C’est souvent terrible, la vie de l’adulte.
Ça se prépare dès l’enfance, c’est une formation ; passé la fureur exploratrice de nos premières années, nous sommes parqués dans des salles closes où des personnages de moins en moins imposants avec les années sont payés à nous arracher quelques efforts périodiques. Et nous martèlent un dogme odieux : notre liberté juvénile, ce bel endroit où nous sommes Nous, superbement, doit progressivement être démoli, si possible avec notre concours.
Adultes, nous pénétrons apeurés les lieux de notre misère rémunérée. Qu’ils sont loin, ces palais que nos jeunes esprits imaginaient, et dans les galeries desquelles s’élevaient nos belles voix claires !
Nous appartenons maintenant à des zones contrôlées, et nos rêves s’évanouissent sur leurs seuils. Entre deux tâches, nous nous revoyons enfants, prostrés dans le coin d’une chambre, encore en possession des ors de notre innocence…
Un de mes collègues disait, plus tu es haut dans la hiérarchie, plus tu es près de la porte !
A contrario, plus tu es petit, moins tu es payé, plus tu es fliqué.