J’suis
pas assez belle, pas assez talentueuse, pas assez intelligente. J’suis pas
assez belle pour ce monde qui lui même n’est pas si beau. J’suis pas assez
belle et pourtant ce carton humide sous mon corps assoupis respire l’ignominie.
Mes yeux tristes, mes cheveux sales, mon teint grisé par le tabac, mon haleine
douteuse et mes fringues déchirées, j’suis pas assez belle. Ma beauté déchirée,
le carton sous mon corps, déchiré aussi, déchiqueté, arraché, comme le connard
de hier soir, mardi, mercredi ou jeudi
je sais pas, tout est pareil. J’suis pas assez belle et les gens qui passent
dans la rue le remarquent. Et les milliards de pas qui passent sous mes yeux ne
font que passer. Inlassablement. J’suis pas assez belle pour ces regards qui me
toisent, ces regards qui me regardent, parce que oui, ce ne sont pas des
humains, se sont des regards, des lumières qui me regardent, me fixent, se
détournent et tracent leur chemin. J’suis pas assez belle pour cette vie, cette
ville, cette vile vie aux rues désertes qui puent la pisse et le chat mort, aux
vieux journaux en forme de couverture, aux sols fades et parsemés d’excréments.
Théâtre du citadin et dortoir du clochard pas assez beau. J’suis pas assez
belle.
J’suis pas assez belle
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C’est un très joli texte et tellement bien écrit, ce fut un plaisir de le lire
Surface des choses,
Quand tu nous tiens,
Quand tu nous brises,
C’est la psychose.
Courage.