Souviens-toi du jour…

4 mins

C’est ici, sous une pluie battante, rayonnante, dans le regard horrifique de la danse cosmique, sous les arcades endiablées d’un long convoi aux mâts frêles qui surgit inévitablement du néant sortant tout droit d’un monde merveilleux, presque enfantin, et sur lequel se reposent dans la blancheur des maux des copeaux de poussières célestes enivrantes qui parcourent paisiblement la lente symphonie rocailleuse. Et puis là encore, à travers cet amas d’enchantement enivrant, à la jointure des paroles prononcées, derrière les voiles scintillantes de la poussière cosmique, caché sous les arabesques saugrenues qui surplombent la vallée et qui, par un divin hasard, viennent perler de leur couronne innocente la Sagesse mise à nue se dressant en silence dans la contemplation des sens chavirés jusqu’à maintenir les couleurs morcelées d’une pierre polie, je me retrouve à déguster un cornet de glace saupoudrée de neiges en compagnie de Jaouen.

Le corps soudainement inerte, les yeux pétillants qui ondoient la gigantesque vallée où trois pics belliqueux en aval sécrètent un macabre nuage soporifique à leur tête – cela n’est pas arrivé depuis plus de cinquante ans ! – et qui s’écoule dans les abîmes subreptices du désespoir sempiternel où jaillissent des éternelles épaves tombées dans la barque de l’oubli, le cœur battant d’une manière irrégulière, l’haleine asséchée, je me surprends à me crisper dans cette violente tourmente que je dévisage avec horreur, dans une passion à laquelle je ne peux hélas en saisir avec facilité la compréhension où la nation des mots durs aux paroles insensées s’entremêlent. Et par un heureux engouement, je lis sur mes lèvres d’un noir rouge opaque un sentiment nouveau qui s’accroit. Et de mes commissures qui ouvrent la brèche sur un pale frisson rendant le cristal de mes yeux apeurés en une bien chaleureuse et étrange découverte que voici. Émerveillé par tous ces regards qui se figent, noyés dans un bain de foule de passants qui vacillent sur les pavés meurtris d’empreintes énigmatiques, la question taraude et que nulle flexibilité n’a encore dicté. Que font-ils, où se réfugient-ils ? L’attente semble en proie à un sursaut étonnant de l’âme maudit, la réponse silencieuse, presque soigneusement mystérieuse, donne de la puissance à ce lugubre paysage qui se tempête. J’avale un soupçon de mystères, irréfléchi, dans un semblant déconcertant. Et de ce cornet que je tiens en cet instant, quelques larmes ruissellent sur les joues enflammées de mon tendre ami, Jaoen. Mais aucune croyance n’a su alors recueillir les médisances de ce monde que viennent alimenter avec dégoût ces voyageurs d’un autre temps, d’un nouvel continent. Aucun érudit, aucune divinité, ni même un mythe antique n’a à ce jour broder et éteindre le mystère indiscutable de ces Longs Marcheurs.

Je les vois là, pour la première fois, valser à tout rompre, le souffle qui court, les bruits et les railleries de ce monde étranger. Et de ces pas qui piétinent sans relâche la terre souillée de la miséricorde, écorchée par ces longs bâtons alezan qui frappent durement le sol. De cette hauteur emmitouflée, je scrute leur fin accoutrement singulier. D’un habit lugubre aussi riche que la couleur du métal, déchiré de part et autre jusqu’aux hanches et tacheté d’un immaculation indéfinissable, et qu’à à l’avant est suspendue un long collier archaïque montrant dans toute sa splendeur un diamant lunaire morcelé, et aussi pourpre que laisse deviner leurs lèvres écarlates, ces Longs Marcheurs encapuchonnés d’un sombre rubis argenté grondent en une voix gutturale, à l’unisson, tenant avec fierté un gigantesque bâton qui s’élève vers les cieux en colère n’indiquant aucune présence nuageuse dès à présent. Puis, à l’encontre de tout cela, aucune empreinte n’est apparue sous ces pieds endoloris, de longues bottes d’une noirceur inimaginable, et aucune morsure sur ces veines sanglantes n’a fait son apparition. Le mystère reste indissociable pour l’heure. Et par un étrange regard, cette bizarrerie surprenante ne cesse d’étourdir les sens des passants qui guettent un avenir chaotique. Est-ce la fin d’une tourmente lorsque certains voyageurs posent leur regard sur deux globuleux iris fantomatiques, et que suivant la course effrénée de ces ignobles apparitions, dans le quart d’une seconde, une secousse invraisemblable vient subitement marteler le carillon d’une cloche se tenant au loin de cette immense vallée devenue inquiétante ? C’est le rire néfaste de ces Longs Marcheurs qui effraie l’annonciation qui s’élève en ces cieux ancestraux, c’est l’envol de plaisir clandestin qui s’abat en ce lieu abscons. Nul de barreaux et d’envoûtements ne peuvent recoudre l’air pesant qui se diffuse bas, et que d’innombrables tintements résonnent encore sur cette falaise où je trouve refuge avec Jaoen en cette chapelle qui s’ébranle par ce tumultueux dessein que nous observons derrière les carreaux pleins de peintures qui appartiennent à la culture religieuse.

C’est l’accablement insoutenable du vent qui décortique les nuages avoisinants. J’ose éclairer les merveilleuses vanités qui sévissent en cette frayeur. Et de quelques copeaux de liesse, nous voilà entassés dans ce décor macabre où l’anéantissement est un rude combat. Pour nous tous. Pour nous qui découvrons avec horreur ces hideuses apparitions.

Quelle valse créative peut offrir les pétales qui s’effondrent en cet instant en cette chapelle unique ? Le lierre de dehors, que nous venons d’apercevoir avant de nous réfugier, tente de briser les hautes pierres comme ferait une perceuse. Est-ce le vide abyssal que s’immisce sans nous que nous ayons connaissance de ses noirs desseins ? Ou ne serait-ce une horrible échappatoire de ce vaste endroit recouvert de flammes sournoises et effrayantes ?

Je voudrais en cette pensée ultime me confier, dans l’étreinte éternelle de Jaouen, que seule le privilège que j’accède serait le repos de l’astre poussiéreux.
Oui, il est certain, mes chers fidèles, que ceci est un rêve fantomatique.
Et que ceci n’est pas mon histoire mais celle d’un autre Je.
Cependant, il m’a été confié de le narrer car cette ère est révolue. Nous autres avions évolués, marchés main dans la main pour l’esquisse d’entrevoir la majestueuse forêt qui s’est transposée à mon époque.

C’est à une heure tardive que j’admire en compagnie de Jaouen, mon humble ami, depuis notre balcon, la voûte céleste qui compose la vie énigmatique des innombrables étoiles diffuses. Et sous le balcon, par une porte dérobée qui mène à l’immense jardin, où descendent des épines de roses écarlates, un imposant pommier renait de ces cendres. Et lorsque la nuit tombe sous les arcades brumeuses de l’arc-en-ciel endormi qui éclaire un chemin menant à la lisière de la forêt, un petit carillon se fait entendre depuis une tour avoisinante. Et de par la porte coulissante derrière moi, mon compagnon, Jaouen, et moi-même s’empressons de dormir dans des draps chauds où l’oreiller du rêve maintient un envoûtement invisible pour les yeux qui ne peuvent plus voir. Il est exactement neuf secondes en quinze minutes de huit heures quand se referme la porte de cette chambre qui tangue en cette immense demeure antique.

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2 Commentaires
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BABADJIHOU Farel Lenoumi
3 années il y a

Plaire à lire avec une description captivante.

aiopaesanu
3 années il y a

Petite critique: C’est très bien écrit, avec un style idéal et des mots bien choisis, et je trouve l’histoire agréable. Il y a un vrai fond, une touche bien bretonne (on sent le natio convaincu, BRETAGNE INDEPENDANNNNTE), une envie d’avoir la suite qui est franchement classe.

Bémol ? Il n’y a vraiment pas assez de virgules, et c’est un point vraiment impossible à négliger, je suis obligé de faire du rap dans ma tête pour arriver à lire le texte (l’instru de ”Rap god” aide bien, je pense, mais je déconseille les instrus de Bigflo et Oli, elles sont pas assez rapides. ) Je m’excuse, mais je n’écoute que très peu de rap, donc c’est compliqué. ^-^’

Désolé, je sais que je parais vachement méchant actuellement, sous mon texte tu/vous écris/vez uniquement des trucs sympatoches (je ne sais pas si je dois tutoyer ou vouvoyez, à voir ), et je viens dire ”ouais tu mets pas assez de virgules gneeeeeuuu”, pas fou fou de ma part.
”Quelle ingratitude, mais quelle ingratitude !” (petite référence à Sarko, et hop là, emballé, c’est donné !)
Après, je le dis parce que j’aime être honnête, ça aide plus l’auteur et le gars qui ”critique” que de juste dire ”ok, cool” et puis rien développer.

(D’ailleurs, je dépose mon avis en ayant jconscience que j’écris un peu n’importe quoi, je ne manque pas de virgules mais j’ai d’autres choses qui ne vont vraiment pas)

Anyways, à bientôt.

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