Le soleil était à peine levé et l’on pouvait déjà entendre des bruits de pas dans le couloir, des gens criants… Le château était dans tous ses états et la populace en émois : le jeune prince avait disparu.
Un serviteur venait d’entrer dans la chambre pour ouvrir les rideaux afin que les rayons du soleil viennent éclairer l’immense pièce. Il lui apportait par la même occasion de quoi se changer pour rejoindre la grande salle afin de prendre le petit déjeuner avec le reste de sa famille. Mais quelle ne fut pas sa surprise en découvrant le lit vide du jeune prince.
En effet, le jeune garçon avait réussi à fausser compagnie à tout ce beau monde en pleine nuit. Durant plusieurs jours, il avait pris le temps d’étudier les rondes des gardes ainsi que la relève devant la porte de sa chambre (d’ailleurs, il se demandait parfois pourquoi un soldat restait à surveiller l’entrée de sa chambre alors que ça n’était pas le cas pour sa jeune sœur). Lorsque ce fut le moment, ni une ni deux, il glissa un sac sur son épaule et rabattit la capuche de sa capeline sur sa tête après avoir préalable préparé un tas de coussins. Il avait installé ceci sous son énorme couverture dans le but de retarder la découverte de sa fugue.
La porte de sa chambre passée, le jeune prince avait couru dans le dédale de couloirs, se cachant par instant pour éviter de se faire voir par les serviteurs s’activant durant la nuit ou les gardes faisant leurs rondes. Il souhaitait passer par les cuisines du palais pour remplir un peu plus son sac de provisions. Il pouvait sentir les délicieuses odeurs de pain chaud accompagné de viande grillée qui servirait pour le petit déjeuner, mais ce fut l’odeur des pommes caramélisées qui réveilla son estomac. Il aurait aimé en emporter une part avant de s’éclipser. Malheureusement pour lui, la pièce était continuellement remplie de serviteurs et de cuisiniers s’affairant aux fourneaux. Une moue déçue sur les lèvres, il tourna tristement le dos pour s’éloigner d’un pas rapide des cuisines. Il serait obligé de faire avec les morceaux de pain, de viande séchée et des quelques fruits qu’il avait chapardé durant les repas. Le jeune prince traversa plusieurs couloirs à la recherche de l’une des nombreuses portes donnant sur la cour intérieure du palais.
Après avoir posé un pied à l’extérieur, le jeune prince couru comme un fou, serrant son sac contre son torse. Il devait s’éloigner le plus vite possible tant que son absence n’avait toujours pas été remarquée… Cette course l’essouffla. Certes, il faisait un peu d’activité physique, mais il s’agissait uniquement de quelques passes d’armes pour apprendre l’escrime. Rien de plus.
Le souffle court, il dut s’arrêter à plusieurs reprises, ses mèches blondes collaient à sa peau à cause de la fine couche de sueur l’ayant recouverte. Il espérait vraiment que ses provisions allaient subvenir à ses besoins, car à vrai dire, il n’avait jamais mis un pied en dehors du palais, son père refusant de le laisser sortir pour d’obscures raisons. Lawrence ne savait donc pas vraiment s’il allait beaucoup se nourrir ou non. Contrairement à certains habitants de la ville, il avait toujours vécu au palais et donc n’avait ainsi jamais eu à subir la famine. Le jeune prince repensa à son père, la colère qui avait gagné ce dernier en réponse à sa demande. Malheureusement pour le grand homme, l’extérieur, le monde et surtout l’océan appelaient le prince.
Plusieurs heures étaient passées et Lawrence se trouvait maintenant sur une plage éloignée du château. Il retira ses chaussures et marcher pieds nus. Un frémissement remonta le long de son dos, toutes ces sensations étaient nouvelles pour lui. Bien sûr, il connaissait l’eau, le sable, le vent… Mais tout cela combiné était simplement nouveau pour lui. Il en profita, s’asseyant dans le sable, savourant l’instant de calme malgré sa fugue. Il resta ainsi un long moment installé là, laissant l’eau monter doucement pour finalement arriver à ses pieds. Son contact frais lui arracha quelques frissons au passage. Le jeune prince appréciait particulièrement la sensation du sable chauffé par l’astre solaire depuis son levé. Le soleil se reflétait dans l’étendue d’eau, créant ainsi l’illusion d’une mer de flamme.
Quand il eut fini de contempler le vaste océan qui s’étendait sous ses yeux. Il se détourna pour trouver un petit coin à l’abri afin de troquer ses habits pour des habits de domestique qu’il avait piqué au château. Il rencontra bien sûr une certaine difficulté à s’habiller. Après tout, c’était un prince. De nombreux domestiques s’occupaient de lui, l’aidant entre autres à enfiler ses vêtements. Mais au-delà de la tenue, un problème persistait, et pas des moindres : ses cheveux blonds… C’était à vrai dire une couleur plutôt rare dans le peuple. Seuls les membres de la famille royale l’arboraient, et ce tout aussi fièrement que leurs propres couronnes et ornements.
Après avoir réfléchi un long moment, le jeune prince opta pour une solution simple, le temps de trouver quelque chose de plus efficace, à savoir cacher sa chevelure blonde sous un bandana. Il se salit par la suite à moitié le visage et le reste du corps, rendant au passage ses sourcils plus foncés. Il tenta ainsi d’être le plus méconnaissables possible, se basant sur ce qu’on lui avait raconté au palais à propos des personnes vivant dans la rue. La seule chose qu’il se retint de faire fut de prendre des ordures pour se donner une odeur plus en accord avec son apparence actuelle. Même s’il souhaitait se cacher, il ne pouvait décidément pas se tartiner d’ordure… Les saletés passaient encore, mais la mauvaise odeur, non merci : malgré le déguisement, il restait malgré tout un prince, il ne pouvait tout de même pas sentir le poisson pourrit. Sa transformation achevée, il rangea ses habits princiers dans son sac pour finalement se diriger vers le port de l’île.
Il arriva en ville après deux bonnes heures de marche. Il pouvait sentir le sang pulser dans ses pieds, une douleur irradiant dans ses talon et remontant le long de ses chevilles. Il avait les pieds complètement en compote, totalement épuisé d’avoir dû autant marcher par lui-même. Après tout il était habitué à monter à cheval, mais pas à utiliser ses propres jambes et pieds longtemps sans pouvoir s’arrêter. Il n’avait pas fait la moindre pause à son départ de la plage, de peur de se faire rattraper et ramener au palais par les soldats de son paternel.
En ville, Lawrence essaya de paraître le plus naturel possible, afin de ne pas trop attirer l’attention des gardes sûrement partis à sa recherche depuis le temps. Il était arrivé si loin, pas question de se faire attraper maintenant alors qu’il approchait de son but : pouvoir monter dans un navire et partir en mer pour voir le monde. Mais se faire tout petit fut particulièrement difficile en sachant que sa fugue était sa toute première sortie en ville. Sa seule envie était de courir de boutique en boutique pour s’émerveiller sur le moindre objet comme un véritable enfant découvrant le monde. Oui, il était si heureux qu’il en oubliait la raison de sa venue au port.
Toutes ces étales, ces boutiques, ces couleurs, ces odeurs et autres. Il ne savait plus vraiment où donner de la tête et pourtant il avait quand même déjà vingt-deux ans révolus. Ce n’était plus un enfant normalement, mais ce qui pouvait paraître normal pour certains était tout nouveau à ses yeux. Il s’arrêta à plusieurs reprise, des étoiles dans les yeux, devant des diverses étales proposant de la nourriture. Malheureusement pour lui, les vendeurs tentaient de le chasser à cause de sa dégaine. Ils se ravisaient à chaque fois lorsque le jeune homme leurs présentaient une bourse. Bien sûr ils le suspectaient de l’avoir voler mais cela les intéressaient guère.
Lawrence marchait tranquillement, la tête dans les nuages, grignotant un poisson grillé qu’il venait de s’acheter sur le marché du port tout en continuant à regarder autour de lui avec intérêt. Il observait les pêcheurs vendant leurs poissons pêché durant la nuit. D’autres préparaient leurs navires pour aller affronter l’océan. Il passait d’étale en étale tout en s’achetant de quoi manger pendant plusieurs minutes. Il devait à chaque fois reproduire le même manège, présentant sa bourse pour qu’on le laisse s’approcher. Le prince aimait beaucoup tester et découvrir ce qu’il ne connaissait pas, que cela soit au niveau gustatif ou autre. Son choix ce porta sur ce qui semblait être du poulpe grillé et entouré d’une sorte de pâte. Puis il reprit quelques morceaux de sardines grillées et parfumées aux herbes.
Il se baladait, son sac sur l’épaule et plein de sachets dans les mains, mâchonnant le dernier morceau de poisson grillé après avoir jeté le papier qui lui avait permis de tenir ce dernier. Un garde l’interpela au loin avant de venir vers lui en trottinant, s’approchant rapidement. Sa respiration se fit de plus en plus laborieuse au fur et à mesure que l’homme se rapprochait de lui, la dernière bouchée de poisson ayant du mal à passer dans sa gorge, le faisant presque s’étouffer au passage. Le soldat lui tapota dos pour essayer de l’aider à reprendre son souffle et éviter qu’il s’étouffe ainsi. Puis il se redressa pour sortir une feuille de son uniforme. Déglutissant, Lawrence lui offrit un petit sourire, priant pour ne pas être reconnu par l’homme.
« Bonjour jeune homme, aurais-tu vu un garçon d’à peu près ta taille, les cheveux blonds, avec de grands yeux verts ? Il ressemble à ça précisément. »
Le Soldat lui présenta le papier déplié devant les yeux, dévoilant alors le visage du prince. Dessus, le jeune homme était représenté souriant, les cheveux parfaitement coiffés, un ornement coiffant sa tête blonde. Sa peau blanche complétait ce tableau angélique. Lawrence retint sa respiration devant cette image de lui, espérant vraiment que la saleté suffira amplement à cacher ses traits aux yeux du garde. Après plusieurs minutes à avoir fait semblant de regarder le dessin avec attention, le jeune prince grimé releva finalement la tête pour faire signe que non, ouvrant la bouche, bégayant légèrement pour lui répondre.
« N-non messieurs, je n’ai vu personne avec cette description et ressemblant au dessin, mais j’espère que vous le retrouverez vite, ça semble être quelqu’un d’important vu comment vous le cherchez. »
Le garde le fixa un petit moment, plissant les yeux, comme s’il suspectait quelque chose. Lawrence se demanda s’il n’avait tout simplement as été démasqué. Pourtant il avait tenté de parler à la manière d’une personne lambda, se retenant avec difficulté pour faire les phrases qu’il avait l’habitude de faire lorsqu’il habitait au palais. Le garde finit par le remercier de lui avoir accordé un peu de son temps avant de le laisser partir pour reprendre ses recherches, arrêtant diverses personnes sur son chemin et collant des affiches par moment. Le jeune prince ne se fit pas prier lorsque le soldat tourna finalement le dos, il s’éloigna le plus rapidement du garde pour mettre une distance de sécurité entre eux, le cœur battant à tout rompre sous la chemise, empruntée à un domestique, jaunit par le temps.
Il tourna au détour d’une ruelle, s’éloignant un peu plus de l’artère principale de la cité. Lawrence profita de ne plus être dans le champ de vision du garde, ou d’une quelconque autre personne qui aurait pu l’observer, pour s’adosser au mur. Il reprit son souffle et calma son cœur avant de sortir une sorte de gourde en cuir de son sac. C’est à ce moment qu’il se rendit compte que ses mains et ses jambe, l’adrénaline étant montée bien trop haut et trop vite pour lui. Des gouttes de sueur perlaient le long de sa nuque, le stress étant la cause principale.
Les minutes passèrent doucement alors que le blond reprenait le contrôle de son corps lentement. Quelques passants le fixaient avec curiosité en ne le voyant pas bouger depuis un certain temps. Ils se demandaient sûrement si tout allait bien dans la tête de ce pauvre garçon. Il finit tout de même par s’asseoir, caché par une caisse. Il en profita alors pour retirer son bandana et laisser ainsi les mèches blondes trempées lui tomber devant les yeux et coller à son visage pâle et sale. Il allait vraiment devoir apprendre à contrôler cette peur sinon il ne ferait pas long feu, il le savait parfaitement.
Plus le temps passait, plus il pouvait apercevoir que le nombre de gardes présent dans les rues augmentait considérablement. Lawrence avait l’impression que son père venait d’envoyer toute l’armée à sa recherche. Enfin, connaissant son père, il n’en serait absolument pas surprit. Après tout, il était fils unique, enfin pas réellement, il avait bien sa petite sœur, mais ce n’était pas elle qui devait succéder à leur père et donc monter sur le trône.
Après un certain temps à rester ainsi pour faire sécher ses cheveux et se calmer entièrement, Lawrence prit une inspiration. Il remit le bandana en place, cachant chaque mèche blonde de sa chevelure princière avant de finalement se redresser. Il était bien décidé à trouver une solution pour ses cheveux, car passer son temps à les cacher sous un tissu, ça ne serait tout simplement pas possible. On finirait par le démasquer tôt ou tard, mais sûrement plus tôt que tard. Lorsqu’il aurait enfin trouvé une solution, il pourrait enfin quitter cette île.
Dans tous les cas, il aurait dû embarquer pour avoir l’occasion de voyager. Après tout, la plus grande partit de la planète était recouvert d’eau. Le château de la famille royale de trouvait donc sur une île, certes plutôt grande voir même immense, mais une île quand même. Tout comme la capitale des marchands et la capitale des pirates. Il existait aussi bien sûr quelques îles plus petites avec de petites villes ou villages, parfois quelques nobles, mais aucune n’atteignait la taille des trois grandes îles abritant les capitales.
L’île abritant la capitale royale restait malgré tout la plus grande, avec le plus de terre cultivable et même plusieurs forêts abritant divers animaux. Plusieurs peuples y cohabitaient sous la régence d’un seul roi : le père de Lawrence. Et le jeune prince aurait bien sûr dû prendre sa suite dans quelques années s’il n’avait pas décidé de s’enfuir à ce jour. D’ailleurs sa fuite avait causé une belle pagaille au château : sa mère la reine avait fait un malaise. Son père quant à lui avait hurlé sur les gardes pour leur incapacité à faire leur travail comme il se doit. Puis ce fut au tour des serviteurs normalement curieux qui pour une fois n’avaient tout simplement pas entendu parlé du plan de fugue du prince. Les trois quarts des soldats étaient maintenant partis à la recherche du jeune homme, tous avec une feuille en main avec un dessin représentant le garçon, allant aux quatre coins de l’île être sûr d’étendre le plus possible leurs recherches.
De son côté, le jeune homme ne s’inquiétait pas de ce qu’il venait de provoquer. Il naviguait à nouveau entre les étales avec curiosité. Il s’amusait à toucher les étoffes du bout des doigts pour finalement se faire repousser par le vendeur. Il se laissa alors guider par les parfums qu’il pouvait humer non loin. Il hésitait à s’acheter une petite bouteille de ce liquide raffiné. Mais son regard fut attiré par une petite boutique remplit de poudres aux couleurs diverses et variées, une véritable explosion pour les yeux. Curieux comme jamais, il glissa doucement les doigts dans l’une des poudres d’un rouge vif. Lorsqu’il les retira, sa peau était devenue rouge, le faisant s’émerveiller dessus. C’était la première fois qu’il voyait quelque chose colorer aussi bien la peau sans être pour autant de l’encre. Et puis il y avait tant de couleurs différentes qu’il ne savait plus vraiment où regarder. Enfin si, il resterait dans les teintes naturelles, car ces poudres lui donnaient une idée : Celle de se colorer les cheveux pour devenir méconnaissable. Oui, cette idée lui paraissait excellente. Bon il aurait sûrement à entretenir la couleur, mais il n’aurait pas à cacher continuellement ses cheveux au moins, il aurait donc plus de liberté d’action grâce à cela.
Il commença à déambuler dans la boutique avant que le vendeur ne lui tombe dessus. L’homme était plutôt petit et un peu rond, le crâne en grande partie dégarnit, les cheveux qui semblant être gras, sa peau brillant légèrement à cause de la sueur. Ce dernier le fixa sévèrement, s’avançant pour le faire reculer. Mais avant de pouvoir poser un pied dehors, Lawrence présenta sa bourse encore bien remplie malgré tous ces achats de nourriture. Le vendeur observa tour à tour la bourse et le visage de Lawrence. Il se frotta les main, un sourire de rigueur venant orner ses lèvres.
« Ces poudres pour teinture et encre sont magnifiques n’est-ce pas ? Elles sont plutôt rares et demandées. Surtout par les habitants du château. Les femmes en raffolent pour faire disparaître leurs cheveux blancs à ce qu’il paraît. Enfin c’est ce que l’on m’a raconté bien sûr. »
Lawrence resta un petit moment à le regarder avec méfiance, il ne souhaitait pas se retourner tout de suite malgré le sourire immense posé sur les lèvres de l’homme. Il avait beau se montrer amical, le jeune prince ne se sentait absolument pas en confiance avec le vendeur. Il avait la désagréable impression que dès qu’il lui montrerait son dos, ce dernier lui sauterait dessus pour le poignarder et le voler jusqu’à la dernière pièce. De la sueur coula lentement le long de son dos, trempant peu à peu son haut qui avec les minutes qui passaient, commençait à coller à sa peau. Après s’être un peu éloigné du vendeur, il finit par se retourner pour continuer sa petite visite de la boutique, s’amusant à tester presque chaque poudre sur sa peau pour voir la couleur qu’elle donnait. Il regarda par la même occasion si les mélanges étaient aussi possibles.
Après avoir fait le tour de tous les produits, le blond se rapprocha du vendeur, gardant tout de même une certaine distance de sécurité avec méfiance. Il en profita pour poser quelques questions et ainsi connaître les caractéristiques de chaque produit. Il fixa sa main durant quelques instants pour observer les diverses trace de teinture en poudre. Il en venait à se demander combien de temps les colorations pouvaient bien durer sur la peau ou sur les cheveux encore. C’était bien sûr ce qui l’intéressait le plus dans tout ça. Le vendeur sembla un peu réfléchir avant de lui répondre sérieusement.
« cela dépend ce que vous comptez en faire. Si c’est pour en faire des encres, la couleur peu restée vit pendant des décennies tant qu’elles sont protégées des rayons de la lune et du soleil. Pour les poudres faites pour le corps, cela varie plus ou moins en fonction de l’utilisation que vous en faites. »
Lawrence s’approcha doucement, commençant à s’intéresser un peu plus aux paroles de l’homme. Ce dernier ayant remarqué l’intérêt nouveau que lui portait le client, il continua sur sa lancée, enchaînant les explications, espérant vraiment le convaincre de réaliser un achat dans sa boutique.
« S’il s’agit d’utiliser une poudre pour réaliser des tatouages, sur la peau, les couleurs restent dans les trois semaines à condition de faire attention. Si vous souhaitez en utiliser pour cacher des cheveux blancs, ce qui m’étonnerait au vu de votre âge, je pense, mais sait-on jamais… la couleur ne reste belle que pendant près de quatre semaines, vous ne pouvez tenir jusqu’à six semaines, mais la couleur ne peut déjà être en train de s’estomper. »
Le jeune prince acquiesça doucement en réfléchissant un peu… Quatre semaines, c’était plutôt court comme délais, mais c’était pour l’instant la meilleure option qui s’offrait à lui. Il n’hésita pas longtemps avant de relever les yeux vers le vendeur, désignant alors une poudre noir ébène du doigt. Lawrence se renseigna sur les possibilités de cette dernière, souhaitant l’utiliser aussi bien sur le corps que sur les cheveux. Le vendeur lui confirma qu’elle était faite pour ce genre d’utilisation avant de lui préparer un sachet. Le blond s’approcha doucement et regarda la quantité de poudre avant de prendre le sachet en main pour la sous-pesée doucement.
« Serait-il possible de faire plusieurs sachets avec la même quantité ? Comme ça, je pourrais les conserver plus longtemps, je pense. Et puis, je ne sais pas quand est-ce que je pourrais en racheter, je préfère avoir une reverse et trop que pas assez. »
Le vendeur le regarda avec un peu de curiosité avant d’acquiescer doucement, préparant plusieurs sachets remplis de poudre pour finalement les peser dans sa petite balance avant de donner le prix. Lawrence grimaça un peu en entendant la somme annoncer… Cent pièces d’or, une bourse presque complète pour 5 petits sachets de poudre noire… ça n’était pas vraiment beaucoup. Enfin, il espérait que cela irait, car il ne pouvait pas se permettre de prendre plus que ça. Il se rendit alors compte qu’il avait particulièrement mal géré son argent en le dépensant à tout va sur les étals du marché. Cet argent aurait du avant tout lui servir pour voyager et l’aider tant qu’il n’aurait pas trouvé un travail où il n’y avait pas besoin d’être très doué.
Ressortant sa bourse, il commença à compter les pièces avant de les mettre dans un petit sac en toile pour finalement le poser sur le comptoir de la boutique. Il souriait, en le poussant vers le vendeur, mais ce dernier le regardait d’un air suspicieux. Après tout, comment ne pas douter de la provenance de l’argent quand la personne qui vous la donne semble venir de la rue ?
Lawrence resta un petit moment à lui sourire en tendant les mains pour récupérer les multiples sachets de poudre noire. Le vendeur finit par les lui remettre, mais seulement après avoir vérifié la moindre pièce d’or de la bourse. Lorsqu’il confirma finalement l’authenticité de chaque pièce, il laissa le prince repartir avec ses achats, sans bien sûr savoir qu’il venait de faire affaire avec la personne la plus recherchée à l’instant.
Fier de son achat, le jeune garçon tourna finalement le dos, repartant avec les sachets de poudre, les rangeant dans son sac de voyage pour finalement partir à la recherche d’un lieu où dormir, surtout en voyant le soleil se coucher à l’horizon.
Il reporta son attention sur le port presque sûr d’y trouver une auberge, espérant avoir le droit à une chambre avec vue sur l’océan majestueux s’étendant à perte de vue.
Après avoir passé un petit moment à chercher, Lawrence finit par pousser la porte d’une auberge où beaucoup de marins faisaient une halte pour dormir et manger. S’approchant d’u comptoir, le jeune prince se gratta la joue alors que plusieurs regards venaient de se tourner vers lui. Quelque peu hésitant, il leva les yeux sur l’homme en train d’essuyer des verres tranquillement pour finalement l’interpeler discrètement, voire même timidement.
« Hum… Monsieur ? Je voulais savoir si vous aviez une petite chambre de disponible juste pour cette nuit. Mais je ne sais pas si c’est possible, je voudrais voir le port depuis la fenêtre… »
L’homme releva la tête en haussant un sourcil avant de se pencher légèrement par-dessus le comptoir, regardant alors le jeune garçon. Son regard détailla de la tête aux pieds ce client qu’il ne connaissait pas. L’aubergiste fronça les sourcils, mit le torchon sur son épaule et posa le verre qu’il était en train d’essuyer.
« Tu as de quoi payer gamin ? Montre-moi ce que tu as que je te dis si je peux t’accepter chez moi. Enfin même avec deux pièces je trouverais bien une place… Dans les écuries peut-être, au moins le foin tient chaud ».
Lawrence le fixa avant de faire la moue pour finalement fouiller dans son sac et en sortir la bourse à moitié pleine encore malgré tous les achats qu’il avait faits durant la journée. Il sortit une poignée de pièce du petit sachet en cuir travaillé pour les poser sur le comptoir, juste devant l’aubergiste pour que ce dernier puisse regarder son argent avec intérêt.
Satisfait par ce qu’il avait sous ses yeux, l’homme plutôt immense et à l’air sévère en temps normal se tourna pour attraper une petite clé avec un morceau de bois attaché. Timidement, le jeune prince tendit la main, attrapant la petite clé avant d’incliner la tête pour rapidement monter les marches de l’auberge.
Le propriétaire des lieux lui avait indiqué le chemin pour rejoindre la chambre avant de retourner travailler. Lawrence mit plusieurs minutes à trouver sa chambre avant d’y entrer pour se laisser tomber sur le lit en soupirant de soulagement, tout simplement épuisé par tous les évènements de la journée. À vrai dire, lui qui voulait profiter du coucher de soleil, n’avait même plus la force de lever le petit doigt. Ses yeux se fermèrent doucement et son corps se refroidit légèrement alors que son souffle ralentissait… Lawrence commençait tout simplement à s’endormir alors que le soleil était tout juste en train de se coucher, dardant la chambre de ses derniers rayons aux couleurs d’or et de feu.
Bonjour Soren ça me semble bien commencer ton histoire. Ton écriture est agréable. J’espère que tu reviendras bientôt avec la suite. J’aime bien l’image que tu as choisie également.
Liberté, je chéris ton nom