Enfin, la sombre fleur éclose
Avait fané ses blancs pétales
Ils ne tombèrent de leur rose ;
Mais s’agrippèrent, en restant pales
Je l’ai cueillie prématurée,
Et l’ai placée sous de beaux jours,
Me délectant de ses contours,
Voulant à toujours la garder
A peine née, déjà tombée.
Pourtant mon envie reluisait
De savourer encor l’odeur
Des mystérieux bourgeons en fleurs
Bourgeons nés en délicatesse,
Je ne les ai point vus pousser
Ils ont perdu leur fine tendresse,
Celle ci resta dans mes pensées.
Mon avide imagination
Voguait jusqu’à être trompée
Ainsi, quand la rose eut fanée,
Mes sens poursuivaient leur fiction.
Voulant encore l’apercevoir,
Ils arrivaient à l’entrevoir
A travers les vitres teintes
Du temps et des odeurs éteintes
Ce n’étaient les douces couleurs
Qui m’avaient autant attirée,
Mais les épines acérées,
Accrochant leurs rouges ardeurs
Je fermais les yeux, indécise
Face à la douleur rouge et vive
Je ne sus que j’étais blessée
Qu’une fois morte, fleurs enterrées.
Rose altérée, mais permanente
Dont le toucher encor me hante
J’ai chu à m’en débarrasser,
Mon seul sort fut de la brûler.
Fin violente à mes tourments verts,
Et à mon jardin calciné
Là, il est devenu désert,
Alors j’attends un jardinier.