Du néant au frisson. Chapitre 59.

6 mins

Eliya

Axel ne se relevait pas. Il ne bougeait pas. Je sentais mes doigts entrer dans le bras d’Allan, celui-ci avait posé sa main par-dessus la mienne. On retenait tous notre souffle. Des garçons, extérieur au match s’étaient interposés entre Tony et l’arbitre, il le maintenait à distance d’Axel.

– 3

– 2

– 1

– 0

– KO, annonça l’arbitre.

J’ai lâché le bras d’Allan et j’ai couru jusqu’à Axel. La foule acclamait Tony, j’avais l’impression que personne ne se rendait compte de ce qu’il se passait.

Axel avait les yeux fermés, il respirait, mais ne répondait pas. J’ai senti la panique me submerger, je manquais d’air. Je cherchais Allan des yeux. Il était au téléphone, il appelait les secours. J’ai mis Axel en position latérale. Je ne savais pas quoi faire mes mains tremblaient. Je me sentais seule. Comme si une bulle nous cachait du monde.

Tony s’approcha de moi.

– Je te l’avais dit, j’ai gagné, tu veux rentrer avec moi ?

Je me suis relevé, et Allan s’est interposé directement entre lui et moi.

– Tony, prends ton fric et barre-toi, j’ai appelé les secours, ils arrivent ! Casse toi.

Il me lança un dernier sourire, accompagné d’un clin d’œil, et s’en alla.

Les secours arrivaient, j’entendais la sirène au loin, la foule s’est dispersée à une vitesse grand V.

– Ma belle, excuse-moi, mais j’peux pas rester là, Axel comprendra, j’viendrai au plus vite à l’hosto ! Courage.

Et Allan partit à son tour, aussi vite qu’il le put, me laissant là, seule, avec Axel inconscient.

Les pompiers sont arrivés très vite, après ça. Ils ont pris Axel en charge, et une jeune, secouriste s’est occupée de moi, on a été conduit à l’hôpital, le plus proche. Et ils ont emmené Axel sur un brancard.

La jeune secouriste m’a installée sur une chaise, dans la salle d’attente des urgences.

– Vous allez être prise en charge par un médecin, ne vous inquiétez pas. Tout va bien se passer. Bon courage, mademoiselle.

Elle m’adressa un sourire et reparti, je n’avais pas su lui dire quoi que se soit. J’étais carrément en dehors de mon corps. J’avais l’impression d’être à côté de tout.

Je ne savais pas quoi faire, alors j’ai fait la seule chose raisonnable qui m’était venue en tête.

Appeler Antoine. Il décrocha à la deuxième sonnerie.

– Salut, Eliya je pensais justement à toi ça va ?

– Antoine, je suis aux urgences, vient s’il te plaît, au centre hospitalier, ils ont emmené Axel, vient je t’en supplie.

– J’arrive.

Il raccrocha aussitôt. J’ai fermé les yeux, et j’ai commencé à compter dans ma tête.

Antoine est arrivé très vite, il a déboulé dans la salle d’attente des urgences, se ruant sur moi.

– Eliya ! Tu vas bien ?

Je me levai, et il me prit dans ses bras. Son contact était la chose la plus rassurante, que j’avais actuellement. On se rassit.

– Qu’est-ce qui s’est passé, et où est Axel ?

– Il… Je ne sais pas. Ils l’ont emmené. Il a fait un combat, et ça a mal tourné. Il était inconscient…

– Oh, Eliya, je suis désolé, je ne savais pas qu’il continuait.

– C’est une longue histoire, il a besoin d’argent…

Je ne m’étais pas rendu compte que mes larmes roulaient sur mes joues.

– Chuuuut. Calme-toi ça va aller.

Il me prit contre lui, et me berça jusqu’à ce qu’un infirmier m’appelle.

– Tu gardes mes affaires ? Si jamais, on appelle pour Axel, ou pour moi tout est dans mon sac.

Je suivis l’infirmier, dans une autre pièce. Il prit mon nom et mon prénom, enregistra tout sur son ordinateur et se tourna enfin vers moi.

– Je vous écoute. Dites-moi tout.

– Je pense que je suis en état de choc, mon petit ami a été emmené et je ne sais pas où il est.

– Vous êtes l’accompagnatrice du garçon qui s’est battue ?

– Oui.

– Avez-vous été blessé ?

– Non.

– Bien, je vais vérifier, votre tension quand même.

Il souleva la manche de mon pull et me prit la tension. Puis il m’ausculta, comme un médecin le ferait.

– Prenez-vous un traitement particulier en ce moment ?

– Je suis sous anxiolytique et antidépresseur.

– Les avez-vous pris aujourd’hui ?

– Pas encore.

– Bien, je vais transmettre toutes les informations au médecin, je vais vous faire une prise de sang, c’est le protocole.

Il procéda à la prise de sang, j’y étais habituée, je n’en avais plus peur comme quand j’étais petite.

– Bien, tout est bon vous allez pouvoir retourner en salle d’attente. Le médecin vous appellera dès qu’il aura fini avec les autres patients.

– Vous avez des nouvelles du garçon avec qui j’étais ?

– Malheureusement non, mais je peux me renseigner si vous le souhaitez.

– Oui, il s’appelle Axel Pinguant, il a 28 ans.

– D’accord, je vous laisse retourner en salle d’attente, dès que j’en sais plus je reviens vers vous.

J’ai rejoint Antoine qui tenait quelque chose dans ses mains. Et tout me revint, il tenait ma lettre.

Je me suis assise près de lui, et j’ai attendu qu’il parle le premier.

– Ils ont appelé pour Axel.

– Tu as eu des nouvelles ?

– Aucunes, ils voulaient juste savoir si on avait ses papiers d’identité. Je leur ai tout donné.

– Merci.

Il me tendit la lettre.

– Tu peux m’expliquer ?

– Tu l’as lu ?

– Non.

– Pourquoi ?

– Parce que si tu ne me l’as pas encore donné, c’est qu’il y a une bonne raison.

– Je voulais attendre après le procès.

– Je vois. C’est encore d’actualité ?

Je me suis retourné vers lui, les yeux pleins de larmes à nouveau.

– Oui.

– Je crois que je sais ce qu’elle contient…

– Tu ne m’en veux pas ?

– Pourquoi devrais-je t’en vouloir ? Je savais que tu ferais un choix. Mais ce soir, je ferai comme si je ne savais rien. Et je la lirai après le procès comme tu le voulais.

– Merci, Antoine.

– Il n’y a pas de quoi. On a autre chose à penser.

– Je suis tellement désolé de t’embarquer dans une histoire folle encore.

– Ne le sois pas, j’ai décidé d’être proche de toi, et ce n’est pas que pour le côté positif.

Je me blottis contre lui et on attendit.

On a attendu longtemps avant que quelqu’un ne revienne vers nous.

Au bout de deux bonnes heures, un médecin s’est approché de nous.

– Mademoiselle Ropi ?

– Oui, c’est bien moi.

– Je suis le médecin urgentiste, vous pouvez me suivre ?

– Mon ami peut venir avec moi ?

Il le regarda, longuement.

– Oui, il peut vous accompagner.

On suivit le docteur, dans une pièce différente de celle de tout à l’heure.

– Je vous en prie asseyez-vous. J’ai vu que vous étiez la personne arrivée avec monsieur Pinguant. C’est un membre de votre famille ?

– Non… je tournai la tête vers Antoine, qui me fit un signe pour me dire que tout allait bien ? C’est mon petit ami, repris-je.

– Bien, je vois. Il y a de la famille à contacter ?

Je commençais à me raidir sur ma chaise.

– Il ne parle plus à ses parents. Quelque chose de grave est arrivé ?

– Eh bien, nous avons estimé utile de plonger monsieur Pinguant dans un coma artificiel, le temps que son corps guérisse de son traumatisme.

– Comment ça ? Je ne comprends pas.

– Le coup que votre ami a reçu en plein visage a provoqué une hémorragie cérébrale. C’est un petit hématome de sang, formé au niveau des tissus du cerveau. Il n’est pas rare que l’on plonge les personnes victimes d’hémorragie cérébrale en coma artificiel. C’est pour laisser le corps se reposer, le temps que l’hématome se résorbe. La plupart du temps, ça ne dure pas plus d’une semaine. Et nous sommes plutôt confiants. Nous l’avons détecté au scanner rapidement.

– D’accord.

Je n’arrivais pas à sortir d’autre mot de ma bouche. Antoine dut prendre le relais à ma place.

– A-t-il d’autres blessures ?

– Il a le nez cassé, et nous avons trouvé un œdème sur l’un de ses genoux, nous avons fait les examens nécessaires et il a une entorse de niveau 2 du genou gauche.

– C’est grave ? lui demanda Antoine.

– C’est une rupture partielle du ligament latéral interne. L’entorse est de niveau 2, car nous avons trouvé un œdème, lors des radios. Il ne devrait pas y avoir besoin d’opérer. Mais il mettra du temps à remarcher sans douleur. Il lui faudra beaucoup de rééducation à son réveil.

– S’il se réveille, ne pus-je m’empêcher de dire.

– Comme je vous le disais, nous sommes plutôt confiants.

– On pourra le voir ? demanda Antoine.

– Pas avant demain après-midi.

– Nous pouvons rentrer du coup ?

– J’ai reçu les analyses sanguines de mademoiselle Ropi, rien n’indique qu’il y est un problème, alors oui.

– D’accord, merci docteur, lui dit Antoine.

– Cependant, j’ai vu que dans votre dossier, que vous étiez sous traitement antidépresseur, voulez vous que je vous injecte un tranquillisant pour la soirée ?

Je me tournai vers Antoine, comme pour lui demander son avis.

– Prends le Eliya. Je resterai avec toi ce soir, ne t’inquiète pas.

– Oui, je veux bien.

– Bien, je vais le signaler à l’infirmier, je vous laisse retourner en salle d’attente, ça ne prendra pas longtemps.

Ce n’est qu’une fois, rentré chez moi, avec ma dose, comme une droguée que j’ai lâché prise.

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3 Commentaires
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ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

Il fallait bien que ça arrive!
Que de rebondissements, et en plus le procès n’a pas encore eu lieu.
Bravo!

O. DeJavel
2 années il y a

Oh ! Quelle finale. Les choses déboulent et nous les pauvres lecteurs, on est dans les montagnes russes totales !

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