A ses pieds – partie 3

3 mins

Leur première rencontre remontait à plus de deux ans de cela, lors d’une grande soirée de gala pour une association caritative. Il fallait avouer que c’était en vogue chez les riches et les grandes personnalités du show business. Se présenter à ce genre de réception et faire un don, vous assurez une bonne image de marque. Se dorer le blason faisait parfois foi de nécessité. Son regard avait croisé le sien, des amis lui avaient parlé des rumeurs qui couraient sur son “orientation sexuelle déviante” et le terme était faible. On le disait gay, adepte du sadomasochisme. Qu’il avait soumis plusieurs hommes à sa dictature. John, au début, avait du mal à imaginer qu’un joueur professionnel de Football américain soit capable de cela. Les sportifs étaient avant tout des mecs au QI de crevette. Alors un footballeur… maître SM, cela résonnait comme une bonne blague.

Rapidement, cependant, cet homme s’imposa dans tous les lieux où lui avait fenêtre sur rue. Des clubs libertins haut de gamme en passant par les boîtes de nuit. Autant dire que cela ne lui plaisait pas du tout. Steven lui tapait monstrueusement sur les nerfs. Cela le poussa à faire des recherches sur lui qui fit qu’il tomba sur une vidéo dont il n’aurait jamais cru la véracité de cette dernière si le sportif n’y avait pas été à visage découvert. Dans cette dernière, il humiliait et dressait un esclave. Une heure… une heure à se moquer d’abord, puis à frémir et se remuer sur son siège de direction. Bandant comme un taureau. À la fin, il avait dû aller se prendre un grand verre de Whisky qu’il vida d’un trait pour se calmer les nerfs.

Depuis ce jour-là, il ne considéra plus Steven sous le même angle. Il le haïssait. Autant par le fait qu’il avait bandé en visionnant ce qu’il avait fait à la larve qui se pavanait à ses pieds, mais aussi parce qu’il ne pouvait plus s’empêcher que d’aller sur le fameux site pour aller consulter chacune de ces nouvelles vidéos. À chaque fois, c’était le frisson, l’excitation, la gêne, l’envie, la honte, mais aussi la jouissance quand il finit par se masturber devant. Une drogue douce. Une drogue dure, car on ne pouvait plus s’en passer.

John était connu pour tyranniser ces employés et encore plus ces assistantes personnelles qui fondaient souvent en larmes tellement il était dur avec ces dernières. Il ne permettait aucun écart, aucune erreur. La moindre faute était sanctionnée sévèrement et la plupart du temps par le licenciement. Autant dire qu’il possédait une très mauvaise réputation de dictateur et de patron à problème. Fils d’un ingénieur, programmeur autodidacte, il représentait l’incarnation du rêve américain. La création d’un programme et d’une application destinée à la sécurité nationale, lui avait fait obtenir des millions. À présent, la Parks industrie se divisait en deux structures : des bureaux High-tech dans la silicone vallée et un immeuble administratif à L.A où il résidait à présent.

Autant dire que personne n’aurait pu imaginer que cet homme de trente-deux ans, symbole de la réussite dans un pays comme les USA, avait des penchants masochistes et fondait en extase devant des vidéos perverses SM. John non plus soit dit en passant. Et cela lui tombait dessus pour devenir lentement, mais sûrement une drogue qui coulait dans ses veines, le poussant à vouloir en voir encore plus. Le vice l’avait conduit à aller – dans la plus grande discrétion – voir des maîtres sadomasochistes pour qu’on lui fasse des démonstrations. Qu’on lui explique les choses. Qu’on lui montre les règles étranges de ce monde charnel qui lui était inconnu jusqu’ici. Le millionnaire se mit à participer en tant que spectateur à des soirées SM. Il voulait en voir toujours plus. L’envie de se trouver à la place des esclaves ne se faisait que plus grande encore et plus il tentait de se sortir la tête de l’eau, plus il sombrait dans ses envies. Il ne comptait plus le nombre de fois où pendant ces rendez-vous sexuels, il s’était discrètement assis dans un coin pour se masturber. Se caressant sans même avoir besoin d’ouvrir son pantalon pour cela et jouissait en serrant les dents. Son boxer tâché par la folie qui l’habitait durant ses petites démences qui s’emparaient de tout son être.

Toutefois, il n’en demeurait pas moins le fait qu’un seul homme le rendait fou de désir et lui faisait brûlure le creux des reins comme personne : Steven. Encore et toujours lui. C’était à ses pieds qu’il voulait finir. C’était sa façon de dominer qui lui plaisait. C’était son art de rabaisser un homme qui le rendait brûlant comme de la braise.

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