Une fois les autres partis, j’ai rejoint Axel dans le salon. Il leva la tête, vers moi.
— Pourquoi tu n’as jamais rien dit ?
— À quoi ça aurait servi ?
— À quoi ça aura servi ? Vraiment Eliya ?
— Oui, vraiment.
— Je t’ai tout dit sur moi. Tu sais absolument tout. Et on avait conclu un pacte !
— Eh ben voila maintenant, tu sais.
J’ai commencé à ramasser tout ce qui traîné sur la table basse. Je voulais éviter d’avoir cette discussion avec lui. L’éviter comme j’avais réussi à le faire depuis le début. Mais je savais qu’il ne laisserait pas passer ça.
— Eliya !
— Quoi ?
— Tu vas me laisser comme ça, comme un con ? Sans plus d’explications ?
J’ai lâché tout ce que j’avais dans les mains.
— Mais tu veux quoi de plus ? Mes parents sont morts Axel. Tu parles à une dépressive. Le soir où je suis venue avec mes amies au restaurant, je n’étais pas sorti depuis des jours. Je ne vais plus au boulot. Je ne voyais personne à part mon psy. Et puis il a fallu que tu me parles. Que tu rentres dans ma putain de vie.
Je n’avais pas réussi à garder mes larmes. Elles envahissaient mon visage, mes sanglots bloquaient mes mots. Je lui avais balancé ces paroles avec tellement de difficulté.
Il s’approcha de moi et me prit dans ses bras.
— Je suis seul Axel. Seule depuis neuf mois. Je n’ai plus de famille.
— Chut. Je suis là maintenant. Je ne partirai pas. Je ne te laisserai pas.
Je le poussais de toutes mes forces, et ma colère éclata.
— TAIS-TOI ! TAIS-TOI Axel tu n’es qu’un menteur ! Bien sûr que si tu me laisseras. Tu vas aller en prison !
Il me reprit dans ses bras et resserra son étreinte, pour que je ne puisse plus bouger. Il ne disait rien, il caressait simplement mes cheveux.
Je pleurai à n’en plus pouvoir m’arrêter.
— Calme-toi Eliya.
On alla s’asseoir sur le canapé.
— Eliya, on va trouver une solution je te le promets. Je ne te laisserai pas toute seule. Puis mon procès n’est pas avant la fin de l’année. On a le temps de trouver une solution.
— Quelles solutions ? Il n’y en a pas.
— Il y a toujours des solutions. Ne pense plus à ça.
Je n’avais plus de force. La journée à boire et rire avec les autres, à être heureux, à ne penser à rien, avait été balayée par les souvenirs du passé. Encore.
J’avais des doutes sur les paroles de Julien « Ça finira par être moins douloureux avec le temps ». J’avais le sentiment, au contraire, que la douleur s’installait définitivement en moi. J’avais mal de l’intérieur. Et je ne pouvais pas montrer cette douleur des doigts. J’avais cette sensation de faire du sur place. Du moins, les jours où il n’était pas là. Quand il était là, la douleur était moins vive. Elle se mettait sur le côté, elle se faisait discrète l’espace de quelques minutes, ou heures.
Je me suis endormi sur le canapé, la tête sur ses genoux. Malgré tous, mes efforts pour faire le vide, les cauchemars étaient quand même au rendez-vous.
« — Vous êtes bien mademoiselle Eliya Ropi ?
— Oui, dites-moi ce qu’il s’est passé.
Un autre officier entra avec un homme menotté, ils passèrent devant moi, et l’homme murmura “je suis désolé” avec un sourire accroché sur son visage.
— Mademoiselle, mademoiselle vous m’écoutez, »
— Eliya ! Eliya je t’en pris réveille toi.
Axel me secouait. Une scène de déjà-vu. J’avais du mal à reprendre mon souffle. Ma gorge me brûlait.
Axel était allé me chercher un verre d’eau.
— Tu veux me raconter ce que c’était ?
— J’ai rêvé de lui. J’ai rêvé du jour où je l’ai vu.
— C’est fini maintenant. Il n’est pas là.
— Il sera toujours là.
Un dialogue on ne peut plus authentique. Bravo!
Il sera toujours là, mais la vie est un long fleuve…
On continue de lire !