J’ai pris deux anxiolytiques avant qu’Axel ne revienne. J’avais pris le soin de mettre la boîte dans mon sac.
J’ai envoyé un message à Antoine sur discord.
10h24 : Eliya : Antoine ?
10h25 : Antoine : Oui ?
10h25 : Eliya : Axel m’emmène quelque part. C’est à une heure d’ici. J’ai peur.
10h26 : Antoine : Ça va aller Eliya.
10h26 : Eliya : Tu es déjà remonté en voiture toi ?
10h26 : Antoine : Oui.
10h27 : Eliya : Évidemment… Hier, vous avez pris un taxi, tous ensemble. Tu n’as pas peur ?
10h28 : Antoine : Honnêtement ? Je suis terrifié à chaque fois. Hier, il y avait l’effet de l’alcool. Mais les autres fois, je me bourre de médoc.
10h29 : Eliya : J’en ai pris aussi. Axel est là, à tout à l’heure ?
10h29 : Antoine : Oui, essaye de profiter.
10h29 : Eliya : J’essaye.
Axel m’avait envoyé un message pour me dire qu’il m’attendait en bas. Je pris une grande inspiration. Mon sac et je suis sorti de l’appartement. En descendant les escaliers, j’ai reçu un nouveau message d’Antoine, il m’avait donné son numéro de téléphone en y ajoutant « au moindre problème, tu appelles ».
J’avais enregistré son numéro de suite et lui avait envoyé un texto.
Eliya : Merci. Eliya.
Axel m’attendait, la porte de la voiture côté passager grande ouverte.
— Si vous voulez bien vous donner la peine, mademoiselle.
Je lui souris, mais je n’arrivais pas à parler. J’étais beaucoup trop stressé. Même si j’étais déjà monté en voiture avec lui, le trajet se voulait beaucoup plus long cette fois-ci.
— Tu es prête ?
— Oui.
On prit la route, dans le plus grand des silences. La radio émettait un faible son.
— Où est-ce qu’on va ?
— C’est une surprise Eliya.
— Axel, j’ai habité ici toute ma vie, plus rien n’est une surprise dans le coin.
— Peut-être, mais savoure le fait, de partir à l’aventure avec moi.
— Bien. Puis — je dans ce cas, faire le tour de ta playlist ?
— Oui, fais-toi plaisir. Il y a de tout.
Je lançai la clé USB, et monta le son. Effectivement, il y avait de tout. Du rap, du métal et surtout beaucoup de minimal. Un artiste revenait souvent « Worakls ».
— Fan de Worakls, lui dis-je ?
— Oui, tu connais ?
— Pas du tout. C’est un chanteur ?
Axel sourit à ma question.
— Pas tellement.
Il lança le titre « Nocturne ».
— Écoute ça va te plaire.
Je me suis laissé aller, emporté par le rythme de la musique. Il n’y avait pas de paroles. C’était juste de la minimal. Douce. Entraînante. Libératrice. J’ai fermé les yeux, tout le reste de la musique. Je ne sais pas si c’était les effets des cachets pris, mais j’avais l’impression de flotter en dehors de mon corps. La musique accentuait cet effet.
— Alors tu aimes bien ?
— Oui, j’aime bien, c’est ta préférée ?
— Non, je l’aime beaucoup. Mais ce n’est pas celle-là ma préférée.
Il attendit la fin, pour changer.
— C’est celle-là.
« Et la pluie tomba » se lança automatiquement. Le début était différent de la première. Elle était beaucoup plus rythmée. Des notes différentes. Puis vers les deux minutes, de la musique, elle changea d’ambiance. Un frisson me parcourut.
Je collai mon front contre la fenêtre de la voiture. Le paysage défilait, au rythme de la musique.
— Pourquoi celle-là ?
Axel prit du temps pour me répondre. Comme ci il cherchait les bons. Ceux qui auraient le meilleur impact.
— Parce qu’avec elle, j’oublie.
Il ne rajouta rien de plus. Et je ne voulais pas gâcher ce moment. Parce que dans le fond il avait raison. L’espace de quelques instants, moi aussi j’avais oublié. Oublié que j’étais coincé dans un tombeau roulant.
Instinctivement, j’ai remis la musique deux autres fois. Elle berçait mes pensées. Et sans que je m’en rende compte, j’ai baissé ma garde, et je me suis laissé emporter dans un sommeil profond.
Ce n’est qu’une fois arrivé à destination, que je sentis Axel, me caresser la joue.
— Eliya. On est arrivé. Il faut que tu te réveilles.
J’ouvris les yeux, face au plus beau des paysages. L’océan.
— On est où ?
— Tu ne reconnais pas ? Je pensais que rien ne pouvait plus te surprendre, dans le coin.
Je le poussai gentiment. Je jetais un coup d’œil autour de nous, et je reconnus de suite.
— Je sais ou nous sommes, je te laissais juste une chance de me le dire.
— Ah oui, et où sommes-nous alors ?
— Biarritz. Je te l’ai dit Axel, j’ai grandi ici. C’est toute ma vie.
— Exact ! C’est bien ça. Promis la prochaine fois j’essaye de te dépayser.
Il prit ma main et on se dirigea sur le plateau de l’Atalaye. De là, on avait une très belle vue de la plage de Biarritz et du port des pêcheurs.
On ne croisa pas grand monde, en même temps nous étions mardi et le temps virait. Le ciel s’assombrissait de plus en plus. L’océan commençait à s’affoler. On commençait à voir des éclairs au loin, s’écraser sur lui.
— Je crois qu’on ne va pas pouvoir y échapper, me dit Axel.
— Oui, le temps tourne vite ici.
— On va se prendre à manger ? J’ai une idée de la ou on pourrait se mettre pour observer l’orage.
On se dépêcha de récupérer à manger aux Halles. On prit chacun une spécialité de Biarritz, une « Taloa ». C’était une galette de maïs, garnie de ventrèche et d’Ossau Iraty.
L’orage, nous surpris à la sortie des halles. Il tombait des cordes.
— Eliya ?
Je me retournai vers Axel, qui regardait la pluie tomber.
— Oui ?
— Tu te sens prête à courir, jusqu’à la voiture ?
Il tourna la tête vers moi, le sourire aux lèvres.
— Euh…
Et sans que je n’aie le temps de répondre quoi que ce soit, il attrapa ma main et me traîna en courant à l’extérieur. Il ouvrit la voiture en vitesse et on se faufila à l’intérieur le plus rapidement possible. On était trempé, comme des soupes. Mes cheveux me collaient dans le cou. J’avais fusionné avec les vêtements que je portais. Axel avait lui aussi ses vêtements collés à lui.
On se regarda et on éclata de rire.
— Si je m’attendais à ça, me dit-il.
— Tu n’avais pas regardé la météo ?
— Je ne suis même pas sûr que la météo aurait pu prévoir ça.
Il se retourna et attrapa deux serviettes, posées sur la banquette arrière.
— À la base, c’était censé être nos nappes de pique-nique, mais bon.
Il m’en donna une que je me mis au-dessus des épaules. Il alluma le contact de la voiture, et tourna le chauffage au maximum.
Au bout de quelques minutes, je commençai à avoir moins froid.
On décida de manger face à l’océan déchaîné. Le spectacle était magnifique. Les vagues montaient haut, s’écraser sur la falaise. Il faisait tellement sombre, que le phare s’alluma, et on le voyait éclairer au loin.
On est resté un moment, à admirer le spectacle. Puis il a fallu repartir. Malgré l’ambiance légère de la journée, je sentais mon stresse, reprendre le contrôle sur le reste.
— Ça va aller ?
Axel me prit la main et la serra fort, dans la sienne.
— Oui… Ce n’est qu’une mauvaise heure à passer.
Il mit la musique. La même qu’a l’allez. Je savais que cette fois-ci, ça ne fonctionnerait pas.
Non. Je ne pourrai pas me détendre.
Il pleuvait beaucoup trop, pour que je n’y pense pas.
oh non bichette
Une petite parenthèse romantique.
Les PN sont des spécialistes de la phase capture.
Super bien fait. Il n’a pas exprimé un seul sentiment, il a juste déroulé un tapis de gentillesses et d’attentions bien ciblées. Je note le petit retard à expliquer son choix de musique parce que ce n’était pas sa musique, mais une musique choisie, il mentait, d’où le retard à répondre. Ouf !