Du néant au frisson. Chapitre 24.

3 mins

Le docteur me fit m’asseoir sur le petit canapé au fond de son bureau. C’était rare, qu’on s’installe là-bas. Mais peut-être voulait-elle plus d’intimité, sachant qu’Antoine était encore là. 

— Bonjour Eliya. Alors comment c’est passé ta semaine ? 

— Bonjour, et bien, je dirai bien. Dans l’ensemble. 

— Tu es sur ? Raconte-moi comment tu t’es senti en sortant de la séance de lundi dernier.

— En colère. Très même. Et surtout perdue. 

— Pourquoi ? 

— J’avais l’impression d’être trahi. Par vous. 

— Je comprends. Tu as mal vécu le fait que je vous mette au pied du mur, avec Maria ? 

— Oui. Mais finalement, je suis venue. 

— Oui, tu es venue, justement. Comment tu t’es sentie après la réunion de mercredi ?

— Plutôt bien. Maria a même créé un groupe, ou nous sommes tous réunis. Et on est sortis tous ensemble deux fois. 

— C’est bien ça. On peut dire que ça vous a rapproché alors. 

— Oui plutôt. 

La séance se déroulait sans embûche pour le moment. Visiblement, Antoine n’avait pas parlé de l’incident du restaurant. Donc je ne me suis pas sentie, dans l’obligation de lui parler d’Axel. Puis je n’avais pas envie de lui dire : « Au fait docteur, j’ai rencontré un garçon, il aime taper sur les gens, et il va peut-être aller en prison. J’ai couché avec lui cette nuit, et je ne sais pas où j’en suis. Ni ce que j’éprouve. » Non je ne pouvais vraiment pas lui en parler. 

Bien sûr, le moment de parler de la libération de monsieur Collins arriva. 

— Je suppose, enfin je suis même sur, que tu es au courant que monsieur Collins sortira aujourd’hui, à 12h. 

— Je suis au courant oui. Nous ne savions pas l’heure, mais notre avocat nous a envoyé un mail dans la semaine. Nous devons d’ailleurs le voir demain. 

— Très bien. Et comment as-tu pris la chose ? 

— Comment imaginez-vous que je l’ai pris ? Enfin, je veux dire vous venez d’avoir Antoine en séance. Il avait l’air plutôt en colère. Alors comment imaginez-vous que je sois ? 

— Je ne sais pas Eliya. Vous avez tous des manières différentes de réagir. Peut-être ressens-tu de la peur. Ou simplement de l’incompréhension. 

— Je n’ai pas peur. Je suis en colère. Ça me dégoûte de savoir qu’un homme qui a tué trois personnes et blessé trois autres, sortent de prison avant son procès. Même s’il va être surveillé et qu’il n’a pas le droit de sortir du territoire, ça me dégoûte. Je trouve cela injuste. C’était le seul moyen, à mon avis, pour qu’il ressente un peu de culpabilité. Pour qu’il se sente comme nous, en prison. Parce que même si je suis dehors et en vie, je suis prisonnière de son acte. 

— Je vois. Je comprends ta réaction. Elle est tout à fait légitime. Mais j’aimerais que tu essayes de pas trop y penser. Le procès n’est plus pour dans très longtemps. 

— Je me fiche qu’il soit la semaine prochaine, dans deux mois ou un an. Il devrait attendre enfermer. 

— Je comprends, ce que tu essayes de me dire. 

Le docteur commençait à m’agacer avec ces « je comprends ». Je n’en pouvais plus. Je regardai l’heure sur la grosse pendule au-dessus de la porte. Il était 11h23. Je décidai d’écourter le rendez-vous en changeant de sujet. 

— Est-ce que je peux reprendre le boulot ? 

— Je vous ai arrêté pour le mois complet Eliya. Et je pense que vous en avez besoin. Surtout après avoir appris cette nouvelle. Continuez de vous reposer. De sortir. D’avoir un semblant de vie normale. 

— OK. On peut en rester là pour aujourd’hui ? Je commence à être fatigué. 

— Évidement, puis c’est l’heure. Je vous donne rendez-vous lundi prochain à la même heure, ça vous va ?

— Très bien. 

Je me suis levé, sans pouvoir lui laisser le temps d’ajouter quelque chose. 

— Au revoir docteur. 

— Au revoir, Eliya, à mercredi. 

Je claquai sa porte-derrière mois. Comme ci ce geste pouvait me décharger de toute cette colère. 

Antoine était toujours, là. Il m’attendait assis. 

— On y va ? lui dis-je. 

Il se leva et on est sorti de l’immeuble. 

— Ça te dit de boire un verre ? 

— Ce n’est pas un peu trop tôt Eliya ? 

— Aujourd’hui ? Non, mais si tu veux j’ai aussi du café ! 

— Non va pour le verre. 

On se dirigea à pied, jusqu’à chez moi. 

— Antoine, je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter la fin de ta séance… Ça va ?

Il haussa les épaules.

— Je t’ai entendu t’énerver aussi. Donc je suppose que je me sens, comme toi. 

— J’imagine que oui. J’en avais marre d’entendre ses « je comprends ». Elle ne comprend rien. 

— Je pense que si, mais qu’elle n’est pas en mesure de pouvoir nous dire quoi que se soit d’autre. Ça doit être compliqué de suivre les victimes du même accident. 

— Oui, c’est vrai. 

Les paroles d’Antoine me firent réfléchir. On continua de marcher, tout en parlant de ce que l’avocat allait bien pouvoir nous dire demain. 

Quand on est arrivé dans ma résidence, je l’ai vu. Il attendait, adossé contre la baie vitrée du hall. 

Il leva la tête et nos regards se croisèrent. Quand il vit Antoine à côté de moi, ses yeux changèrent de couleur, et je pouvais deviner l’énervement monté en lui. 

Il s’approcha de nous, ignora Antoine. 

— Alors c’est ça ton rendez-vous médical ? 

Et sans attendre la moindre explication, il continua sa route. Sans même se retourner. 

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bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Axel progresse, je m’attendais à un carnage. Bien écrites et décrites ces séances.

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Il a déjà son lot, tu as raison.
Le psy aurait du souci à se faire.

B. Serena
2 années il y a

qu’est ce qu’il est énervant celui là

DeJavel O.
2 années il y a

Axel énervant ? Ouais ! Puissance dix.

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