Un regard devant, l’horizon absent,
L’autre derrière, le passé amer.
***
Aventurière perdue dans la brume,
Ta main serrée, dévorée par l’hiver.
Entre tes doigts la dernière lumière,
Retiens ton souffle, chasse l’amertume.
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Toi roi solitaire, esclave des limbes,
L’aveugle et le muet, entravé d’un nimbe,
De serments arrachés aux souvenirs,
D’un amour effacé et souverain.
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Écoutez les chants lancinants des plaines,
Les plaintes du vent sur les flancs des monts,
Les pleurs émanant des nids de silènes,
Fruits des enfants à l’abri des démons.
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Cavaliers errants par-delà les vents.
Exilés enfants d’exilés, hurlants.
Morts vivants, pupilles de sang pleurant,
Nés du sein de la Terre, le mors aux dents.
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Esprits libres domptés mais non brisés.
Corps traqués, affamés, mutilés, tués,
Labourant terre sèche et roche humide,
Hurlant au vent sourd leur ire putride.
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Rage céleste brise l’infini.
Du chaos, le tumulte se révèle.
Tels les fléaux, les vents de l’irréel,
Guidés par la Mort et son infamie.
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La mère s’assoupit dans les champs gris,
L’or masqué de blanc, la steppe endormie.
Serpents au ventre, pensées en brasier,
Souffle sanglant et larmes du berger.
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Jamais des histoires au sort inhumé,
Toujours leurs récits seront débattus,
Car souffles de vent, jadis abattus,
Vivent dans le cœur des graines germées.
***
Vent, source de vie. Vent, fruit de la Mort.
Ô Ciel divin, sens le feu crépitant,
Les larmes amères chatouiller ton corps.
Entends les pleurs de rage des enfants.
***
Hères dans le noir, les âmes perdues,
Chantant la gloire d’une vie passée,
Serrent en mains une quête éperdue,
Masquant d’un voile l’espoir trépassé.
***
Courage et vertu, de vulgaires songes
Effacés sous le monstre cruauté,
Courant, mus par lâcheté et mensonge,
Effarés de l’amère vérité.
***
Une ombre dans le noir, des orbes rouges.
Entends l’appel strident du chant sauvage,
Hurlant dans le vent, sous fer d’esclavage,
Un amour vain aux orbites jalouses.
***
D’un œil vert, l’enfant observe l’ancien,
De larme, voit ce que demain sera.
D’un œil d’or, l’ancien observe l’enfant,
De larme, voit ce que naguère était.
***
Entends-tu, approcher les pieds de buée ?
Le fer brillant sous le feu de la Terre,
Horreurs assoiffées boivent aux artères.
Perçois-tu, la danse folle des nuées ?
***
Au nord, les assauts furieux de la bise,
Au sud, la sombre poisse de l’abîme.
Honore le silence, tue l’angoisse,
Rude dont le souffle têtu trépasse.
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De flots tumultueux harassent la berge,
Habitée d’ombres dansant sous les flammes.
De vie se gorgent, par la vie émerge,
Pensées sombres naviguant sur les lames.
***
Aux limbes infinis, vit un tyran.
Damné sur son char silencieux, souffrant.
Ceint d’un nimbe terni, dieu dévorant
Âmes, cœurs et esprits aux corps dormants.
***
Sons cruels émanent d’âmes damnées.
Leurs rires et leur ire, pleurs et heurts,
Cris, joie, colère, prient le roi tonnerre.
Sous le Ciel, s’enlacent deux âmes lasses.
***
Le crin trace des vagues sur la soie,
Aux sons des instruments et chants de joie,
Aux flammes tissées et éclats d’étoiles,
Les deels volants ondoient dessous le Voile.
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Sous la pluie des cendres de leurs parents,
Les enfants étreints près du feu mourant.
Âmes amputées, esprits égarés,
Abandonnez joies et chagrins passés.
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L’ombre des anciens voile les tribus,
Esprits libres maudissent les captifs
D’un sombre prince des âmes perdues ;
En sacrifice aux souverains rétifs.
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Au milieu des bois morts, trace ta voie.
Dans le désert, jamais ne désespère.
Des corps de cristal, gagne les montagnes.
Défie-toi des esprits de vilénies.
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Larmes asséchées aux vents, rois du temps,
Fondent au manteau givré, peint de sang.
Dans leurs eaux nagent des bras résolus,
Le sel chantant au pouvoir absolu.
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Hurle le cuir, brûlent les souvenirs,
Tombent les larmes et sombrent les âmes,
Des esprits égarés, froids sont leurs crânes.
Du mépris de soi, foi en l’avenir.
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Dans le sein froid du temple d’agonie,
Les cavaliers versent des larmes rouges.
De pain noir se nourrit leur harmonie,
Au sang fumant du ventre de la louve.
***
Jamais plus, jambes pliées, dos fléchi,
Nous ne nous soumettrons, hommes ou dieux.
Une promesse clamée sous les cieux
Et les yeux d’une jeunesse flétrie.
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Grandes vagues rugissantes de fer
Descendent du nid noir, puantes rides.
Contre les rochers déferle la mer,
Un brouillard ocre sous les vents putrides.
***
Aube grise couronne la montagne,
Ses bras flottant sur une mer d’argent.
Libellules chantent pour les amants,
Près du dernier repos de la compagne.
***
Déjà, dans les champs verts, chantent les cors.
L’œil bleu s’éloigne du rivage mort,
Répondant à l’appel des cavaliers,
Début d’une nouvelle chevauchée.
***
Mon combat n’aura de fin que la mort.
Illustration par Angèle Pividori (val_angele_pivi)
Je cherchais de la poésie bien écrite et je finis par tomber ici… J’en aurai au moins trouvé un.
Merci pour ce partage.