Les Crapules de la Cabane – Chapitre 25

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                                           Chapitre 25 : Rédemption

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La douleur dans mon épaule s’estompait progressivement, et j’avais froid. Très froid. Je ne ressentais plus que la fraiche humidité du tissu gorgé de sang, collé à ma peau. La souffrance était signe de vie, alors que la disparition de celle-ci signifiait que la fin était proche. Épuisé, je n’avais plus l’intention de lutter, je m’en remettais au destin. J’étais prêt. J’acceptais enfin mon sort. J’aurais tout de même voulu avoir l’occasion de m’excuser. Auprès d’Angus, de Taz, d’Olivia, et même de Mohan. Surtout auprès de Mohan. J’ignorais ce qui leur était arrivé, si comme moi ils étaient en train d’agoniser quelque part, ou s’ils avaient réussi à sauver leur peau. J’en doutais. Mais j’aurais voulu les appeler, quitte à laisser un message plein de repentance et de sanglots incompréhensibles sur leurs boites vocales, au moins pour la forme. Même dans cette dernière volonté, j’avais échoué. Mon portable avait fini par se décharger, la batterie vidée par la fonction lampe torche que j’avais utilisée jusqu’à la fin.

Ma clope encore entre les doigts, s’était consumée toute seule, ne laissant qu’un tube de cendres jusqu’au filtre. Je n’avais même pas eu le cœur de m’intoxiquer une dernière fois. Les paupières lourdes, elles cessèrent de se faire violence pour maintenir mes yeux ouverts. Je me sentais presque bien, apaisé, soulagé de savoir que tout serait bientôt terminé.

Les quelques photos de la bande au complet posées sur ma poitrine, une main les recouvrant avec affection, j’avais tout ce qu’il me fallait. Fatigué de ruminer mes erreurs, les regrets s’étaient envolés pour me laisser mourir en paix. Je n’avais plus qu’à attendre que la Faucheuse vienne me chercher.

Affaibli, les yeux clos, plongé dans un semi sommeil particulièrement relaxant, une mélodie s’éleva peu à peu dans mon esprit engourdi. « Alright », une chanson de Pilot Speed que j’adorais. La voix de Todd Clark semblait s’exhaler du fin fond de la cave et je fredonnais avec lui les paroles de cet air tout à fait à propos.

— Tonight I lack the strength to even move… When you walked, now watch me die… soufflai-je dans un murmure presque sourd, les lèvres à peine mobiles.

Tout juste conscient, les sens toujours en éveil, je restai sans réaction quand mes oreilles furent chatouillées par un grincement. La porte. Elle venait de s’ouvrir. Je l’avais deviné au bruit, sans même ouvrir les yeux. Les deux types m’avaient retrouvé. Ils venaient pour m’achever, à coup sûr. Ça m’importait peu. J’avais accepté la seule issue envisageable au chaos que j’avais créé. Et je l’avais méritée. Tant de gens avaient perdu la vie par ma faute, c’était mon tour.

Je percevais quelques chuchotements, mais refusais d’ouvrir les yeux. C’était inutile. Je voulais préserver cet état de plénitude afin de lâcher la rampe sereinement. C’était la seule chose qu’on ne me prendrait pas. Une fin enviable. Mourir d’une blessure par balle, ça faisait quand même très gangster. Les voisins en parleraient pendant des semaines ! Je préférais ça, à la révérence minable que nous avait tiré Lenny Peterson. Se pisser dessus en poussant son dernier souffle, affalé sur son lit, dans un appartement miteux, non merci. Ma mort à moi, elle avait de la classe au moins ! Cela dit, elle ne le serait que si mon corps était retrouvé à temps. J’allais peut-être me décomposer ici, jusqu’à devenir poussière, et personne ne saurait jamais ce qui m’était arrivé.

Alors que je commençais à m’inquiéter de ce qu’allait devenir mon cadavre, un claquement résonna dans la grotte voutée, dans un écho piquant, et je sentis une chaleur, piquante elle aussi, au niveau de ma joue. Est-ce que j’avais rêvé ou quelqu’un venait de me gifler ?

— Putain de merde, tu vas ouvrir les yeux, sale fils de pute ?! s’égosilla une voix désespérée.

Une autre s’ajouta à la panique ambiante que je percevais facilement, malgré ma demi-conscience.

— T’as pas le droit de crever ! Réveille-toi, sinon j’te tue !

Une pression désagréable s’exerça sur mon épaule blessée jusqu’à se transformer en douleur insupportable. J’ouvris les yeux d’un coup, pris d’un spasme violent et me mis à beugler comme un veau.

— Mais putain ! C’est quoi ce…

Malgré le peu de luminosité, je distinguais quatre silhouettes, accroupies à mon chevet. Et je les reconnues immédiatement, grâce à la couleur jaune des baskets de Taz qui, malgré la pénombre, restaient particulièrement visibles. C’était bien la première fois de ma vie que j’étais heureux de voir ces saletés de godasses ! Ils étaient là. Ils étaient tous là. Les Crapules au complet, et Olivia, tous en vie.

— Est-ce que je suis en train d’halluciner ? demandai-je en clignant des yeux avec frénésie. Ou alors, on est tous morts, c’est ça ?

— Ouais, c’est exactement ça. Comme dans la série Lost, tu t’rappelles ? Quand à la fin on découvre… commença à m’expliquer Mohan.

— Ta gueule ! Me spoile pas, crétin ! J’ai pas encore vu la fin ! l’engueulai-je, comme réanimé par miracle.

— Ça fait genre dix ans que la série est finie. Si tu l’as pas regardée jusqu’au bout, tu le feras jamais ! me fit remarquer Angus.

— T’as raison… De toute façon, j’vais crever ici.

— Dis pas ça ! On a déjà appelé les secours, ils arrivent. Tu vas t’en sortir, promis ! me rassura Olivia.

Tous se tournèrent vers elle, incapables de dissimuler leur inquiétude concernant mon état de santé et mes chances de survie.

— Si ! J’vais crever ! J’le vois dans vos yeux, bande de péquenauds !

— Mais non. Arrête un peu ton mélo… s’exaspéra le binoclard avant de m’adresser un sourire complice.

Malgré la situation critique, il parvenait à me dérider. Il aura quand même fallu que je me fasse trouer la peau par une balle pour qu’on réussisse à mettre de côté nos différents. Si j’arrivais à survivre à ça, ils n’avaient pas fini de m’entendre râler à ce sujet !

Taz se pencha vers moi, l’air désolé.

— Tu sais, moi, j’étais pas au courant pour Mohan et Olivia, chuchota-t-il à mon oreille.

— Je sais, t’en fais pas, répondis-je simplement, pour le déculpabiliser.

Mohan posa un genou sur le sol terreux et humide de la cave pour se rapprocher, à son tour. Il attrapa la manche ensanglantée de mon t-shirt du bout des doigts, quand je saisis son poignet pour le stopper.

— Qu’est-ce que tu fous, grand malade ?! Touche pas !

— Détends-toi ! J’regarde, c’est tout !

— T’as pas besoin de regarder ! Touche pas, j’te dis !

— Allez, laisse-nous voir, merde ! C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’admirer une blessure par balle ! tenta de me convaincre le barbu. En tous cas, j’espère ce que sera la dernière.

— Non ! Foutez-moi la paix ! Et puis tirez-vous vite fait, avant que les deux tarés ne débarquent avec leurs flingues !

— Ils risquent pas de débarquer, t’inquiètes pas, m’apaisa à nouveau la jeune femme.

— Mais si ! C’est des enfoirés de chiens enragés, j’te jure ! Ils lâcheront pas l’affaire !

— T’inquiètes, on te dit ! Ils se sont fait gauler par les flics ! m’affirma Mohan.

— Quoi ?

— On les a vus se faire embarquer, menottes aux poignets. On risque plus rien, ajouta-t-il.

— T’es sûr ? insistai-je.

— Puisque j’te l’dis !

Le soulagement qui m’envahit fut si percutant que j’en avais la tête qui tournait. Une main sur le cœur, je soupirai bruyamment d’exaltation dans un rire profondément pathétique. Mohan profita de cet instant de distraction pour remonter la manche de mon t-shirt.

— Je t’ai dit de pas toucher, putain ! hurlai-je.

— Mais… s’étonna-t-il, en ouvrant grand la bouche, les yeux rivés sur ma blessure. Mais, t’as rien du tout ! Espèce de drama queen de mes deux !

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2 Commentaires
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O. DeJavel
1 année il y a

Il n’a rien ?

Encore une surprise !

Ouf ! Adieu la sanctification… Là, c’est retour à sa crapulauté, en espérant que ça se dise ! Mdr.

Tous au 26 !

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