La Forêt aux Lapins

6 mins

Cette histoire est en relation directe avec M’effondre écrit le 19, 2021

Ce n’est pas un hasard si le prénom des personnages commencent tous par un T

À l’aube d’une grande aventure

Les feuilles s’amoncellent, colorisent le bitume de la rosée éclatante en cet instant présent où, perchés dans un essoufflement sidéral, égarés et songeurs à la fois, batifolent dans un doux redoux resplendissant les quelques perce-neiges venant endormir la vallée de composition florale de milliers de pinceaux saupoudrés d’un amas arcencielesque.

Est-ce un heureux présage qui compose vie à l’instar de cette richesse abyssale depuis laquelle, jadis, éclot un bourgeon en sa palette d’ivresse dans une féerique nuance les quelques bourdonnements étranges qui émerveillent l’enchantement d’une suavité éblouissante se dissipant, en diffusant ses germes d’un ocre opale et d’un bleu de cobalt iridescent ? Nulle frayeur, nulle immensité.

Est-ce l’irrésistible roue crantée perdant ses rouages extrait d’une forme cylindrique qui tombe dans l’apaisement d’un ruisseau épousant la majestueuse lanterne accrochée sous ses pieds palmés qui se soulèvent en puisant l’eau chavirant les notes de sel embrumé ? Nulle ressemblance ne serait faite à cet archaïque moulin perché sur cette vaste colline dont ses ailes immenses batifolent au souffle frais du vent ancien.

Et ne serait-ce là, par ultime volonté, par ultime confession que nous dévoilons progressivement cette innovante découverte qu’est cette toile mystérieuse où des minuscules arachnides écument les imperceptibles coccinelles, celles-ci retenant leur immensité de frayeur abscons face à l’heureuse créature qui descend progressivement, lentement en cette vallée où dort le ruisseau étincelant ?

Nous voici donc confrontés à ces immuables questions qui épousent tout l’or du monde, nous voici donc là devant un spectacle d’émerveillement enchanteur. Séduits par l’heureuse apparition, un panier en osier où germent des pétales d’allégresse en son contour et où à l’extrémité des lianes fines ornent les différents cœurs en cristal puissamment sculptés, nous prenons part à cette forme nouvelle s’éclipsant en contrebas des roches célestes d’où s’écoule la pluie scintillante.

L’heureuse apparition s’avance sereinement, le sourire sculptant un éphèbe venu d’un temps ancien dont les étoiles filantes ne peuvent recoudre l’air majestueusement féerique. C’est un astre poli aux yeux iridescents d’une émeraude cristalline qui berce la nuit enchantée, c’est une svelte figure portant avec grâce une antiquité venue d’une civilisation archaïque dans laquelle des vestiges les plus reculées ont supporté cet univers chaotique lorsqu’une brume épaisse, tonitruante a enseveli l’Ancien Temps. Ce monde n’est plus. Cet Ancien Temps où Angkor, la Tour Eiffel, le Colisée, la cathédrale Saint-Basile, les Tours jumelles, le phare d’Alexandrie, le château de Windsor, la Mosquée Al-Aqsa s’étaient encore érigés avant ce brumeux orage survenu d’on ne sait où ; peut-être d’une autre civilisation immémoriale de nos jours.

Et dans la pâleur de ce sourire inondé d’incroyables mystères, il se perce ici, à la hauteur d’un petit menton ovale, une infime pilosité qui contraste la chaude lueur intemporelle d’un croissant de lune égaré à la cime des multitudes feuillages de ces gigantesques conifères où s’est révélé notre passant, ce jeune garçon humant l’air changeant, fredonnant une ancienne écriture tombée dans la Barque de l’Oubli dans laquelle il s’est étroitement assis.

Face à lui, nous pouvons découvrir devant l’épaisse lune réfléchissant ses branches inclinées deux étranges formes lui ressemblant merveilleusement. L’une d’elle tenant une boîte antique où un faisceau rougeâtre scintille en son cœur, le rire s’envolant en éclats dans la poussière immortelle de ce grand ruisseau scintillant ; quant à l’autre silhouette, le regard reste droit devant cette mue de spectacle que tous trois émerveillés respirent, contemplent.

Et de la Barque de l’Oubli, portant un voile bordeau sur lequel est brodé une étonnante forme pour la moins singulière qui s’apparente à un crâne souriant sur lequel sied une grande coiffe en paille la plus intrigante maintenue par un ruban flamboyant, pénètre en cette vaste clairière d’incertitudes où caducs sont les hideuses apparitions réfugiés sur des branches fissurées aux yeux globuleux, affolées de voir surgir des créatures nouvelles.

– Voici donc le tunnel, s’exclame l’une d’entre eux.  
– En effet, ajoute une autre voix, mon cher ami.
– Quelle jolie représentation, enrichit la troisième voix.

Et dans les pétales d’allégresse qui s’agitent au souffle frais vent apaisé, les trois petites silhouettes traversent sans difficulté le ruisseau tonitruant s’approchant agressivement d’une colline ocre où pleurent des étoiles diffus sur ce paysage nouveau dont un amas de feuillages décrit un autre air, une autre atmosphère, vraisemblablement meilleur.

Se présentent sur les roches célestes d’antiques grandes planches à moitié morcelées de toute part maintenues par des branches filicornes duquel l’esquisse du croissant de Saturne garde précieusement l’ultime secret. Cet énigmatique enchantement serait-il par conformité à l’Ancien Temps une passerelle pour visiter une nouvelle région inexplorée à ce jour ? Seule l’immémoriale civilisation suggérerait que nous travaillons sans relâche notre espièglerie, notre esprit tant aventurier afin d’y apposer une semblable réponse à cette trouvaille suffisamment surannée.

La montée se fait rude. Contorsionnée par des effluves du redoux apaisé qui l’encercle, embrumée par une divine brume oppressante qui l’agite, violentée par les eaux de rage qui s’accrochent durablement durant cette épique traversée intarissable où d’étonnantes chimères les plus antédiluviennes peinent à s’agripper pour lesquelles notre esprit affole l’art de notre imagination, la Barque de l’Oubli ne cesse de gravir cette immense cascade où des pétales d’alléchantes allégresses s’animent, enchantant un monde de joyeuseté qui cogite dans un abyssal son muet.

Et la descente est une fracassante chute clandestine sur ces eaux tumultueuses soudainement où la Barque de l’Oubli glisse doucement sans une once de frayeur et sur laquelle Timeho, Tecumseh, Tomoharu naviguent. L’irrésistible songerie se diffuse ainsi dans ces consciences endormies où sommeillent des giboulées de rêves singuliers, où l’ultime colonie est un doux mélange saupoudré de mystères abscons en ces larmes d’aquarelle qui descendent paisible le fleuve tumultueux.

Dans le lointain, le vertige se contracte d’un bonheur resplendissant où s’éclaire la vastitude eau de rages devenue dès à présent sage. C’est l’éclat merveilleux d’une civilisation antique qui se dessine, c’est la luminosité d’un son berçant au souffle frais du vent surgit d’un abyssal néant. La vue semble surprenante depuis la voile bordeau.

Et l’océan se déguise emportant avec lui d’anciennes Écritures cabalistiques gisant à la surface où d’étranges créatures aquatiques viennent humer avant de s’enfuir. Quand soudainement, dans l’oscillation merveilleuse de l’océan dense, abyssal, vertigineux, un son familier se révèle en cette profondeur. Tel un carillon incessant, ce rupestre son sorti, les trois jeunes garçons étirent leurs bras pour s’évader d’un sommeil profond et voient en leurs yeux de cristal, sous la coque plusieurs formes qui appartiennent à une archaïque civilisation tombée dans la Barque de l’Oubli. Il ne serait point judicieux de fantasmer sur des éléments oniriques en ce court instant ou qui s’y apparenteraient.
La Barque continue elle de s’avancer dans ces débris de rêves où l’onde retient les pulsions, les chimères que dignes hommes et dignes femmes ont parcouru les Légendes, les océans à la recherche d’une multitude de trésors engloutis.

Et à l’approche d’une terre surmontée de denses conifères, les trois navigateurs s’amarrent près du rivage. Les pieds traversés à vive allure sur un pont enseveli sous le poids menaçant des roches célestes et des grains de sable doré, leur conscience s’enfonce en une clairière où l’espace est infiniment spacieux, où les feuillages ont drainé une symphonie hors du temps, figés dans l’ultime enchantement de la morsure du Temps ancien. Tecumseh, Timeho et Tomoharu arrivent au cœur de cette immense forêt habillée par des créatures féeriques qui laisseront comme ultime voyage un vieil souvenir de leur présent passage.

Les trois jeunes garçons grimpent sur une antique colline verdoyante, semée ça-et-là par des petits cailloux et des ronces acérées et des fougères venant écorcher leur peau lisse.
Se dresse devant eux une haute forme cylindrique où des vestiges ont percé la roche à différents endroits, la mousse la recouvrant partiellement.

– Qu’est-ce donc, se questionne Tomoharu.
– Nous voici devant un puits, enrichit Timeho.
– Pourquoi sommes-nous là ?
– On dit que l’eau de ce puits a la propriété de rendre ce que nous avons perdu, termine Tecumseh.

Sortant du panier en osier une boîte antique où des faisceaux flamboyants scintillent en son cœur, nous découvrons une sorte de fiole qui contient tous les secrets des civilisations surannées auxquelles la brume a meurtri. Et de par cette fiole tombée dans ce puits immémorial, et de par un livre antique ouvert que les trois garçons ont emporté avec eux, l’océan chavire jaillit violemment des profondeurs du puits formant une épaisse brume verdâtre qui épouse le sol, l’horizon jusqu’à ensevelir l’immense civilisation archaïque dans la mer où un son retentit.

– Mais pourquoi ? Je ne comprends pas.
– La magie vient.
– C’est le pouvoir.
– La magie c’est le pouvoir.
– Et tu sais parfaitement qu’il faut qu’on change quelque chose qui s’est produit, un évènement tragique.
– Et à quelle époque nous serons transposés ?
– A l’aube de notre aventure

Le son incessant, venant de carillonner tout à l’heure n’est autre qu’une grande ancienne horloge sur laquelle dès à présent les aiguilles tournent dans le sens inverse.
Il est à présent neuf secondes en quinze minutes de huit heures.

Romance Dawn

à suivre . . .

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