Je me suis laissé emporter, j’ai aimé, toutes ses caresses, ses longs baisers. Ses étreintes, ses doigts qui ont parcouru mon corps. Chaque centimètre du sien. J’ai dessiné chaque ligne de ses tatouages. Notre colère s’est apaisée. L’espace de quelques heures, le temps s’était arrêté. Le temps d’un rêve. Et comme dans chaque rêve, il faut une fin. Le moment de partir est arrivé.
Axel dormait, paisiblement, son visage était détendu, pas un souci ne traînait dessus. Il était 4h du matin. Je n’avais pas fermé l’œil, une seule seconde. De peur que l’un de mes cauchemars gâche ce beau moment. J’ai décidé de rentrer chez moi. Sans le réveiller. Sans rien lui avouer. Gardant mes secrets une nouvelle fois pour moi.
Sur le chemin du retour, j’ai ouvert la conversation discord du groupe. Il y avait plein de notifications non lues. Elles demandaient pratiquement toutes de mes nouvelles. Antoine était encore en ligne.
4h12 : Eliya : Tu ne dors pas ?
4h13 : Antoine : Toi non plus.
4h13 : Eliya : Je suis désolé, pour ce matin. Enfin hier matin techniquement.
4h14 : Antoine : Tu n’as pas à t’excuser. Je suis allé trop loin.
4h15 : Eliya : Désolé quand même. C’est juste que c’était trop d’un coup.
4h15 : Antoine : Je comprends.
4h15 : Eliya : Tu penses à lui ?
4h16 : Antoine : Toutes les secondes.
4h16 : Eliya : Qu’est-ce qu’on va faire ?
4h17 : Antoine : J’ai plein d’idées qui me traversent la tête, tu sais.
4h17 : Eliya : De quels genres ?
4h21 : Antoine : Du genre dont on ne peut pas parler.
4h21 : Eliya : Je vois. Il ne faut pas.
4h22 : Antoine : Je sais… Mais quand même.
4h22 : Eliya : ??????
4h22 : Antoine : Imagine qu’on perd le procès…
4h23 : Eliya : Ça ne se peut pas. C’est inenvisageable.
4h23 : Antoine : Et pourtant…
4h24 : Eliya : Mais il est coupable ! Il a tué trois personnes et en a blessé trois autres. Il était complètement saoul. Il ne peut pas s’en sortir comme ça.
4h25 : Antoine : Et s’il y arrive.
4h25 : Eliya : Alors je t’aiderai.
4h25 : Antoine : A ?
4h25 : Eliya : Le tuer.
Il ne fallait pas plus longtemps, pour lui donner cette réponse. Je le savais déjà depuis longtemps. Depuis le premier jour. Du moment où on nous a dit qu’il était bourré, je l’ai su. S’il s’en sortait, je tuerais ce mec. Je le tuerai, pour que sa dernière image de la vie ce soit moi. Parce que je savais, que la dernière que j’aurai de la mienne ce serait lui.
Je me suis littéralement écroulé, sur mon lit. Je n’avais la force de rien d’autre. J’ai dormi d’un sommeil lourd. Sans rêves.
J’ouvris les yeux à 09h30. Mon réveil sonnait sans s’arrêter. Je le pris pour l’éteindre. Mais la notification affichait « rendez-vous psy 10h30 ». Putain je l’avais complètement oublié celle-là. Je me suis levé précipitamment, je n’étais pas en retard, mais je n’avais pas envie de l’être. J’ai filé sous la douche sans prêter attention, aux autres notifications.
C’est qu’une fois sur le chemin pour aller chez le psy, que je prie le temps de les ouvrir.
Trois appels manqués d’Axel, suivis de trois messages.
Axel : T’es où ?
Axel : Sérieux Eliya !
Axel : Tu ne peux pas me faire ça !
Je ne savais même pas quoi lui répondre. D’autres choses me préoccupaient plus aujourd’hui. Je lui écrivis un mensonge.
Eliya : Désolé, je ne me sentais pas très bien. Je ne voulais pas te réveiller. Rendez-vous médical aujourd’hui. Je t’appelle plus tard.
Sur le groupe discord, c’était plutôt silencieux.
08h07 : Maria : Salut, tout le monde. Courage pour aujourd’hui.
08h15 : Julien : Putain ça me dégoûte !!!!!!!!!!!!!!!
08h22 : Johane : Vous voulez qu’on se voie après le boulot ?
08h34 : Maria : Pourquoi pas…
08h35 : Julien : OK.
09h27 : Antoine : Dire qu’il va respirer l’air frais, dès aujourd’hui…
10h13 : Eliya : Je vous tiens au courant pour ce soir, rendez-vous psy maintenant. Courage à vous.
Je suis arrivé dans la salle d’attente de la psy, cinq minutes avant mon rendez-vous. Je ne pris pas la peine de m’asseoir. De toute manière, je ne voulais pas.
J’entendais de l’autre côté de la porte, la personne s’énervait.
— Écoutez docteur ! Je ne vais pas tenir plus longtemps ! Je n’y arriverai pas c’est trop dur.
— Je comprends très bien, mais comprenez que pour votre bien, il vaut mieux changer de traitement. Vous voyez l’état dans lequel vous êtes ?
— Mais je n’en peux plus de changer de traitement. Puis vous savez pourquoi je suis en colère !
Je reconnus la voix d’Antoine. Je savais ce qu’il ressentait.
— Je le sais. Voulez-vous que je recule mon rendez-vous pour continuer d’en parler ?
— Non ! Ça ne sert à rien ! Au revoir docteur !
Il ouvrit la porte violemment et on tomba nez à nez.
— Salut, lui dis-je.
— Salut !
— Ça va ?
— Oue ! Ça va aller.
— Tu veux m’attendre ?
Je le voyais hésiter. Il bouillonnait. Lui qui d’ordinaire, arrivait à garder son calme.
— OK. Oui, je vais t’attendre. T’es sûr que ça ne te dérange pas ?
— Non, mais calme-toi.
Le docteur, me fit entre dans son bureau. Antoine m’attendait dans la salle d’attente. Et en voyant le regard de madame Zanibi, je savais que la séance n’avait pas été des plus calme.
Maintenant, c’était à mon tour. Et je savais que je risquai d’exploser aussi.
Rien de bon à l’horizon, je pressens OK Corral!
Oui, la tension monte et les p’tits choux perturbés en ont plein les bottes. À cela s’ajoute Axel, l’élément perturbateur de type grand champion.