Du néant au frisson. Chapitre 60.

6 mins

Eliya

Il était midi quand j’ai ouvert les yeux le lendemain. J’étais dans mon lit, en pyjama. Soudain, tous les événements de la soirée me revenaient. Le combat, les urgences, l’injection, Antoine.

Je me suis levé, et il était sur la terrasse. Je l’ai rejoint et mon premier réflexe a été d’allumer une cigarette. Je me demandais pourquoi je ne l’avais pas fait plus tôt.

— Ça va mieux ?

— Je ne sais pas trop, je me sens bizarre.

— C’est normal, ils ont dû te donner un tranquillisant fort. Tu dormais presque en montant les escaliers.

— C’est toi qui m’as mis en pyjama du coup ?

— Oui, désolé si ça te gêne, je ne voulais pas te laisser avec tes fringues qui sentaient l’hôpital.

— Tu as bien fait, merci de t’être occupé de moi.

— Tu en fais autant pour moi. Il y a des croissants et de la brioche dans la cuisine. Tu devrais manger un peu.

— Oui, tu veux que je te rapporte quelque chose ?

— Un café je veux bien s’il te plaît.

— Tu n’as pas bien dormi ?

— Pas beaucoup, je me suis beaucoup inquiété. Et j’espère que ça ne te dérange pas, mais j’ai prévenu les autres.

— Tu as bien fait.

J’ai déposé un baiser sur son front et je nous ai préparé des cafés.

En revenant sur la terrasse, une question à laquelle je ne saurai pas répondre, et encore moins Antoine me trottait en tête.

— Tu penses que je dois prévenir ses parents ?

— C’est délicat, tu sais pourquoi il ne leur parle plus ?

— Oui… Et comme tu dis, c’est délicat.

— Si tu veux mon avis, je ne pense pas qu’il aimerait qu’on les prévienne.

— C’est ce que je me disais, mais s’il ne se réveille pas ?

— Ça ne fait pas 24h Eliya, ne perd pas espoir, attendons la fin de semaine, avant d’envisager quoi que se soit. On en saura sûrement plus.

— Comment tu fais, pour être si calme, si réfléchi ?

— J’essaye de me poser les bonnes questions, puis ce n’est pas pareil, je ne porte pas Axel dans mon cœur de la même manière que toi.

C’était vrai, j’étais amoureuse d’Axel, et la situation me faisait perdre le contrôle. J’avais la sensation de me retrouver le jour de l’accident de mes parents. Dire qu’avec tout ça, demain c’était le grand jour, le jour ou cette pourriture aller enfin payer.

Je me suis préparé, pour aller à l’hôpital. Antoine avait appelé un taxi, qui m’avait déposé devant. Lui était reparti chez lui, il avait promis de me rejoindre en fin d’après-midi.

On m’a indiqué la chambre où il se trouvait. Quand je suis entré, je n’ai pas pu m’empêcher de fondre en larme.

Il était allongé, branché à une machine. Le contour de ses yeux était bleu violet. Un gros pansement était posé sur son nez cassé. J’ai attrapé la chaise à côté du lit, pour être le plus près de lui. J’ai pris sa main dans la mienne. Et je n’ai pu retenir mes larmes plus longtemps.

— Axel, je suis tellement désolé. J’aurais dû t’aider, te donner cet argent. Te convaincre de ne pas faire ce combat.

Je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer. J’ai posé la tête sur son bras. Je ne sais pas combien de temps, je suis resté comme ça. Mais mon dos me faisait souffrir, et j’avais les pieds engourdis.

En me levant, j’ai entendu la faible sonnerie d’un portable, ce n’était pas le mien. J’ai fouillé mon sac à main et je suis tombé sur le téléphone d’Axel. Je ne me souvenais plus que je l’avais récupéré et gardé avec moi.

En l’allumant, j’ai vu que son fond d’écran. C’était une photo de moi, près du phare de Biarritz. Je me souvenais de ce moment, j’étais face à l’océan, c’était un peu avant qu’Antoine me rejoigne. Il n’avait sûrement pas osé venir me parler, vu que nous étions en colère ce jour-là.

Avec chance, il n’avait pas mis de code de verrouillage. Il avait reçu des messages de Allan, Kim, et « Elle ».

Allan : Salut mec, j’espère que tout va bien ! que t’es pas trop amoché ! Appelle-moi dès que tu le peux, si t’es pas trop mal j’ai peut-être un truc pour toi ce week-end !

Le message d’Allan me dégoûtait ! Il se fichait de l’était d’Axel, il voulait juste se faire du fric !

Je décidai de lui répondre !

Axel : Salut, Allan, c’est Eliya, la petite amie d’Axel ! C’était juste pour te dire que tu pouvais bien aller te faire foutre avec tes messages et tes soi-disant bons plans ! Axel a été plongé dans le coma suite aux blessures d’hier soir !

Axel : Oh et tu sais quoi t’as intérêt à te procurer le numéro ou l’adresse, ce que tu veux de Tony, que je puisse le remercier à ma manière !

Je sentais la colère bouillir en moi, j’étais peut-être allé trop loin, j’avais peut-être parlé pour Axel trop vite, sans savoir ce qu’il aimerait faire. Mais j’étais sur d’une chose, il n’aurait plus à se battre c’était fini.

J’ai ensuite ouvert le message de Kim.

Kim : Salut mon petit chou à la crème, j’espère que tu vas bien. Jeudi soir, on organise une soirée spéciale, vient avec tes amis, en plus si je me souviens bien leurs procès sera sûrement fini, on fêtera ça tous ensemble. Bisous tout plein mon petit chou !

J’adorai la complicité entre ces deux-là. J’aimai Kim, l’attention qu’elle nous portait sans même nous connaître.

Axel : Salut, Kim, c’est Eliya, je n’ai pas de bonnes nouvelles. Axel a fait un combat de rue hier soir, il est à l’hôpital. Ils l’ont plongé dans un coma artificiel. Tu peux venir le voir si tu le souhaites. Les visites sont autorisées jusqu’à 19h, il est au centre hospitalier d’Orthez. Je t’embrasse, Eliya.

J’avais peur de franchir une limite en ouvrant le message de « Elle ». Je ne savais pas qui c’était, et j’avais peur de tomber sur une ex d’Axel.

J’ai reposé le téléphone sur la petite table de nuit. Et je suis descendu me chercher un café.

En remontant dans la chambre, l’écran du téléphone était éclairé.

Allan : Putain merde c’est archi chaud ! J’suis désolé ! J’vais faire tout ce que j’peux pour te trouver le numéro de Tony !

Allan : Désolé Eliya !

Je n’ai pas répondu. Je ne voulais pas m’énerver encore plus. Je devais rester forte et lucide pour Axel.

Kim avait aussi répondu.

Kim : Oh, ma chérie, je suis désolé, je vais tout faire pour essayer de venir le voir. Je ne te promets rien, j’ai beaucoup de boulot au bar, mais je pense très fort à mon petit chou. Prends mon numéro de téléphone et si on ne se voit pas aujourd’hui, appelle-moi demain après le procès. Courage, ma chérie.

J’ai enregistré son numéro dans mon portable. Je savais que je pourrais lui demander n’importe quoi. Kim était un homme de confiance.

Le message de « Elle » était toujours là. Sur une impulsion, je l’ai ouvert.

Elle : Axel, l’histoire avec ton ex-patron est désormais réglée. Il a bien encaissé le chèque et signé l’accord avec ton père. N’oublie pas que tu as jusqu’à la fin de l’année pour nous rembourser. Après ça, nous n’aurons plus de contact.

Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que « Elle » était sa mère. Je l’ai trouvé ignoble dans son message, et je me disais qu’Antoine avait eu raison, mieux valait ne pas les prévenir tout de suite. Attendre de voir si la situation s’améliorait. Ce qui je l’espérais de tout mon cœur.

Vers 17h, Antoine entra dans la chambre suivie d’une infirmière.

— Je vais vous demander de bien vouloir sortir le temps que je fasse les soins.

— Est-ce que vous savez s’il y a du nouveau ? lui demandais-je.

— Les constantes sont bonnes, demain il passera une IRM, pour voir si l’hémorragie s’est résorbée.

— D’accord, merci.

Nous sommes sortis de la chambre.

— Pas trop fatigué ? me demanda Antoine.

— Ça va, je vais rester encore un peu, puis je rentrerai. Il faut que j’arrive à me poser un peu avant le procès.

— Oui puis de toute manière, mis à part attendre, nous ne pouvons pas faire grand-chose.

— Oui, j’ai lu les messages sur son téléphone, il en avait reçu, notamment un de sa mère.

— Je paris que ce n’était pas un texto de courtoisie ?

— Pas tellement. On a bien fait de ne pas les prévenir pour le moment. Et j’espère qu’on n’aura pas à le faire, parce que je n’ai pas envie de parler à cette femme.

— Ne t’inquiète pas on en saura plus demain.

L’infirmière ressortie de la chambre.

— Voilà pour aujourd’hui, vous pouvez y retourner.

On la remercia et on s’installa tous les deux d’un côté du lit. Antoine restait par amitié, et moi par amour. Nous ne parlions pas. On était à l’affût du moindre mouvement. Même si nous savions qu’il n’y en aurait pas.

À 18h30, on quitta l’hôpital. Il fallait qu’on se prépare pour demain. Antoine proposa de me ramener. Mais je décidais de rentrer à pied, j’avais besoin de prendre l’air, de ne penser à rien.

Une fois chez moi, j’ai avalé mes cachets, je me suis installé à ma terrasse, et j’ai enchaîné les cigarettes. Juste pour me vider la tête.

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5 Commentaires
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ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

Beaucoup d’humanité dans ce cauchemar.
Axel n’a pas été victime de l’accident mais il en a bavé aussi.
Il devrait faire un procès à ses parents.
Antoine est héroïque.

ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

Rejeter le fruit de sa chair devrait être un délit.
Sauf pour un terroriste ou un assassin.
On peut couper les ponts un temps avec ses parents, mais ça ne peut durer éternellement.

O. DeJavel
2 années il y a

Avec une mère comme « Elle » on peut bien devenir colérique !

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