et j’étais encore bien loin de chez moi.
Mais si ce n’était que cela, je serais en parfaite santé aujourd’hui.
En réalité, ce jour-là, une voiture blanche, légèrement jaunie par le temps, s’était arrêtée non loin devant moi. Une femme sortit du côté passager, et se pencha au-dessus d’un des fossés bordant la route. Ma première réaction fut de penser au mal des transports, pour moi c’était cela qui s’attaquait à cette femme. Je pense à présent que ce n’était pas vraiment ça le véritable mal qui s’en prenait à elle.
La femme était encore semi penchée au-dessus du fossé lorsqu’elle me jeta un regard, elle semblait triste je crois, ou apeuré, et soudainement elle tomba dans le fossé de manière peu habituel, elle semblait attirée par quelque chose dans ce fossé. C’était l’impression que ça me donnait de là où j’étais.
Quelques instants après sa chute, une seconde femme sortit de la voiture, cette fois-ci côté conducteur. Elle était habillée d’une longue robe blanche, en réalité il n’était pas là une robe habituelle, on aurait cru voir une jeune mariée. Elle semblait un peu perdue au milieu de la route, elle n’est même pas allée voir l’autre personne, on aurait plutôt dit qu’elle venait vers moi.
J’étais fort surprise par l’enchaînement des événements, et je faisais comme si il ne s’était rien passé, et je marchais naturellement tout en m’approchant du véhicule, et notamment de cette personne étrangement vêtu.
À ce moment-là, il s’était passé tellement de choses que c’est toujours confus dans mon esprit.
Le moteur de la voiture venait de se rallumer, la femme sur la route commençait à verser des larmes, des sanglots semblaient venir aussi du fossé. Et soudainement, la mariée pressa le pas en ma direction, il me semble que mon esprit n’a pas directement compris, elle semblait si triste, mais si malfaisante dans son regarde. Je n’ai rien fais consciemment, mon esprit semblait tout contrôler, comme pour me protéger. J’étais, sans réellement m’en rendre compte, déjà en train de courir dans la direction opposée à la femme… et quand je fus assez loin, une fois que la brume nous séparait assez, mon esprit m’a redonné le contrôle, et je me suis assise sur le bord de la route pour réfléchir à tout ceci.
Alors que je n’étais pas encore remise de mes émotions, j’ai vu passer une voiture, d’un blanc fort jauni par le temps, me passer devant. Et à son bord une femme qui semblait malade, elle tenait un mouchoir de tissu blanc devant sa bouche. Et du côté conducteur, une autre femme habillée d’une longue robe blanche, comme celle que portent les mariées. Toutes deux me lançaient un regard au même instant, un très court instant, c’était un regard vide ; vidé de toute expression …
Alors oui, probablement que ma peur de la brume vienne effectivement de ce jour-ci, ou bien est-ce pour autre chose… quelque chose de différent, quelque chose de plus profond…