J’ai dû lui clouer le bec, c’est sur. Axel s’était rallongé sur le dos. Il ne disait plus rien. Le silence s’était réinstallé entre nous. Mais il n’était pas gênant. Il faisait partie des silences, qu’on aimait. Ceux qu’on savoure.
— Axel ?
— Oui ?
— J’ai besoin de me sentir vivante.
Il ne répondit pas.
— Je ne saurai pas comment te l’expliquer, mais avec toi, j’ai l’impression de vivre.
Je savais qu’il souriait à côté de moi.
— J’ai une idée, me dit-il.
Il se leva, me tendit la main et m’aida à me relever. On s’approcha au plus près, du bord.
Axel se mit à hurler, de toutes ses forces.
— À ton tour.
Je m’exécutai aussitôt. Quand j’eus fini, je me sentais, soulagé, plus légère. Comme ci tout le poids que j’avais dû supporter, tout au long de la journée c’était envolé.
— Alors, tu te sens comment ?
Je tournai la tête vers lui.
— Libre.
Il attrapa ma main.
— À trois.
— Un !
— Deux !
— Trois !
Et tous les deux on s’est mis à hurler, à la ville. On lui hurlait notre colère. On lui hurlait, nos malheurs, nos peines. Nos cris déchiraient la nuit.
On resta quelques minutes debout, à se tenir la main, et regarder droit devant nous.
— On revient ici, dès que tu en as besoin.
Je n’osais pas lui dire que si je m’écoutais, je viendrais ici, hurler, tous les jours.
On est redescendu, jusqu’à la voiture. Même si j’étais plus détendu qu’à l’aller. Je gardais les yeux fermés, et les mains agrippées au siège.
Axel retourna garer sa voiture dans le parking souterrain. Il insista pour me ramener chez moi.
— Voilà, on y est, j’habite ici.
— Ça a l’air tranquille.
— Ça l’est. Merci de m’avoir ramené.
— Pas de soucis. Merci de m’avoir laissé une chance.
Il m’embrassa sur la joue et parti. En ouvrant la porte de chez moi, je me rendis compte que je n’avais aucune envie d’y être. J’attrapais mes, antidépresseurs sur la table de la cuisine et les jeta dans la poubelle. Après tout, je n’en avais plus besoin. J’avais trouvé mieux.
Mon téléphone vibra dans ma poche. On le déverrouillant, je pus voir que Candice m’avait envoyé un message, que j’avais un mail du groupe de victimes, et un message d’Axel.
J’ouvris le message d’Axel en premier.
Axel : N’oublie pas que tu me dois quelque chose.
Eliya : Quoi donc ?
Je passais au message de Candice.
Candice : Salut, Eliya, avec les filles on se demandait comment tu allais. As-tu repris le boulot, est-ce que tu veux qu’on ressorte samedi soir ? Donne de tes nouvelles.
Je ne répondis pas à Candice ça pouvait attendre demain et puis Axel m’avait répondu.
Axel : Tu ne devrais vraiment pas jouer avec moi.
Eliya : Et si j’en avais envie ?
Enfin, j’ouvris le mail du groupe de victimes. Ça me semblait bizarre d’avoir reçu un mail aussi tard. Il avait été envoyé par Maria.
« Re bonsoir tout le monde, je voulais juste vous dire que cette première réunion m’a fait du bien. Même si c’était dur. J’ai apprécié échanger avec vous. J’ai créé une conversation discord, pour qu’on puisse parler tous ensemble, quand bon vous semblera. Je vous mets le lien en copie. J’espère vous y voir bientôt. Maria. »
Super comme ci ça ne suffisait pas, il fallait qu’on soit une conversation tous ensemble maintenant. Je ne savais pas encore si j’irai, mais je ne supprimais pas le mail. On ne sait jamais. J’ai bien changé d’avis, pour la réunion.
Mon téléphone vibra à nouveau.
Axel : Je suis arrivé chez moi.
Eliya : Super, je n’ai plus à m’inquiéter de savoir si l’on va te kidnapper ou non.
Axel : Mdr tu reprends mes répliques maintenant ?
Eliya : Et pourquoi pas Inconnu ?
Axel : Bonne nuit Eliya.
Eliya : Bonne nuit Axel.
La relation prend un tour joyeux, l’amour (même si ce ne sont que les prémices) peut guérir de tout. Etant d’un naturel Bisounours j’aime bien ce passage heureux.
Une très bonne thérapie. Ça serai pas une si mauvaise idée de mettre l’image de la vue de la ville.
Gulp ! J’ai encore peur pour Eliya, car cette dernière sort de sa coquille. Elle a l’opportunité de se refaire une vie sociale avec des gens capables de la comprendre. MAIS la question est : est-ce que Axel permettra cela, ou au contraire, tentera-t-il de faire l’isolation sociale de sa victime ? C’est ce que nous saurons dans les prochains chapitres que je n’ai pas encore lu. Mais que je vais liremaintenant!!! ( mots collés intentionnellement pour montrermonempressement!!! )
Eliya est elle prête pour ça ?
C’est là une question importante en effet.
Je note en post facto que Eliya lui dit « J’ai besoin de me sentir vivante ». Ces paroles sont récupérées plus tard par Axel pour lui-même, afin de rendre sa violence acceptable aux yeux d’Eliya.
Ils ont finalement besoin l’un de l’autre.
Je prend note de ton commentaire. Donc Axel ne serait pas si figé que je le crois ? Je demeure ouvert à cela.