La lumière des lampes du magasin devint soudain plus claire et je pouvais entrevoir au travers des baies vitrées la nuit qui se faisait plus épaisse. Je m’informais de l’heure qu’il était sur l’écran de mon cellulaire, intrigué par le temps qui passait vite. Les lueurs du crépuscule qui m’ont accueilli à mon arrivée avaient déjà laissé place aux lueurs pâles de la lampe qui illuminait le porche du magasin. Je me tenais droit debout et évitais de me déplacer sur mes côtés pour garantir mon rang dans la queue d’attente vers la tenante de la caisse.
La demoiselle au comptoir avait un sourire fort aimable et mes yeux qui appréciaient la grâce de ses gestes commandaient le reste de mon corps de ne pas s’impatienter. Elle porta enfin son regard sur moi et hocha la tête pour m’indiquer que je m’avançasse, pendant que la petite famille qui me précédait sortait de l’enceinte. Je ne semblais cependant pas avoir décrypté son invitation à passer à la caisse car je ne m’exécutais pas. Je sentis alors une tape dans mon épaule qui me fit bondir brusquement vers l’avant d’un grand pas.
J’osais espérer qu’elle n’eût pas compris ce que mon regard maladroitement insistant signifiait. Mais je me trompais, et la gêne qu’elle laissait paraitre me contamina. Je ne pris pas la peine de vérifier la valeur du reçu qu’elle me rendit, et je survolai furtivement la monnaie qui l’accompagnait, comme pour m’extirper le plus rapidement possible de la scène. Je grimaçais un léger rictus pour la remercier tout de même de son chaleureux service et entamais alors à pas mesurés le trajet retour vers chez-moi.
Une belle tranche de vie ! Un de ces moments !