Je suis en vie. C’est cette phrase que je me répète en boucle, sans cesse.
Ça fait maintenant 3 ans que tout s’est arrêté. Toutes ses visites nocturnes. 3 ans que je ne l’ai pas vu. 3 ans qu’il n’entre plus dans ma chambre. Mais à quoi bon penser à ça. Je suis en vie.
La musique défile et je laisse mon corps onduler sur toutes ces notes. Je m’imprègne du moindre son grave, du moindre son aiguë. Je suis au milieu de cette foule. Cette foule ou tous ces corps se collent et se décollent en rythme. C’est notre dernière soirée, après ça on entamera notre dernière année de lycée.
Je m’appelle Carla j’ai 17 ans, et comme toutes les adolescentes de mon âge je me pose milles et une questions. Est-ce que je vais réussir ma dernière année ? Est-ce que je suis assez jolie pour rentrer dans cette robe ? Est-ce que je lui plais ? Est-ce que je vais trouver un petit boulot pour avoir un peu d’argent de poche ? Est-ce que je vais arrêter de faire des cauchemars ? Est-ce que je vais réussir à vivre sans ces images ?
Ah non, ce n’est pas toutes les adolescentes qui se posent les deux dernières questions…
Mais ce soir je m’en fou. Je danse ! Et je danserai tout le reste de la nuit.
Anna s’approche un peu plus près de moi.
Anna c’est ma meilleure amie depuis toujours. Elle est grande et blonde avec les cheveux très longs. Elle en fait tourner des têtes, tout mon contraire. C’est elle qui m’a traîné ici ce soir. En fait c’est elle qui me traîne partout depuis qu’on est en âge de sortir. C’est mon pass pour entrer en soirée, sans elle je resterai chez moi et je passerai à côté de plein de choses.
C’est la seule personne au courant de mon histoire. La seule.
-Ça va ? Pas trop fatigué ? Tu ne veux pas t’arrêter un peu ?
Elle joue son rôle de protectrice à merveille. En guise de réponse je lui fais non de la tête tout en lui souriant.
On aura tout le temps de se reposer lorsque on sera morte.
-Carla, Benjamin passe encore sa soirée à te regarder !
Encore une fois je ne lui réponds pas. Je le sais, je le sais que Benjamin passe son temps à me regarder. Je sais qu’il regarde tous mes faits et gestes. Si je ne bois pas trop, si je ne prends rien qui pourrait me faire perdre la tête, si personne ne s’approche trop près de moi.
Je le sais tout ça. Et je suis partagée, parce que je trouve ça très mignon mais je n’ai pas envie d’un chaperon !
Benjamin c’est mon meilleur ami, mais lui contrairement à Anna il ne sait rien. Ni lui ni les autres du groupe.
On est un petit groupe de 8, on vit tous dans la même rue, c’est vrai que ça aide. Malgré les années on est toujours tous resté ensemble. Même si on n’est pas dans les mêmes classes, qu’on n’a pas les mêmes centres d’intérêts, c’est toujours nous avant les autres.
Et pourtant à part Anna, je n’ai eu le courage de ne le dire à aucun autres.
A leurs yeux je suis juste la petite Carla bloquée dans son imagination, le nez toujours fourré dans des articles de faits divers. Celle qu’il faut continuer de protéger.
Mais cet été je leurs ai prouvé que je n’étais plus la petite “coincé” du groupe.
Benjamin s’approche de moi.
-Ca va Carla tu ne veux pas qu’on aille prendre un peu l’air ?
Je décide de le suivre, ça me donnera l’occasion de faire une pause et de boire un coup.
On sort dans le patio de la boite de nuit. Même si la musique est toujours présente, il y a moins de monde. On peut juste y voir les fumeurs et les autres, ceux qui sont aller trop loin ce soir.
On s’assied à une table, j’allume automatiquement une cigarette.
-Tu ne peux pas t’en empêcher ? me dit Benjamin
-Oh arrête tu fumes autant que moi !
-Je sais.
Il prend mon paquet et en allume une à son tour .
-Ta soirée se passe bien ? Pas trop fatiguée ?
-Pourquoi tout le monde me demande ça ce soir ? J’ai une tête de fatiguée ?
-Non.. Non c’est juste que je m’inquiète, c’est rare de te voir aussi …
-Aussi quoi ? Fini !
-Déchaînée ?
-Déchaînée ? Juste parce que je danse je suis déchaînée ?
Il me regarde dans les yeux avec un sourire en bord de lèvre. Benjamin est vraiment beau il est grand, brun les yeux gris foncé. On n’a jamais franchi les barrières de notre amitié. Jamais. J’écrase ma cigarette et me lève.
Il m’attrape par le bras .
-Ne le prend pas ma…
Et avant même qu’il n’est pu finir sa phrase je lui pose un doigt sur la bouche pour qu’il se taise. Lui prend la main.
-On y retourne ! Finissons cet été en beauté !
On rejoint les autres sur la piste, je ne lâche pas la main de Benjamin et me met à danser devant lui.
Nous somme tous ensemble. Je suis en vie. C’est tout ce qui compte.
Dimanche 13h , j’ouvre les yeux, encore un jour où je ne me réveille pas chez moi. Mais c’est le dernier, le dernier jour des vacances ! Le dernier jour qu’on peut passer encore tous les 8. A côté de moi j’ai Benjamin, on se réveille tous la tête un peu en vrac.
Alice ouvre les rideaux de sa grande chambre pour y faire entrer la lumière de ce dernier jour de vacances d’été.
Alice c’est la fille la plus marrante de notre groupe. La moins sérieuse de nous tous. On a pratiquement passé tout l’été chez elle. Ses parents sont régulièrement absent. C’était donc l’occasion de pouvoir rentrer à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit. Sa chambre s’est transformé en mini camping. Et c’est vrai qu’en regardant autour de moi, on a peut être un peu foutu le bazar.
– Si mes parents rentrent maintenant, on va tous se faire tuer..
Après avoir analysé tour à tour l’état de sa chambre on se regarde tous.. Et il n’a fallut que quelques secondes pour qu’on parte en fou rire !
4h se sont écoulées mais c’est bon on est enfin venu à bout du rangement. On n’a pas vu le temps passer, mais en voyant l’heure que la pendule affiche, j’ai le ventre qui se noue. Je sens vraiment nos derniers instants ensemble se réduire. Même si je sais qu’on ne se quitte pas, qu’on se verra tous les jours, rien ne sera comme ces vacances que nous avons passé.
Benjamin a bien vu mon visage changer, il voit toujours tout.
– Si on allait finir la journée au lac ? Comme ça on finit sur une bonne note ces vacances.
– C’est une super idée ça ! répondit Anna.
Le lac n’est pas très loin de chez nous juste quelques rues plus bas. Une fois qu’on a rassemblé serviettes, maillots et bières on s’est mit en route et on s’est très vite retrouvé à se baigner dans le lac.
Le soleil commençait à nous priver de sa belle lumière et c’est à ce moment là que Matt lança le sujet.
– Votre meilleur souvenir de cet été ? Pour moi c’est le jour ou j’ai gagné cette énorme peluche a la fête foraine pour Ma Stecy !
Matt est le petit ami de Stecy qui elle est ma cousine. Il sont ensemble depuis la fin du collège. Stecy est la plus intelligente du groupe. Toujours première dans ce qu’elle fait. A l’école, chez elle, en sport … Partout. Matt, lui, fait partis de l’équipe de basket du lycée avec son frère jumeaux Alex. Il ne se ressemble pas du tout d’ailleurs, beaucoup se demande si ils sont vraiment frère.
Alex enchaîna directement.
-Moi c’est quand Alice a enfin accepter de sortir avec moi après tant de temps ! Ce n’était pas trop tôt.
Alice lui fit les gros yeux.
– Ah bon ? C’est ça ton meilleur souvenir ? Parce que moi le mien c’est le bronzage impeccable que j’ai jusqu’à l’été prochain.
Tout le monde se mit a rire.
Et oui j’en profite pour vous dire que dans mon groupe tout le monde est en couple. Anna avec Jeremy. Stecy avec Matt et depuis peu Alice avec Alex. Il n’y a que Benjamin et moi même qui sommes seuls.
C’est le moment que Jeremy choisit pour répondre.
– Moi c’est nos tatouages en communs ce que j’ai préféré ! On est tous unis maintenant et ça c’est pour la vie.
– C’est vrai que c’était un super moment. Lui répondit Anna.
Stecy acquiesça.
– C’est ce que j’ai préféré aussi.
On a tous regardé nos poignets gauche. On avait décidé de se tatouer un 8. C’est ce qui nous définis le mieux.
– Et toi Carla c’est quoi ton moment préféré ? reprit Stecy
– Moi ? C’est toutes nos soirées passé ensembles ou devrai -je dire toutes ces nuits de débauche ! Et toi Benjamin ?
– C’est d’avoir vu Carla heureuse.
Il me regardait dans les yeux. Je savais que Benjamin m’aimait. Je le savais au plus profond de moi. Mais moi… Je n’ai jamais su ce que je voulais.
Pas mal un petit fond contemporain… mais ça mérite un suite, en effet.
Mince, j’ai loupé le prologue !