Chroniques du silencieux au fond de la classe.

12 mins

La salle était vide.  

Bizarre.  

    On m’avait pourtant bien affirmé que ce que je cherchais était ici. Malheureusement, pas le temps de fouiller plus longtemps, la pause de midi touchait à sa fin et M. Algo ne tolérait pas les retards.  

    C’était pourtant étrange. Logiquement il ne pouvait être nulle part d’autre. En plus, j’avais entière confiance en Hec. Sans doute que lui avait été désinformé par sa source mystérieuse. Tant pis, je lui en parlerai en cours d’histoire… si j’arrivai à l’heure.  

    La sonnerie retentit au moment où je rentrai dans la salle. Pour faire une bonne première impression à ma classe, j’étais essoufflé après avoir monté les deux étages en courant, et j’étais le seul à être arrivé pile à l’heure. Tous levaient la tête au moment où je fermai la porte derrière moi. Leur regards rivés sur moi me donnaient presque l’impression que j’étais en retard. Presque.  

    Je pris place au fond, prenant soin de ne pas regarder le bureau du professeur avant de m’être assis. Une fois confortablement installé  je levai le regard vers le tableau. Je croisai le regard de M. Algo. Il haussa un sourcil, comme si il me demandait ce qu’il se passait. Il détourna le regard, et je jetai un coup d’œil vers le tableau.  

    Le cours allait porter sur Dreyfus. J’avais déjà vu cette matière avec mon ancien professeur. Dreyfus était un soldat Français faussement accusé d’espionnage si je me souvenais bien.  

    Une fois mon livre d’histoire ouvert, je me mis à observer les élèves qui composaient la classe. Le mois dernier mon ancienne classe avait été dissoute et remélangée dans les autres classes à cause d’une chaîne d’évènements qu’on avait eu du mal à suivre.  

    Je reconnaissais cinq élèves de mon ancienne classe. Au premier rang, Mary. Elle m’avait balancé pour avoir aidé un élève pendant un test. Merci Mary. Juste derrière elle, Set était en train de bailler sans le cacher. Il avait un mauvais caractère, mais des bonnes notes donc les professeurs le laissaient tranquille. Assises au bancs près des fenêtres se trouvaient les blondes avec un grand B, Julia et Audrey. Elles étaient sympas. Et enfin, à ma droite se trouvait Hec.  

    Enfin, aurait dû se trouver Hec.  

    Nom de Nom, où est ce qu’il était encore passé celui-là ?  

    Heureusement, M. Algo n’était pas du genre à faire l’appel, jugeant que c’était une perte de temps et que de toute façon les autres professeurs le faisaient. Il était en train de parler du communisme.  

    Un bruit de stylo-bille qui tombe attira mon attention. Je reconnaissais ce son. C’était le son de notification de mon portable. Encore une preuve que l’école ne mesure pas l’intelligence : je peux recevoir toutes mes notifications en classe, sans que personne ne se doute du fait que c’est mon portable qui sonne. Pourtant je plafonnes à 12/20 de moyenne. Notons que ça fonctionne moins bien quand on est populaire, faire tomber son stylé vingt fois par cours est un peu indiscret.  

    Je sortis discrètement mon portable de mon sac et jetai un coup d’œil à l’écran.  

    « Je sèches, suis avec L »  

    Seigneur. Il était en train de bécoter sa copine. Et il séchait pour ça. Et surtout il laissait son pote en plan pour ça.  

    Je rangeai mon portable en soupirant et décidai de laisser tomber pour la journée, je l’interrogerai demain au sujet du parapluie.  

 

     Ayant eu mes deux derniers cours sans Hec, je décidai de sans tarder rejoindre la salle 22B. C’était une salle de classe vide, dont j’avais les clefs. Officiellement cette salle servait au « club de journalisme » de l’école. Bonne blague. D’une part le « club » c’était moi, et moi seul, d’autre part le « journalisme » était mort puisque c’était surtout l’école qui me disait quoi rédiger, que le journal était vérifié et qu’il y en avait qu’un par semestre. 

    Enfin bref, la classe me servait surtout de salle d’études privée, et d’endroit où faire la sieste discrètement quand l’urgence s’imposait. Quelque fois tout de même il m’arrivait d’écrire un article sur une affaire de harcèlement où une bagarre, c’était une manière pour l’école de calmer les choses pour montrer aux élèves que les profs étaient au courant de ce qui se passait, sans qu’ils aient à l’exprimer directement. Cette méthode permettait de calmer les esprits en évitant que les problèmes n’escaladent.  

    En ouvrant la porte je senti que quelque chose n’allait pas. Une douce odeur émanait de la pièce. Je me figeai un instant. Quelqu’un était à l’intérieur. Pire que tout. Une fille. Mon anxiété sociale remontait à la surface. Je voulais refermer la porte et repasser demain. Seigneur, bruit du stylo qui tombe, sans doute un message de Hec. Je commence à doucement lâcher la poignée de la porte. Je sens la poignée tourner dans ma main. La porte s’ouvre.  

    « Tu rentres ? »  

    Un ange tombé du ciel. Ou remonté des enfers, on ne sait jamais avec les filles. Elle était belle en tout cas. Pas jolie, belle.  

    « ouioui » je balbutia. Rapide analyse des choses. Elle était entrée sans la clef, donc quelqu’un lui avait ouvert la porte. Elle m’a ouvert la porte, donc elle attendait quelqu’un. Les profs savent que seul moi vient ici.  

    La conclusion était terrible. Elle m’attendait moi. Je me fit la réflexion que sa voix et son regard étaient plutôt froids pour quelqu’un qui, je pensais, m’attendait.  

     Pour le reste, la classe 22B était comme d’habitude. Des armoires tout au long des murs, quelques bancs complètements désordonnés et une pile de chaises à gauche de la porte. Je pris deux chaises et lui en proposait une. C’était un test simple pour savoir si ce qu’elle voulait allait prendre du temps ou non.  

     « non merci, ça ne prendra pas longtemps » 

     Bonne nouvelle.  

     « du coup, que me veux-tu ? » j’allais m’asseoir avec ma chaise à une des tables au centre de la classe, pendant qu’elle restait près de la porte. Elle avait dit que ça ne prendrait que peu de temps, donc j’imagine qu’elle avait une question à propos d’un des articles d’un journal d’une édition précédente. 

     « J’aimerais savoir si il était possible d’écrire un article pour une édition spéciale d’un journal ? »  

 Elle le dit sur un ton on ne peut plus sérieux. Certains auraient ri à sa requête. Mais moi pas. J’avais trop peur de me prendre une claque pour ça.  

     Seulement, le mot « édition spéciale » m’inquiétait. Ça annonçait l’article ultra engagé au niveau de l’actualité, et il se trouve que même si l’actualité est à la racine du journalisme, écrire uniquement avec des sources instantanées, c’est, une fois sur deux, écrire un article  qui perd de son sens très rapidement. Voire même qui devient faux.  

     « A priori oui, mais ça dépend du sujet de l’article et de la rédaction. Et puis il faut aussi que le directeur valide l’article et accepte de faire une édition spéciale. Mais à priori oui, c’est possible. »  

     Elle se retourna et se mit à fouiller son sac.  

     « En ce cas, parfait » dit-elle d’un ton mielleux.  

     Elle me tendit une pochette avec dedans cinq feuilles.  

 « Il y a ici dedans une déclaration du directeur qui valide à la fois l’édition spéciale et mon article, ainsi que la version finale de mon article ».  

     Elle parlait un français quasi parfait. C’était marrant. Mais de nouveau, je n’avais pas envie de me prendre une claque, donc je me taisais et regardai simplement ce qu’il y avait dans sa pochette.  

     Elle disait vrai, une déclaration du directeur, et un article de quatre pages. Plutôt fourni et recherché. Mais le titre de son article m’inquiétait.  

     «Pourquoi les « Queens » devraient quitter l’école ».  

    Je ne savais pas à qui elle faisait allusion, mais ce genre de déclaration c’était juste chercher la guerre sociale. J’avais du mal à croire que le directeur aie validé cet article, mais peut-être était-il d’accord avec ce point de vue. C’était louche.  

    Ne sachant pas trop quoi faire, et étant pris de court, je fit ce que n’importe qui d’autre aurait fait à ma place : je procrastinai.  

    « Ecoutes, je vais lire ton article, repasse demain et je dirai quoi, ok ? »  

    Elle sembla dubitative.  

    « D’accord »  

    Elle quitta la classe en laissant derrière elle le doux parfum d’un ange. Je repris l’article entre mes mains. C’était un point de vue très extrême rien qu’à lire le titre. Au vu de sa manière de parler et de son apparence c’était plutôt quelqu’un des classes aisées. Je me mis à lire l’article, en me disant qu’elle ne s’était même pas présentée, ni ne m’avait demandé mon nom. Encore quelque chose à faire demain.  

    Le réveil du lendemain avait été rude. J’avais relu plusieurs fois son article, et je comprenais plus ou moins de quoi elle parlait. Mais je ne comprenais pas pourquoi le directeur avait donné son autorisation.  

    J’en parlai donc avec Hec pendant le cours d’anglais.  

    « Donc, en gros, elle a écrit deux pages pour dénoncer la page instagram des « Queens » ? »  

    Hector souriait en ouvrant son cahier.  

    « Oui, en gros. Et je suis allé voir leur page, et ce qu’elle dit a l’air vrai, mais mal tourné. Tout le monde comprendra ce qu’elle veut dire, mais ça ne changera rien. » 

 Le vrai problème avec son article, c’était le ton accusateur sans preuves tangibles. En résumé elle utilisaient leur compte instagram et leur notoriété pour se moquer de certains élèves. Et autant c’était intolérable, certes, autant elles l’assumaient, et leur cibles variaient. De plus, leur compte étant privé, seuls certains élèves pouvaient voir l’entièreté de leur contenu. Bien entendu, aucun de ces élèves n’étaient cibles des moqueries.  

 « Toi t’en penses quoi Ul ? » Hec se tourna vers moi avec un regard interrogateur. 

 Je réfléchis un instant.  

 « Je comprends pas pourquoi elle tente de mettre cette affaire en avant. »  

     De nouveau, le compte étant privé, c’était quelque chose dont un cercle fermé de gens étaient au courant. Donc écrire un article allait juste agrandir leur notoriété, et donc agrandir leur influence. Chose auquel le directeur avait forcément aussi pensé, et pourtant il avait validé l’article.  

     Hec regarda son téléphone.  

     « C’est quand même bizarre qu’en plus elle ait pas donnée son nom. » 

     Je soupirai. Encore un truc louche.  

     « ouais. »  

 

  

 

     À la fin des cours, je me rendit au deuxième étage dans ma salle de club. Cette fois-ci j’étais le premier sur place. Je pris une chaise et m’installa à la même table qu’hier, au centre de la classe, et la seule qui faisait face au tableau.  

     Avant même que je puisse ouvrir mon sac, elle entra. Sans frapper. Me voyant assis, elle pris une chaise à sa gauche et alla s’installer à ce qui était supposé être le bureau du professeur : un banc face au tableau, plus grand et plus élevé que les autres.  

     « alors ? » Elle me fixa de ses yeux noirs. 

     « alors, à supposer que je publie l’article, j’ai au moins besoin de savoir qui l’a écrit.»  

     Je pressentais une discussion désagréable.  

     « Ah, il est vrai que nous ne nous sommes pas présentés hier. Je m’appelles Céline Cecilia, et je suis en 4ème B. »  

     La 4ème B était une classe d’intellos cette année si je ne me trompais pas.  

     « Je suis Ulysses Ulacres, mais généralement on m’appelles « Ul » pour ne pas trop faire référence au personnage mythologique, et je suis en 4ème D » 

     C’était aussi la raison pour laquelle j’appelais Hector « Hec ». Certains diront que notre rencontre était prédestinée. Moi je penses simplement que nos parents ont mauvais gout.  

     J’avais quelques questions à lui poser et remarques à faire, mais je ne savais pas par où commencer. Je décidai de commencer par le plus évident.  

     « Pour ton article, je penses que c’est une mauvaise idée de le publier » 

     Son visage se durcit. 

 « Et pourquoi donc ? »  

     Je lui expliquai rapidement que l’article ne ferait qu’augmenter leur notoriété, et qu’en plus, ça ciblait certains élèves en particulier chose que je ne me voyais pas faire.  

     «Ce qui nous mène à la deuxième question, pourquoi avoir écrit cet article ? J’ai l’impression que…»  Une voix cinglante vint couper ma phrase.  

     « L’article n’est pas assez explicatif ? Il faut peut-être que j’en fasse une lecture accompagnée pour toi ? ». Elle serra sa mâchoire et continua à me fixer. Je me sentais oppressé.  

     Bon dieu, que j’étais mauvais en diplomatie.  

     «Je comprends la motivation, mais pourquoi un article ? Si jamais tu trouves qu’elles exagèrent tu peux créer un autre compte instagram, ou en parler en classe à ton délégué ? » 

     Elle se tût, je décidai de continuer à creuser la brèche.  

     « l’article est bien écrit, mais il n’atteindra pas ton objectif de justice sociale, au contraire. » 

     Si j’avais bien compris son intention, elle voulait faire gouter aux « Queens » un échantillon de leur propre médecine en les affichant elles aussi. Elle continua à refuser de parler.  

     « En plus, la justice sociale ça ne peut pas être un but en soi, et tu ne sais pas quelles conséquences ce genre d’affichages peut avoir. Moi je penses que ça ne changera rien, mais qui sait tu pourrais  détruire leur vie sociale. Alors que tu ne les connait même pas. »  

     Shakespeare a dit « where words are seldom, they are rarely spent in vain”. L’idée étant que quand ceux qui parlent peu se mettent à s’exprimer, il faut se préparer au pire. Et ça faisait deux minutes qu’elle n’avait pas ouvert la bouche. Je me tut encore un peu plus longtemps comprenant qu’elle n’allait pas tarder à me répondre. 

     « Donc tu n’a pas de vie sociale, et pour avoir de la considération d’autrui tu fais le bon samaritain ? » Elle parlait d’un ton condescendant et calme.  

     Ça faisait mal. Mais on ne peut pas couper un bras à quelqu’un qui les a déjà perdus. J’entends ce genre de réflexions depuis le début du secondaire, à force on s’habitue. Elle continua tout en restant calme.  

     «Donc tu ne publieras pas l’article ? Tu vas laisser les « Queens » se moquer des plus faibles sans réagir ?» 

     L’utilisation du mot « faible » était intéressant. Elle se considérait donc comme forte et se sentait obligée d’aider les autres. Je me demandai dans quelle catégorie je me rangeai à ses yeux. Je    rétorquai.  

     « Je ne publierai pas l’article en tout cas, et si tu as besoin d’aide pour mettre fin aux moqueries en ligne des Queens, je veux bien t’y aider.» 

 J’ajoutai la deuxième partie sans réellement y réfléchir. Elle sembla pensive. Après une courte pause, elle déclara :  

 « bien. Je reviendrai. »  

     Elle s’apprêtait à quitter la pièce. Moment béni.  

     Quelqu’un d’autre ouvra la porte avant qu’elle n’ait pu s’approcher de la poignée. C’était M. Algo, mon professeur d’histoire.  

     « Ah, vous êtes-la tous les deux, parfait, je dois vous parler » 

     Moment maudit. Je n’aimais pas la tournure que prenaient les choses. Depuis le début de l’année cette salle était mon sanctuaire, et soudainement il y avait deux personnes, non invitées, qui prenaient une tasse de thé.  

     Céline pris la parole.  

 « Vous devez nous parler ? à nous spécifiquement ? »  

     Le prof prit une chaise à sa gauche, la posa juste devant lui et s’assit en croisant les jambes. On aurait dit un invité de plateau TV.  

     «Oui, à vous deux en particulier. » Il fit passer sa main dans ses cheveux blancs. « Il se trouve, voyez-vous, que ça fait maintenant quelques mois que Ulysses est le seul membre du club de journalisme. Malheureusement le Règlement d’ordre intérieur stipule qu’il faut au moins 3 membres pour constituer un club »  

     Je sentais ou le professeur voulait en venir. Et je n’aimais pas ça.  

     « Il se trouve aussi que Céline, ici présente, a déjà soumis plusieurs fois des articles au directeur, certes refusés pour la plupart, mais vous m’avez compris. »  

     La seule chose que j’avais compris des adultes, c’est qu’il fallait toujours les forcer à être explicite. Si on interprète leur sous-entendus, on finit toujours par se prendre un «mais je n’ai jamais dit ça ». Donc je me tut attendant qu’il soit plus explicite. Et il le fut.  

     « Il y a ici deux intérêts à regrouper. Céline rejoint le club, nous laissant plus de temps pour trouver un troisième membre et lui donnant l’opportunité de publier ce qu’elle veut, et grâce à ça Ulysses peut continuer ses activités ! » 

 J’étais perplexe.  

 Céline se tût.

    Le prof souri. Il repassa sa main dans ses cheveux blancs et tourna légèrement la tête, comme si il voulait exposer son meilleur profil. 

    Mon cerveau fit enfin le lien. L’article avait eu la validation du directeur parce qu’il cherchait des nouveaux membres pour le club. Bien entendu c’était une évidence que Céline était une recrue de choix. Même moi, perdu que j’étais dans ma propre école, je savais qu’elle faisait partie des meilleurs élèves. 

    Je me tournai vers elle. Elle se tourna vers le prof. J’esquissai un sourire. 

    “D’accord, très bien.” Je redressai mon dos et me tournai vers le professeur, il était encore possible de tourner la situation à mon avantage. “Mais ça n’implique pas que la cadence d’édition doive augmenter ?” 

    “Non, bien entendu. ça veut simplement dire que le quantité de travail se divise par deux pour toi.”

    Ceux qui ont lu “Batman” savent qu’il vaut mieux travailler seul. Je ne le dit pas tout haut parce que dans mon cas, c’était plutôt Céline l’élément fort, et moi l’élément faible. Je hochai la tête montrant mon approbation. 

Chapitre 2 : Pourquoi les démons ont des cornes tordues.  

    

    Les cours avaient été longs. Très longs. Trop longs même. Je rangeai mes affaires dans mon casier au fond de la classe, et sorti les clefs de la salle 22B de ma poche. Je fit tourner l’anneau des clefs autour de mon majeur en me dirigeant vers la sortie de la classe. Les autres élèves avaient fui la salle dès que la sonnerie avait indiquée la fin des cours. 

    Je me rendit à la salle du club de journalisme sans réellement réfléchir à ce que j’allais y faire. C’était devenu une routine d’y passer un peu de temps avant de rentrer chez moi.

     J’aurais du mettre fin à cette routine. 

    Céline m’attendait devant la porte, son sac à main par terre et un classeur dans les bras. Elle le serait contre sa poitrine comme si il aurait pu s’enfuir. Elle leva la tête à mon arrivée, et je la salua :

    “Hello” 

    Je n’eu que le silence de son mépris en réponse. J’ouvrai la porte de la salle et la laissa entrer en premier. Elle alla s’installer à la table du professeur. A nouveau. Je n’aimais pas cette habitude. 

    Céline avait très vite compris que je passais la plupart du temps à ne rien faire et avait rapidement proposé un compromis. Elle écrirait les articles et je me contenterai de les relire après elle, comme si il y avait une chance quelconque qu’elle laisse passer des erreurs d’orthographe. Je m’étais empressé d’accepter. 

    “J’aimerais m’entretenir de trois choses avec toi.” 

    Je haussai les sourcil. Il était rare qu’on s’adresse la parole, puisque ce n’était pas nécessaire.

    “D’une part, voici un article qui résume des clefs de réussite scolaire, il faudrait que tu le relises s’il te plait”

    Elle posa l’article sur le bureau, s’attendant sans doute à ce que je vienne le chercher. Quel mauvais caractère dans un corps qui semblait pourtant si innocent.  

    “D’accord. Je ferai ça ce soir.” 

    La procrastination était en marche. 

    “D’autre part, il faut régler le problèmes des “Queens”. ça fait maintenant trois jours que je t’en ai parlé, il faut faire quelque chose.” Elle me fixa du regard. ça allait être dur à éviter comme tâche. 

    Mais une fois de plus, j’avais ma botte secrète. 

    “D’accord, laisse moi y réfléchir et je te tiens au courant quand j’ai une idée” 

    La procrastination marchait vers son paroxysme. 

    “Je m’attendais à ce que tu me réponde quelque chose dans ses eaux là. Ainsi j’ai eu une idée. J’en ai parlé au délégué de ma classe.”

    La procrastination avait atteint son paroxysme.

    En repoussant une tâche, je ne devais plus la faire parce que quelqu’un d’autre l’avait fait à ma place. C’était là l’idéal du procrastinateur.

    Un jour j’écrirai un manifeste de la procrastination. Mais pas aujourd’hui, aujourd’hui j’étais fatigué et j’avais faim. Je souri. 

    “Très bien, et qu’est ce que ton délégué de classe a répondu?”

    Elle sourit vicieusement. 

    “Tu peux le lui demander toi-même”

    Elle se leva et alla ouvrir la porte. Je ne souri plus du tout.  

    

    

    

    

 

    

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