Axel ne répondit pas au message. Non il préféra venir, directement chez moi. Il ne mit pas longtemps à tambouriner à ma porte.
J’ai titubé jusqu’à la porte d’entrée.
J’ouvris la porte, au moment où il s’apprêtait à lui frapper encore dessus.
Je l’ai laissé entrer, et j’ai rejoint les autres.
— Je vois l’ambiance, dit-il.
Les autres ont arrêté tout ce qu’ils faisaient en le voyant. Plus personne ne riait, plus personne ne dansait. On entendait seulement la musique.
Il s’approcha de mon enceinte Bluetooth, et l’éteignit.
— Vous allez me dire à quoi vous jouez, au juste ?
Antoine, affalé, sur le canapé lui répondit.
— On ne joue pas.
— Alors, expliquez-moi, pourquoi vous êtes tous saouls un lundi soir ?
— On fête quelque chose, répondit Maria.
— Et je peux savoir quoi ?
— La libération d’un connard, lui dit Julien.
Axel se tourna vers moi et m’interrogea du regard. J’essayais de l’éviter.
— Je crois que je vais vomir.
J’ai couru jusque dans la salle de bain. J’ai ouvert la cuvette des toilettes, et j’ai vomi. J’ai vomi tout ce que j’avais bu et bien plus encore. J’ai vomi toute la colère que j’avais en moi, toute cette haine qui me rongeait à ce moment-là.
Axel était là, j’ai senti sa main dans mon dos.
— Ça va aller Eliya. Je suis là.
Je ne lui répondis pas.
Une fois que j’ai eu fini, de vomir mes tripes je me suis relevé. Axel me regardait, d’une manière, nouvelle.
— Garde ta pitié Axel.
Il m’attrapa le bras au moment ou je voulus sortir de la salle de bain.
— Ce n’est pas moi ton ennemi Eliya.
On retourna dans le salon.
Je me rassis, près d’Antoine, et Axel se mit face à nous tout.
— Est-ce que quelqu’un va enfin m’expliquer toute l’histoire ?
— Il y a maintenant neuf mois, il y a eu un gros accident sur l’autoroute. Un accident entre un poids lourd et cinq voitures. Dans cet accident, Johane, Julien et moi-même, on a été blessés très gravement. La mère de Maria, et les deux parents d’Eliya sont morts. Le conducteur du poids lourd était complètement ivre. La police l’a arrêté. Il était en prison. Bien au chaud. Jusqu’à aujourd’hui 12h30. Son avocat a réussi à le faire libérer, avec obligation de rester sur le territoire, jusqu’au procès. Alors tu comprendras bien qu’on a voulu fêter la nouvelle.
Antoine avait tout déballé, dans le calme. Il n’avait pas flanché une seule fois. Il n’avait pas quitté Axel des yeux de tout son discours.
Maria pleurait silencieusement. Johane lui tenait la main, et Julien fixait ses pieds. Plus personne n’osait parler. Surtout pas Axel. Il était planté devant nous. Ses yeux étaient plongés dans les miens. Comme ci, il cherchait une autre explication. Quelque chose de moins tragique.
Antoine s’est levé, pour aller sur la terrasse, et je l’ai suivi.
— Désolé, me dit-il.
— Ne le sois pas, il aurait bien fini par l’apprendre tôt ou tard.
Il alluma une cigarette et m’en tendit une. Julien finit par nous rejoindre.
— On va y aller, Eliya.
Je me suis retourné vers lui.
— Vous êtes sûr de pouvoir rentrer ?
— On a appelé un taxi. Johane a invité Maria à rester avec elle. Elle n’arrête pas de pleurer.
— Je sais, je la comprends.
— Ça finira par être moins douloureux avec le temps.
Il me pressa l’épaule, un geste de compassion.
— Je vais profiter du taxi avec vous si ça ne vous dérange pas, dit Antoine.
— Tu pars ? Tu ne restes pas ?
— Non, il vaut mieux que je rentre, et puis tu as des choses à régler.
J’ai regardé à travers la baie vitrée. Axel n’avait pas bougé. Il fixait un point dans le vide.
— De toute manière, on se voit tous demain chez l’avocat ? Tu seras là ?
— Oui, je viendrai te chercher si tu veux.
Je lui dis oui d’un signe de tête. Le téléphone de Julien sonna, c’était le taxi qui lui annonçait qu’il était en bas.
Antoine m’embrassa sur le front, et ils sont partis.
Me laissant avec Axel et ses questions.
J’apprécie toujours le format, ni trop court ni trop long. Il se passe un truc à chaque épisode, et je suis surpris à chaque fois!
J’ai adoré ceci : « Axel n’avait pas bougé. Il fixait un point dans le vide. »
Axel ne sait pas quoi faire devant ces vannes de sentiments qui sont indestructibles et sur lesquels il n’a aucun pouvoir, alors il reste tétanisé, comme une biche devant les phares d’une voiture, incapable de comprendre ce qui se passe dans la tête des autres, incapable d’accepter que le monde puisse ne pas tourner autour de lui.
Quelle image !
Incapable d’imaginer se sentiments de douleur.
Car il n’a pas d’empathie, c’est ainsi que tu l’as conçu n’est-ce pas ?
Je n’essaie pas de comparer, mais il n’y a pas beaucoup de personnes capables de produire un personnage comme Axel. Il faut une expérience de vie ou une formation spéciale. Enfin, je te jure que je savoure toute cette cohérence ! On en reparle en pv.
Je ne dirai pas empathie c’est un peu plus complexe. Mais tu comprendra au fur et à mesure